Ah, Far Cry… que de bons souvenirs à casser du mutant et du méchant pas beau bien humain sur une île paradisiaque. C’était en 2004, et les choses ont bien changé depuis, la préhistoire ayant décidé de se frayer un chemin jusqu’à nous via Far Cry Primal en 2016, 12 ans après le premier épisode développé par Crytek et édité par Ubisoft. Depuis le deuxième volet, c’est Ubisoft Montréal qui est en charge du développement, et on peut le dire : ça se passe très bien… depuis Far Cry 3, qui proposait un ennemi aussi charismatique que cinglé, pour une aventure impressionnante. Le problème qui se pose depuis lors, c’est que tonton Ubi a tendance à se reposer sur ses lauriers (qu’il a mérités, au demeurant) et à ne plus sortir des sentiers battus. La grosse originalité qu’on nous a beaucoup vendu pour ce Far Cry Primal, c’est son contexte de l’Âge de Pierre… pari réussi ?
Le fantasme de la peau de bête
Reboutonnez-vous immédiatement, je ne parle pas de celle tapie au coin du feu mais de la vraie, celle qui est encore souillée de sang pas tout à fait séché et qui fleure bon le mammouth. Notre héros, Takkar, vit une époque de troubles, vers -10 000. Pour que vous vous le représentiez bien, c’était il y a tellement longtemps qu’Internet et les intellectuels comme Matthieu Delormeau n’existaient pas encore. La nature était sauvage et indomptée, dominant le monde à perte de vue. Si Ubisoft a déjà fait ses preuves du côté de l’implémentation d’une vie sauvage, le défi est ici corsé puisque l’on parle d’une époque ou celle-ci régnait en maître et, pour que le dépaysement et l’immersion soient absolus, il faut que cette atmosphère particulière soit rendue avec beaucoup de talent. La bonne nouvelle, c’est que Far Cry Primal remplit ici largement ses promesses. Les paysages sont magnifiques et effectivement très naturels. De grandes forêts s’étendent à perte de vue, parsemées de cours d’eau, de parois rocheuses, de grottes… D’autant qu’il existe plusieurs zones avec chacune son identité graphique propre. Par exemple, si vous voyagez vers le sud, vous vous retrouverez sur des steppes arides où l’herbe a visiblement brûlé sous le soleil. Tandis qu’au nord, les plaines enneigées, menaçant de vous tuer rapidement si vous ne portez pas de vêtements chauds (qu’il vous faudra bien entendu fabriquer), occupent une bonne partie des terres. Sur la version que nous avons pu tester, sur PlayStation 4, le travail sur les graphismes est impressionnant. Tout le côté visuel n’en est bien sûr que plus alléchant. Je n’ai pas remarqué de défaut particulier d’aliasing mais on peut parfois observer un clipping certes pas extrêmement gênant mais bien présent. On regrette toutefois un bug récurrent et absolument rédhibitoire qui consiste à pouvoir passer sous la map en se mettant à un endroit que, visiblement, les développeurs n’avaient pas prévu. Et quand je vous dit ça, n’allez pas imaginer que j’ai tryhard pour trouver LE spot relou, coincé entre un cul de mammouth et un totem d’os. Non, j’ai dû redémarrer le jeu alors que je ramassai un loot dans le coin d’un grotte par exemple. Oui, dans ces cas-là, vous ne pouvez que redémarrer, ce qui est un tout petit peu chiant quand vous explorez une grotte puisque ça vous ramène à son entrée.
