Il y a quelques mois, on apprenait le fameux Kojima-Gate qui voyait le célèbre créateur japonais et son équipe évincés comme des malpropres. Jusqu’ici, pas vraiment d’informations, mais depuis quelques jours, les choses commencent à se décanter et on en apprend un peu plus sur les pratiques de Konami de manière générale. Ainsi, il est fortement probable que Kojima Productions ait été la victime d’un conditionnement orwellien. Pire, ce sont tous les employés de Konami qui seraient ainsi touchés.
C’est le journal économique japonais Nikkei qui a révélé cette sombre histoire, et une chose est sûre, Konami s’enfonce chaque jour de plus en plus dans le trou qu’il a lui-même commencé à creuser. Apparemment, tout a commencé en 2010 lorsque Konami a édité un jeu mobile appelé Dragon Collection et qui a littéralement fait fureur. Il s’agissait en effet d’un jeu social pour lequel les coûts de développement ont été très faible pour une rentabilité absolument monstrueuse considérant sa popularité. Forcément, à côté du reporté et très coûteux Metal Gear Solid V (80 millions de dollars de développement), le choix a été vite fait. Les têtes pensantes (quoi qu’aux vues des pratiques dont je vais vous parler, il y a de quoi émettre un doute) de Konami ont donc bien rapidement décidé de centrer leur production jeu vidéo sur le mobile et non-plus vers les consoles. Il est, de plus, intéressant de mentionner qu’au Japon le jeu mobile a explosé et il n’est donc pas spécialement surprenant que Konami s’en rende compte et décide de passer du côté obscur de la force.
Ce qui est en revanche très surprenant et même inquiétant, ce sont les pratiques de Konami concernant ses employés et surtout la façon dont la firme les traite. Pour ceux d’entre-vous qui ont lu 1984, on peut y voir une triste concrétisation de la réalité. Le report de MGSV et la demande d’octroiement d’un supplément de budget ayant coincidés avec le succès de Dragon Collection, il est aisément déductible de savoir quel a été le nerf de la guerre entre Kojima et Konami et ce qui a conduit à la situation actuelle.
Le site Kotaku a proposé une traduction de ce qu’a révélé le journal Nikkei, véritable institution au Japon dans le domaine économique. WarLegend.net vous suggère la version française que vous avons assemblée pour vous:
- Kojima Productions, le studio derrière le prochain Metal Gear Solid (et depuis longtemps célèbre en tant que marque à part entière), est maintenant simplement appelé “Département de Production Numéro 8”. Les ordinateurs de cette section, selon Nikkei, ne sont supposément pas connectés à Internet et ont simplement la capacité d’envoyer des messages internes.
- Nikkei rapporte que les employés quittant les bureaux de la société pendant leur pause déjeuner voient leurs absences contrôlées au moyen de cartes de pointage. Les noms de ceux qui sortent trop longtemps sont diffusés à travers la compagnie.
- Il y a des caméras dans les couloirs des bureaux qui ne sont pas là tant pour la sécurité mais plutôt pour surveiller les allées et venues des employés de Konami eux-mêmes.
- La majeure partie des employés de Konami n’ont pas leur propre adresse e-mail professionnelle permanente. Le personnel qui doit communiquer avec des gens en-dehors de la société, comme par exemple celui du département marketing ou relations publiques, en a une; cependant, en-dehors de ça, tout le monde récupère une nouvelle adresse e-mail attribuée de façon aléatoires de façon régulière, à quelques mois d’intervalle. (Kotaku précise que les e-mails des employés de Konami consistent en une série de quelques lettres suivies par une ribambelle de chiffres et que cette histoire de changement d’e-mail dure depuis des années. Un employé de Konami aurait confié à Kotaku il y a quelque temps que cette pratique était destinée à éviter le recrutement du personnel de la compagnie par d’autres entreprises. Le site mentionne toutefois qu’au fil des ans, il a vu des développeurs avec leur propre adresse e-mail professionnelle au nom de Konami, mais que ce n’est peut-être plus le cas depuis peu.).
- Les développeurs de jeux Konami qui ne sont pas perçus comme utiles à la société sont réassignés à des jobs de garde de sécurité, personnel d’entretien dans les clubs de gym de la firme ou dans une usine de Pachinkos (machines à sous japonaises). Ceci concerne la totalité du personnel de Konami, de l’employé de bureau au producteur ayant travaillé sur de gros titres. Ceci tendrait à confirmer les propos recueillis par l’un des plus importants journaux japonais, Asahi News. Un ancien membre du personnel de Konami avait prétendument été délogé de son ancien poste au sein d’une équipe de développement pour être réaffecté dans une usine de Pachinkos, ce qui ui avait valu, et on peut le comprendre, une grave dépression.
- Un employé a un jour démissionné de chez Konami et a posté sur Facebook qu’il quittait ladite entreprise pour un nouveau travail. Konami a suivi de près son post et, selon Nikkei, tous ses employés ayant liké le post ont subi le rituel de la réaffectation.
Tout ceci peut vous sembler invraisemblable, mais le Japon a une culture du travail radicalement différente de la notre. Même si les choses commencent quelque peu à changer du côté des employés avec les nouvelles générations, il faut savoir par exemple qu’au pays du soleil levant, vous avez des congés mais il est très mal vu de les prendre. Les employés dévouent leur vie à leur société et c’est une marque de dévotion et de respect que de refuser de prendre ses congés. Dans le cas de la réaffectation des employés, il faut savoir que vous ne serez jamais viré au Japon, vous serez éconduits vers la sortie. Licensier un employé, c’est reconnaître qu’on n’a pas eu suffisamment de bon jugement pour lui trouver une place qui lui convient dans l’entreprise. L’hypocrisie veut alors qu’un employé inefficace (et pensez inefficace version japonaise) se voit “proposé” un autre poste, volontairement inintéressant et dégradant par rapport au job initial. Le but étant évidemment que vous démissionniez de vous-même. C’est pas ma faute à moi, c’est lui qui est parti, quoi.
Les conditions de travail chez Konami sont abominables mais il faut bien comprendre qu’elle n’est certainement pas la seule société du Japon a opérer de la sorte. Elles n’en restent pas moins abominables et Konami doit faire face à l’opinion publique et, on en viendrait presque à le dire, à la justice. Il est assez préoccupant de voir qu’en 2015, le harcèlement moral est parfois légal et parfaitement répandu.
Konami n’a pour l’instant pas réagi à ces informations et nous ne pouvons donc pas affirmer à 100% que tout ceci est vrai. Il reste que pas mal de choses se recoupent et pointent vers la véracité des faits.
Tu m’étonnes que Kojima se barre dans de tels conditions, mieux vaut partir qu’être mis au placard, remarque ça aurait été drôle de voir Kojima en vigile ou en agent d’entretien. :P
C’est triste la direction qu’a pris Konami ces dernières années, c’était une boite de légende à l’époque snes et ps1 mais à présent, une fois MGS5 sorti, on se demande s’ils seront encore capable de sortir des grands jeux !
Une boite coulée par dents longues de ses actionnaires ça sera pas la première mais ça fait mal quand c’est Konami (Castlevania, MGS, Suikoden, Silent Hill, PES, Gradius… tant de licences fortes chez eux!)
comme dit dans l’article…. c’est plutot courrant au japon :(