«R2 dit que les chances de survie sont de une sur… 725 ». Retenez bien cette phrase de C3PO, car elle vous donne à peu près la couleur de Psycho Starship Rampage. Cékoicetruc ? Et bien en réalité son nom l’indique très bien : c’est un carnage de psychopathe aux commandes d’un vaisseau. Vous vous souvenez peut-être de ces bons vieux jeux de joute spatiale tels Space Invaders pour les plus vieux ou Faster Than Light pour les plus jeunôts. Le jeu de Ballistic Frogs – avouez que ça claque – puise avant tout dans le thème du combat spatial, mais l’aborde sous un angle résolument novateur en y apportant des concepts touchant notamment au RPG. Le résultat est explosif.
«Allez Chico, on met la gomme!»
Psycho Starship Rampage entend donc vous faire piloter une carlingue spatiale perdu dans l’espace dont l’unique espoir de survie est de rejoindre la Terre. Forcément, la planète bleue est de l’autre côté de la carte et vous êtes poursuivi par une horde de méchants de l’espace. Sinon c’est pas drôle. Voyez là-dedans une mise en scène originale du bon vieux système de continu. En effet, si vous avez l’âge de boire de l’alcool (avec modération et son pote gueule-de-bois, dont l’un des deux, à un moment de la soirée, part systématiquement pisser pour ne plus revenir), vous vous rappelez sûrement qu’à une certaine époque, les sauvegardes appartenaient au domaine du fantasme. Votre seul espoir de ne pas tout recommencer du début était alors votre nombre de vies et, en dernier recours, les continus, souvent au nombre de trois. Ici, c’est exactement la même façon de faire, mais présentée de manière originale : vous pouvez foirer une mission un certain nombre de fois, mais passé ce chiffre, l’immense flotte ennemie vous rattrape et vous bouffe sans état d’âme. Ceci témoigne de l’amour de Ballistic Frogs pour ces jeux qui sentent la poussière mais qu’on aime plus que tout quand même. Un peu comme mamie.
Ainsi, au programme, le scrolling horizontal qui voit votre vaisseau progresser dans l’espace en dégommant tout sur son passage pour au final arriver au traditionnel boss. On note également le design épuré des vaisseaux, potentielle référence à Space Invaders ou simple choix relevant du goût des développeurs. Aussi, une carte de l’espace vous est présentée, sur laquelle vous pouvez choisir votre prochaine mission, située plus ou moins loin de votre position actuelle et présentant un défi plus ou moins important. C’est d’ailleurs votre seule façon de gagner des “vies”, même si en réalité, vous n’avez pas un compteur de la sorte affiché en haut de l’écran. Il s’agit plutôt, encore une fois, d’une manière originale de présenter les choses. En effet, si vous choisissez une mission plus éloignée de la flotte qui vous poursuit et que vous la réussissez, on mettra plus de temps à vous rattraper. En tant que tel, vous ne voyez pas « +1 UP » s’afficher à l’écran, mais c’est l’esprit.
De l’originalité à la pelle (galactique)
La grande force de Psycho Starship Rampage, en-dehors de la tonne de fun qu’il procure en défouraillant les vaisseaux adverses à la mode old school, c’est de proposer, entre autres, un mélange des genres. En effet, sur la page Steam du jeu est affiché : « Shoot, Loot, Upgrade ». Le mot qui nous intéresse en premier lieu ici est bien entendu « Loot ». En effet, quand vous massacrez de l’alien, vous récupérez des « Scraps », qui sont en fait des pièces qui vont vous servir à construire des équipements pour votre vaisseau. Mais ça ne s’arrête pas là, puisqu’il y a une composante de découverte scientifique dans Psycho Starship Rampage. En effet, de temps à autres, les ennemis vont lâcher des secrets sous forme de symboles, changeant de forme et de couleur en fonction de leur nature et de leur rareté. Vous trouverez ainsi de nouvelles armes, des versions améliorées de celles que vous possédez déjà, mais pas que ! Ce qui m’amène au prochaine terme de la liste : « Upgrade ».