Pour en revenir à la vie sauvage, Ubisoft a réalisé un écosystème qui fonctionne bien. Il y a des bêtes partout, ça vit, ça se fritte, ça se déchire la gorge… Du plus petit tapir jusqu’au tigre aux dents de sabre, vous aurez à vous frotter (range-moi ça, c’est une expression) à des bêtes plus ou moins menaçantes afin de devenir le Maître des Bêtes. C’est en effet le titre que vos congénères vous donnent après que vous ayez bu du sang dans un crâne et ayez eu une vision dans laquelle vous poursuiviez une chouette dorée. Je tiens à vous préciser que je n’ai pas pris de LSD pour raconter cette histoire, je ne peux en revanche rien garantir pour les développeurs. Plus sérieusement, il y a toujours un côté mystique dans Far Cry. Je viens de vous expliquer rapidement celui de Primal et je vous laisse le soin de découvrir le reste. En résumé, après cette étrange vision, vous avez la possibilité d’apprivoiser la plupart des prédateurs de votre monde post-ère glacière. Chacun vous donnera un bonus particulier en se battant à vos côtés (faire fuir les ennemis environnant, révéler plus de carte autour de vous…), ce qui vous encouragera à changer de compagnon poilu en fonction des situations. Plus d’une dizaine d’animaux sont ainsi capturables, de même que des bêtes particulièrement coriaces qui seront l’objet de missions du jeu. A noter que vous pourrez même en monter certaines (range, j’ai dit). Un élément sympa, mais pas indispensable, qui vous permet de certes de parcourir la map plus rapidement (et encore, on a le voyage rapide entre avant-postes) mais dont les apports au combat sont, au mieux, anecdotiques. Pour le reste, l’histoire est franchement basique : vous incarnez Takkar, fier guerrier poilu à la virilité surdéveloppée, et vous faites partie de la tribu Wenja. Bien sûr, il y a des vilains tout plein à dégommer sur la Terre d’Oros (lieu de l’action) et vous devrez… les dégommer. On a été plus surpris côté scénario par le passé.
Casser culs méchants
Derrière cette poésie un brin agrammaticale se cache une admiration pour le langage des hommes et femmes préhistoriques de Far Cry Primal. Ubisoft a apparemment créé un langage de toute pièce et, pour être franc, ça s’entend et on remarque même la récurrence de certains termes, ce qui laisse penser que tout n’a effectivement pas été laissé au hasard. En revanche, pourquoi les sous-titrer comme s’ils étaient des demeurés ? On comprend déjà que leur langue est lointaine, pas besoin d’en faire autant pour leur cerveau. En effet, au fil du jeu, TOUS les personnages seront traduits par des phrases de petits sauvages des temps anciens, alors que le principe d’une traduction, c’est de présenter une version qui fait sens pour son lecteur, non ? Je comprends bien l’idée de renforcer ce côté “sauvage” de l’aube des temps, découvrant à peine le langage, mais bon y’a des limites… Bon, vous me direz, ce n’est pas très grave, et vous aurez raison. Une fois qu’on commencer à leur planter des lances où je pense, c’est nettement moins agaçant puisque cela fait office de vengeance.
Parlons peu, parlons gameplay. Far Cry Primal ne révolutionne rien mais fait les choses bien. En lieu et place de nos bons vieux fusils automatiques, on trouve désormais des gourdins et des lances. Seule constance : l’arc. Enfin seule… pas tellement puisqu’on retrouve également des grenades. Oui oui, vous avez bien lu. La différence est que cette fois-ci, ce sont des sacs de peau qui explosent ou, plus original, qui lâchent une nuée d’abeilles sur vos ennemis. Je suis un peu déçu de retrouver ce genre de choses de un jeu au contexte préhistorique. Au final, on sent que les développeurs ont cherché une équivalence pour les objets modernes, et si dans une certaine mesure c’est justifiable (armes de contact, à distance…), on se lasse rapidement de voir trop de références qui nuisent au dépaysement. D’autant qu’on pourrait franchement se passer de ces engins surpuissants pour boucler une aventure au défi pas forcément relevé. Je vous suggère d’ailleurs de commencer immédiatement en mode difficile. Pour en revenir aux armes, leur feeling est sympa et elles font le travail. Ce qu’on apprécie particulièrement est, comme d’habitude, la possibilité de passer par l’artisanat pour les améliorer, ce qui change non seulement leurs attributs mais aussi leur look. La plupart du temps, on utilise surtout l’arc pour placer quelques headshots avant de switcher sur la lance que l’on envoie se ficher dans le crâne des ennemis (toutes les armes sont utilisables à distance, une caractéristique très pratique et réaliste).
