C’est une grande première pour CD Projekt Red et la série The Witcher: des extensions payantes ont fait leur apparition pour prolonger les aventures de notre saillant sorceleur Geralt de Riv, alias le boucher de Blaviken (n’hésitez pas à lire les œuvres d’Andrzej Sapkowski). Vous le savez peut-être, j’ai une affection toute particulière pour les DLC et je mets un point d’honneur à différencier les extensions des DLC. Avec Hearts of Stone, on a bel et bien affaire à une vraie extension, et le pire, c’est que le développeur polonais se sentirait presque coupable de faire payer 10€ cet ajout qui, si l’on réfléchit en valeurs actuelles dans le monde magique de l’enmanchage vidéoludique des jeux en kit, devrait valoir 25€. Car oui, autant lever le voile sur le mystère d’emblée: cette extension, elle est bien et elle mérite que vous vous y penchiez.
Tout ça a commencé avec un énième contrat
Et quel contrat! Des jeunes filles un poil naïves vont depuis quelques temps dans les égouts d’Oxenfurt pour tenter d’embrasser un crapaud qui serait censé se transformer en prince charmant à ce contact labial. Evidemment, aucune n’est reparue, et en particulier la servante du sieur Olgierd von Everec, que ce-dernier souhaiterait donc retrouver. Le contrat que vous acceptez est celui de ce personnage bien étrange, nimbé de mystère. Il est, comme d’habitude, hors de question de vous spoiler le scénario de Hearts of Stone qui est une fois de plus un petit bijou. Oui, le jeu de rôle a de beaux jours devant lui, et notamment grâce à des écrivains comme les scénaristes de CD Projekt Red mais aussi, bien sûr, comme Andrzej Sapkowski.
Tout ce que je peux vous dire pour piquer peut-être encore plus votre intérêt, c’est que le titre – Hearts of Stone, soit Cœurs de Pierre dans la langue de Renaud (oui parce que bon Molière, il a suffisamment accaparé cette expression – trouvera toute sa justification au cours de l’aventure. J’ai véritablement beaucoup apprécié son déroulement ainsi que sa mise en scène. Tout ce qui gravite autour d’Olgierd von Everec, en particulier, est animé d’une poésie à la fois sordide et magnifique. Il y a en plus une certaine touche d’humour, vous pouvez le remarquer avec cette histoire de crapeau – et d’ailleurs vous n’êtes pas au bout de vos surprises – et celle-ci est, comme d’habitude, fortement bien dosée.
Le monde oriental à l’honneur
Il y a, je trouve, un problème assez récurrent dans les jeux vidéos au niveau des thèmes et des cultures. Souvent, on est censé être dans un monde fantastique complètement différent de celui dans lequel on vit, on est bien d’accord? A moins bien sûr qu’on ne parle ici d’Urban Fantasy. Bon, à priori, on n’est pas prêts de voir arriver les gratte-ciels dans le contexte des sorceleurs, ce qui signifie donc qu’on est dans un univers radicalement différent. Certes, l’inspiration est dans ces cas-là bien souvent médiéval fantastique à caractère européen, fatalement, mais j’aimerais que l’émancipation de notre sphère de réalité soit poussée. Par exemple, le fait que, dans Diablo III, les sorciers viennent de Xiansai (qui au passage signifie “présent” en chinois) et que leur apparence soit fortement asiatisée, même chose pour les Féticheurs, me gêne. Je trouve ça formidable de vouloir créer plusieurs cultures dans un monde fantasy, mais autant que tout reste fantasy! Des rappels si importants à notre propre univers, je trouve, nous ramène à la réalité, et je n’en ai pas envie quand je joue.
Pourquoi vous dis-je cela? Et bien parce que Hearts of Stone met sur le devant de la scène la culture orientale et que ça me ramène un peu à la réalité. Pourquoi un peu? Parce que c’est quand même bien fait. Un autre problème inhérent à l’emprûnt d’une bonne vieille culture humaine, c’est que c’est souvent fait assez peu habilement. Or là, je trouve que le rendu oriental a été fort bien mené et bien adapté à l’univers The Witcher, suffisamment pour que l’on ne ressente pas trop cette impulsion de notre propre monde. Les personnages sont vraiment bien représentés et leurs apparats sont vraiment classes. Bien joué CD Projekt Red.