Si vous avez déjà joué à des jeux de vaisseau, vous aurez remarqué que vous n’avez qu’un désir : qu’on vous laisse faire votre superbe vaisseau rose bonbon en forme de kiwi ! Oui bon. Fantasme personnel. Toujours est-il que quoi de plus jouissif que de créer son propre vaisseau dans un jeu de ce genre ? Psycho Starship Rampage vous propose exactement ça. Piochez parmi un menu de formes pour donner vie au vaisseau de vos rêves, et équipez-le avec ce que vous avez looté : des flingues, des propulseurs, des flingues, des flingues, des générateurs d’énergie, des flingues, des stockeurs d’énergie. Et des flingues aussi. A ce sujet, le trailer du shooter spatial est d’ailleurs assez explicite :
En parlant de difficulté et comme je l’ai laissé entendre dans l’introduction, notez que Psycho Starship Rampage est un rogue-like. Ce qui signifie que vous allez mourir. Beaucoup. Et quand vous aurez épuisé vos chances et que la flotte ennemie vous saisira de sa poigne de fer pour vous écraser comme un vulgaire insecte, il vous faudra tout recommencer. Oui, oui. Même si vous êtes à dix centimètres de l’orbite terrestre.
Quelques ombres au tableau
Toujours au sujet de la difficulté, il faut bien reconnaître que l’ensemble manque un peu de dosage. Autant je suis le premier à aimer me prendre des dérouillées virtuelles, autant ici le niveau se corse tout de même très rapidement et on se retrouve vite à devoir choisir entre des missions difficiles et très difficiles. Bien sûr, plusieurs parties échouées vous conduisent à revoir votre stratégie dans la création de votre vaisseau et ça vous permet au fur et à mesure d’aller un peu plus loin, mais j’ai trouvé le changement un peu trop abrupt. Un défaut, s’il en est, mineur et au final en concordance avec cette idée de rogue-like. Cependant, on pourra reprocher aux boss leurs mouvements. C’est un peu comme s’ils s’étaient réunis pour signer un accord selon lequel ils doivent tous bouger selon les mêmes mouvements en combat. Il y aura quelques variations, mais au final on reste globalement dans le même délire. Toutefois, n’allez pas croire que ça simplifie les choses pour autant puisque plus le grand méchant s’en prend dans la tronche, plus il rage (un peu comme vous devant l’écran) et plus il effectue ses déplacements vite. Vous aurez donc besoin de toute votre concentration pour qu’il ne vous coince pas dans un coin et vous moleste allègrement.
Par ailleurs, le design des vaisseaux ne sera pas du goût de tous. Simples et épurés, ils sont rouges, bleu dans votre cas. Et c’est tout. Il faut bien l’avouer, ce n’est pas forcément engageant au premier abord. Malgré tout, une fois en jeu, ça passe très bien et je me suis finalement satisfait du choix opéré par les designers.
Dernier semi-défaut pour moi : les textes. Comme vous avez pu le sentir dans le trailer, Psycho Starship Rampage joue aussi la carte de l’humour. Je suis d’accord pour dire que tout cela est subjectif, mais il est vrai que quitte à avoir des textes flottants, évocations de ce que disent les équipages adverses, j’aurais aimé que ça soit un peu plus rock’n’roll et tranchant. J’aurais aimé prendre plus de plaisir à lire ces textes plaintifs d’aliens hurlant à la mort en suppliant leur môman de venir à leur rescousse. En revanche, j’ai franchement apprécié trouver des références, de la part de l’IA de notre cher vaisseau, renvoyant directement à des monuments de la SF. Mention spéciale à Star Wars/La Guerre des Etoiles de George Lucas (“If you strike me down, I shall become more powerful than you can possibly imagine” – Obi-Wan Kenobi) et à Slaughterhouse Five or the Children’s Crusade/Abattoir 5 ou la Croisade des enfants de Kurt Vonnegut (“Everything was beautiful and nothing hurt”).