Tant qu’on est sur l’artisanat, autant s’y attarder un peu. Ubisoft a développé une vraie expérience au fil des ans en ce qui concerne l’aspect fabrication et amélioration. Ainsi, vous pourrez tout améliorer. Votre équipement se verra étoffé au fur et à mesure de l’aventure (notamment par les “grenades”), développant vos possibilités sur le terrain. Le gourpin en est un bon exemple. Bon, j’avoue, ça ne s’appelle pas comme ça, j’ai juste fait un mot-valise entre gourdin et grappin. Impressionné(e) ? Je m’en doutais. Ingrat que vous êtes. Vous pourrez également obtenir des vêtements chauds, parce que se balader à poil ça va bien deux secondes, et surtout parce que quand un mammouth vous prend en chasse, c’est toujours mieux de pas avoir les baloches qui traînent près de ses défenses. La chasse fait d’ailleurs partie de vos devoirs si vous voulez améliorer votre village et votre équipement, mais aussi le ramassage de roches et de bois. Pourquoi améliorer votre village? Pour augmenter sa population et ainsi la suprématie Wenja ! Non, je déconne, ça on s’en fout. Cela vous autorise surtout à avoir de nouvelles améliorations disponibles ainsi que des missions. Indispensable. Plusieurs alliés se joindront ainsi à votre cause et chacun étoffera votre arbre de talent. De ce côté-là, Ubisoft a aussi fait du bon travail en vous proposant une fois de plus quelque chose de très complet. Les améliorations sont nombreuses et vous permettent de devenir le véritable Maître des Bêtes que tout le monde a l’air de fantasmer.
“Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde.”
En apprivoisant des bêtes, vous vous dotez d’alliés puissants pour aller combattre les tribus ennemies. C’est surtout vrai car les adversaires, ces cons, vont imaginer que ce n’est qu’une bête sauvage lorsqu’il ne vous ont pas déjà repéré. Ceci facilité grandement la prise d’un camp sans que qui que ce soit ne fasse sonner l’alarme. Vous pouvez par exemple envoyer votre fauve à l’entrée du camp et vous faufiler pendant ce temps par derrière pour poignarder les guerriers apeurés les uns après les autres. Solid Snake ne ferait pas mieux. En parlant des fameux camps, on n’a ici aucune surprise. La map est certes conséquente mais consiste principalement en une série de camps à libérer les uns après les autres pour les faire tomber sous influence Wenja. Y aller en douce ou tenter une approche frontale en mode gros bourrin, vous êtes seul maître. C’est sympathique tout ça, mais ça ne brille malheureusement pas pour son originalité, un petit peu à l’image du reste du titre. Si on ressent plus que jamais le besoin de faire de l’artisanat et de chasser, ces activités n’en restent pas moins habituelle pour la série et… j’ose le dire, trop présentes. Le fait de devoir s’arrêter à chaque instant pour ramasser toutes les brindilles sur son chemin afin de refaire notre stock de flèches est un brin gavant à la longue, en plus de casser le rythme. Votre village vous apporte chaque jour des ressources mais c’est loin d’être suffisant pour subvenir à vos besoins. Pour en revenir aux camps, on aurait souhaité qu’un vent de fraîcheur souffle sur tout ça et qu’il ne se limite pas à la période de l’histoire choisie.
Toujours au niveau gameplay, il serait temps d’inclure une touche d’esquive. Non parce que quand on affronte un putain de lion des caves grand comme ma <insérer vulgarité ici> qui nous fonce dessus, on n’a pas tellement d’autre choix que d’attendre de se prendre un coup de patte griffue dans la tronche. En résulte un moment ridicule pendant lequel on cours comme un dératé un mangeant de la viande pour se régénérer. Je vous laisse imaginer la scène. N’oubliez pas que Takkar ne porte pas beaucoup de vêtements, surtout. Une esquive permettrait en tout cas de rendre les combats plus dynamiques sans pour autant trop les faciliter, puisque ledit coup de patte vous enlève quasiment toute votre vie, sachez-le. Si on s’éloigne un peu de la vie sauvage pour aller massacrer de la tribu ennemie, on regrette une IA parfois franchement débile et la plupart du temps très passive. Les cons-magnons vous regardent, hébétés, et vous balancent lances et flèches en sortant périodiquement de leur cachette… quand ils prennent la peine de se planquer. J’ai par exemple fait l’expérience de trois jumeaux partageant visiblement le même cerveau (il est aujourd’hui possible d’introduire une bonne variété de visages, il est dommage que Far Cry Primal n’en profite pas au passage) qui me regardaient et semblaient faire un problème insoluble de ma position derrière un rocher aussi petit que ma <insérer vulgarité ici>. Ils ne tiraient pas, ils attendaient simplement que je les soulage de leurs vies apparemment passées à regarder les mouches. Trois flèches plus tard, je me dis que c’était quand même un peu dommage qu’Ubisoft, qui fait du très bon travail sur The Division, avec des ennemis ayant des stratégies adaptatives, vous contournant en permanence, n’en fasse pas profiter Primal.