Vous avez dit “encore plus de contenu”?
Comme je le disais en intro, 10€, c’est aujourd’hui peu cher payé pour profiter de ce que vous propose cette extension. En effet, vous vous retrouvez avec une nouvelle aventure comptant une dizaine d’heures – bien entendu, ce chiffre grandi si vous êtes au taquet sur le fait de tout faire de fond en comble, ce qui est mon cas. Quel plaisir, au passage, de retrouver l’ordre de la Rose Ardente (si vous ne savez pas ce que c’est, il est temps de vous attaquer à la Kronik Previousment dédiée au sujet) tout droit venue de The Witcher premier du nom, de même que la guérisseuse Shani. Les références sont d’ailleurs bien senties et vraiment agrébales.
Mais ce n’est pas tout, il y aura fort à faire. Notamment de nouveaux camps à nettoyer, un nouvel artisan: l’enchanteur, etc… Au sujet de ce dernier: il vous permet de booster votre équipement mais autant être honnête, ce n’est ni folichon ni indispensable. Ce qu’on apprécie beaucoup par contre, c’est un réhaussement de la difficulté, ce qui est quand même franchement cool quand on voit comment on roulait sur les ennemis auparavant, même en mode Marche de la Mort. En plus de ça, de nouveaux plans d’artisanat font bien sûr leur apparition et notamment un nouveau set: celui de la vipère, qui devient le plus puissant du jeu, supplantant celui de l’Ecole du Loup de Maître. En plus, il a la classe. Je vous proposerai très prochainement un guide complet pour fabriquer celui-ci.
Pour que vous le sachiez: cette extension est destinée aux joueurs de niveau 30 minimum. Le studio polonais a bien pensé les choses puisque vous pouvez tout-à-fait prendre un Geralt version niveau 30 d’office pour pouvoir en profiter, fougueux et impatient que vous êtes! L’histoire, qui vous emmènera à la rencontre d’un certain De Meuré (oui oui), appelé aussi Maître Miroir, ne se recoupe pa avec l’intrigue principale de The Witcher 3. Certains pourraient trouver ça dommage, mais je trouve qu’il n’y a pas grand-chose à dire de plus sur le scénario déjà bien complet de cet opus avant l’arrivée d’un Witcher 4, point positif pour ma part, donc.
En attendant Blood and Wine
Cette première extension frappe juste et c’est bien là tout ce qu’on lui demande. L’arrivée du monde oriental est savamment dosé et j’ai beaucoup aimé ce supplément de beauté au monde de The Witcher. Pour 10€, c’est clairement un joli petit cadeau à se faire avant Noël. Au minimum 10 heures d’aventures s’ajoutent au jeu de base, déjà colossal, la difficulté est ajustée, des bouts de carte s’ajoutent, un nouveau set d’armure qui défonce… On est dans du tout bon en attendant l’arrivée de Blood and Wine, la deuxième extension qui promet le double de durée de vie de ce Hearts of Stone. Saupoudrez le tout d’un scénario poétique, beau, touchant, sordide et ténébreux, et vous avez quelque chose dont vous pouvez profiter pleinement.
[Points Positifs]
- Du beau contenu pour 10€
- Une vraie durée de vie d’extension
- De nouveaux équipements
- Un nouvel artisan
- Une superbe histoire
- Le monde oriental à l’honneur
- Le retour de Shani et de l’Ordre de la Rose Ardente!
[Points Négatifs]
- Pour chipoter: l’inspiration du monde oriental, trop proche de notre univers “réel”
- Après tout, je ne vais pas en inventer
GoCleCd.fr, notre partenaire, vous propose non seulement Hearts of Stone (pour 6€ bordel!) mais aussi le jeu de base Witcher 3.
putin franchement meme 25€ ça serais pas choquant, de véritables passionnés ces gars…