Ballistic Frogs aime vos oreilles et vos yeux
Derrière ce titre un peu bizarre se cache un amour pour l’atmosphère sonore et visuelle du titre. Si vous avez l’habitude de me lire, vous savez peut-être que j’attache une importance ô combien particulière à certains éléments parmi lesquels le son et les explosions. Oui parce qu’une explosion bien rendue, c’est souvent le gage de graphismes qui envoient. Loin de moi la volonté de faire l’apologie du pixel, rassurez-vous. En l’occurrence ici, les détonations ne sont pas celles employées dans le dernier James Bond, mais elles sont parfaitement adaptées à la charte visuelle du titre, et c’est très bien comme ça. Mention spéciale également aux décors dans lesquels on évolue, car si le design des vaisseaux est très épuré, les arrière-plans dessinés sont très agréables à l’œil et vous installent confortablement dans l’atmosphère spatiale et un brin rétro du jeu.
Pour en revenir à l’audio : quand c’est bien fait, il n’y a pas de raison de passer à côté. En plus des décors et du gameplay, vous aurez compris qu’il s’agit de mon troisième coup de cœur. La bande originale, rétro à souhait, nous plonge dans l’ambiance, en parfaite conjonction avec l’aspect visuel susmentionné. Les musiques sont littéralement parfaites, retranscrivant à merveille une atmosphère rétro mais avec une touche de modernité, juste ce qu’il faut pour actualiser et apporter du bon son dans les oreilles. Quand je prête l’oreille, je me retrouve irrémédiablement et inexplicablement plongé en enfance. Ce qui est étrange parce qu’il m’est impossible de retrouver quelque chose qui se rapproche de cette bande son. Sûrement que je suis un peu gauche dans mes recherches, n’empêche que pour moi ça signifie avant tout que le feeling est là, et qu’il est bon, en conjonction parfaite avec celui que me procure le gameplay, mais aussi le côté visuel. Le bruit des explosions est plutôt bon même si on aurait apprécié un brin plus de profondeur et de réverbération. Mais ça pète tellement dans tous les sens qu’il faut tout de même être pointilleux pour que ça devienne une véritable gêne.
« J’aime quand ça claque »
Psycho Starship Rampage est un vrai bon jeu de shoot spatial mélangé de gestion, de stratégie et de RPG. Le mélange est savamment dosé pour un résultat réussi. Il est difficile de lâcher la manette une fois qu’on a démarré une partie. Vous voilà prévenus. Sur fond de rogue-like exigeant à la difficulté qui mériterait peut-être un léger réajustement, le premier titre des rennais de Ballistic Frogs vous propose une aventure fun qui vous permet de customiser votre vaisseau jusqu’au bout des rivets, vous proposant même systématiquement d’attribuer une touche à vos équipements pour les déclencher quand bon vous semble. Vous vous sentirez vraiment comme le capitaine d’un vaisseau ordonnant de faire feu à ses différentes batteries. Loin des pétoires de l’espace à 400 $ de Star Citizen qui viennent d’apprendre à décoller, Psycho Starship Rampage est un jeu abouti pour lequel on demande du rab. Pour 10€. Voila voila.
[Points Positifs]
- Des explosions en veux-tu, en voilà
- Un gameplay solide
- Du fun en barres!
- Le design, pour certains
- Un shooter spatial mâtiné de RPG avec, à la clé, son propre vaisseau customisé de A & Z, que demande le peuple?
- Pour le contenu et la rejouabilité, le prix!
- Une bande originale à tomber
- La difficulté
[Points Négatifs]
- Le design, pour d’autres
- Une difficulté un brin mal échelonnée
- Un humour trop gentil pour un jeu très méchant
- Les mouvements trop similaires d’un boss à l’autre
A noter que nous aurons la chance de vous proposer d’ici quelques temps une interview de l’équipe de développement derrière Psycho Starship Rampage, le studio rennais Ballistic Frogs. En attendant, vous pouvez vous procurer le défouloir spatial chez notre partenaire GoCleCd.fr.
Merci pour le test !