Classicisme primaire
Ne vous méprenez pas : Far Cry Primal est un jeu sympathique, proposant en plus une durée de vie excellente pour un jeu de sa catégorie (FPS). On apprécie franchement l’atmosphère préhistorique, les graphismes sublimes et la direction artistique qui l’est tout autant. La vie sauvage est plus présente que jamais et on se sent véritablement comme l’homo sapiens devant une nature qu’il doit encore apprendre à connaître. Les compagnons tout en poils sont un élément de gameplay intéressant et qui en plus ont le luxe de pouvoir se débrouiller par eux-mêmes, sans qu’on ait à les gérer en permanence mais à qui on peut tout de même donner des ordres. Le titre d’Ubisoft est bon, mais malheureusement trop classique et peine à renouveler la licence. L’artisanat, l’arbre des talents, les camps à conquérir… tout est présent mais manque de prise de risque, un problème latent ces dernières années chez le studio français, qui préfère la sécurité financière au parti pris artistique. Far Cry Primal nous fait passer un bon moment mais aurait pu être tellement plus en nous surprenant. Le feeling est là et vous vous amuserez, je vous le garantis, surtout si vous n’êtes pas familiers de la série. Prenez ce jeu pour ce qu’il est et profitez-en, mais je vous suggère d’attendre la sortie PC pour payer moins cher, notamment grâce à notre partenaire GoCleCd.fr.
[Points Positifs]
- Le contexte
- Durée de vie excellente
- Graphismes et direction artistique superbes
- L’artisanat et l’arbre de talents bien développés et en cohérence avec le contexte
- Les familiers, chacun avec ses bonus propres
[Points Négatifs]
- Scénario peu intéressant et calqué sur les précédents opus
- Aucune prise de risque dans le gameplay, dommage
- Une IA un peu à la masse, parfois complètement à l’ouest
- Le bug du passage sous la map, qui sera indubitablement corrigé sous peu mais qui est pour le moment très irritant
Far Cry Primal sort demain sur Xbox One et PS4 avant d’atterrir sur PC le 1er mars. Notre partenaire GoCleCd.fr le propose déjà à la vente.
N’oubliez pas que je vous retrouve ce soir de 20h à 22h sur la WebTV War Legend afin de vous faire découvrir le jeu en avant-première, soyez au rendez-vous !
jpense que je le lirais en plusieurs fois^^ mais la première moiter est plutôt bonne ;)
Merci pour le test, je pense me laisser tenter :)
"Une IA un peu à la masse, parfois complètement à l’ouest" Ayant matté le stream, j’ai une question : Ils sont drogués avec quoi ? :D
merci pour le test ;)
" Scénario peu intéressant et calqué sur les précédents opus " Erf.. A ce point là ?
<a href="http://www.warlegend.net/members/sludeina/" rel="nofollow">@sludeina</a> ben c’est du très classique quoi. Tribu ennemie, méchant, mysticisme. Voili voilou
Personnellement je l’essayerai bien juste pour voir la faune et la flore présente dans le jeu et ce qui pourrait en ressortir ^^
Autant mes premières 6h de jeu étaient sympas, autant là mnt je suis gavé, j’ai l’impression d’avoir fait le tour. Très bonne première impression, relativement déçu du reste…
Pas faut les commentaires, il est vrai que je ne l’ai pas encore terminé. Certaines grottes sont vraiment des casses têtes et souvent énervante. Ça reste un jeu plaisant mais pas le meilleur opus.