Test The Last Guardian – Le shot d’émotion de fin d’année
The Last Guardian est enfin arrivé après moult années d’attente et nous pouvons enfin poser les mains sur le tout dernier Ueda, fébriles que nous sommes.
Dites bonjour à votre nouveau meilleur copain
Avouez que Ueda vous avait manqué à vous aussi après toutes ces années. Le créateur d’ICO et de Shadow of the Colossus nous revient avec The Last Guardian, maintes fois repoussé (d’ailleurs, à l’origine, il était prévu sur PS3, c’est dire !) mais au final sur nos machines de justesse en cette année 2016. Autant prévenir tout de suite le gamer non averti : la puissance de ce jeu réside dans son aspect narratif et dans la relation entre le garçon que nous incarnons et la chimère étrange et magnifique qui l’accompagne. Surtout, c’est l’évolution de la relation entre les deux protagonistes qui fait le sel de The Last Guardian, nouveau chef d’œuvre de la Team ICO.
Vous voilà donc dans une grotte, enfant, perdu et amnésique. Vous n’avez absolument aucune idée de ce que vous faites là ni même de comment vous avez atterrit à côté d’une immense créature aux origines largement incertaines. D’ailleurs, une crainte s’installer en vous car ladite créature n’a pas l’air particulièrement encline à faire copain-copain avec vous. Pourtant, c’est bien sur elle que vous allez devoir compter pour faire équipe et vous sortir du pétrin et des nombreuses situations auxquelles vous allez faire face dans The Last Guardian. Sur cette fameuse relation, on ne peut que saluer bien bas le travail des développeurs tant elle se montre plus vraie que nature. On retrouve presque exactement l’évolution de l’attachement entre un humain et son animal de compagnie : au départ peu enclin à vous faire confiance, Trico (pour le petit nom de la grande bestiole) finira par se rapprocher de vous à mesure qu’il comprendra que vous n’êtes pas une menace pour lui, puis carrément que vous représentez son meilleur ami dans ce monde sublime et menaçant.
Les attitudes de l’animal sont bluffantes – à croire (et c’est probablement le cas) que Ueda et son équipe ont étudié le comportement animal en profondeur pour parvenir à un tel résultat – les petits cris, les attitudes… tout y est. Et cela se ressent aussi très largement dans le gameplay puisque Trico en fera bien souvent qu’à sa tête. Il vous faudra systématiquement faire preuve de patience et même de tendresse vis-à-vis de votre compagnon de route, d’autant qu’il risque bien de vous énerver en ne s’exécutant pas immédiatement lorsque vous lui donnez un ordre (au passage : au début, ne comptez même pas exiger de lui qu’il s’assoit). Tout le monde n’appréciera pas cette caractéristique mais je la trouve pour ma part absolument géniale car l’aspect très mécanique de l’IA disparaît au profit d’un comportement qui semble “naturel”, surtout pour un animal. De mon côté, cela a fortement renforcé l’immersion et le réalisme même s’il était parfois bien lourd d’attendre que Trico se bouge les miches alors que j’avais trouvé la solution au problème depuis trois plombes.
Un peu de poésie dans ce monde de brutes
Vous serez littéralement scotché à votre écran du début à la fin de l’aventure, atteinte après une quinzaine d’heures de jeu. The Last Guardian offre probablement la plus belle narration dont vous ayez jamais fait l’expérience en ce sens qu’elle suscite chez vous des émotions profondes et puissantes, qui nous gagnent rarement à ce point dans un jeu vidéo. Pour ma part, j’ai vraiment eu le sentiment d’être bercé de poésie, sublimée par une conclusion à vous empoigner le cœur, mais dont, bien sûr, je ne vous révélerai rien pour ne pas vous gâcher le titre. Ce que je peux vous dire, c’est que les larmes m’ont embué les yeux et que ces petites insolentes ont même été jusqu’à rouler le long de mes joues.
Les décors servent à merveille cette magnifique épopée même si le jeu accuse clairement un retard technique, particulièrement saillant par moment – aucune surprise, nous le savions et les jeux d’Ueda n’ont jamais été à la pointe de la technologie. Malgré tout, on le sait, les graphismes ne font pas tout, surtout lorsque la direction artistique est au rendez-vous. Oui, elle y est. L’imagination est reine dans The Last Guardian, avec des architectures imposantes et d’un autre âge, créant un décor à la fois oppressant et magistral – les scènes en extérieur… diantre que c’est beau – renforçant l’interdépendance des deux protagonistes. Vous m’en direz des nouvelles.
La matière grise ne suffit pas
Dans The Last Guardian, l’essentiel du gameplay se concentre sur des énigmes à résoudre, notamment grâce à votre imposant ami. Même si certaines scènes d’affrontement ponctuent l’aventure, elles restent rare et sont avant tout des puzzles à résoudre en vitesse pour permettre à Trico de se pointer tel un chien dans un jeu de quilles. Les problèmes à déjouer sont plutôt variés et m’ont procuré globalement beaucoup de plaisir, même si certains pourront ressentir une certaine frustration… Je m’explique : j’ai cité un peu plus haut l’intelligence de Trico, très proche du naturel. Parfois, même si vous avez trouvé la solution à une énigme, l’animal n’en fera qu’à sa tête et refusera de l’exploiter. Il vous faudra, encore une fois, faire preuve de patience et développer votre relation et votre connaissance de la créature. Tous n’apprécieront pas cette “impuissance”, ce qui peut se comprendre, mais Ueda avait sans aucune doute un choix à faire pour amplifier la crédibilité du personnage et décupler ainsi l’émotion suscitée par la relation des deux compères. Quelques bugs viennent parfois entacher l’expérience, mais rien de bien méchant pour ma part. La caméra, voilà le vrai coupable du principal mécontentement que l’on peut ressentir en jouant à The Last Guardian. Celle-ci semble parfois se comporter comme un troisième personnage, animal et un peu taré. Sauf que ladite caméra peut faire la différence entre un saut réussi et un saut foiré… vous voyez où je veux en venir. N’hésitez donc pas à bien prendre votre temps et à faire attention en avançant, si ça peut vous éviter quelques crises de nerf.
Du reste, l’action de The Last Guardian est sublimée par une musique composée avec énormément de talent par Takeshi Furukawa, parfaitement appropriée à chaque situation qui se présentera à vous. On pourra regretter qu’elle ne soit au final pas si présente que ça, trop discrète, sans doute pour laisser la narration prendre toute son ampleur. Même si elle sait s’imposer aux moments cruciaux, j’aurais vraiment aimé en prendre plus dans les oreilles.
The Last coup de cœur de l’année
Coup de poing en plein cœur pour The Last Guardian, qui rejoint immédiatement le rang des indispensables de la PS4. Ueda et son équipe ont réussi à accoucher d’un très beau bébé après ICO et Shadow of the Colossus, en réussissant l’exploit de nous émouvoir aux larmes dans un jeu orchestré avec brio et talent. Les soucis graphiques se font bien vite oublier à l’ombre d’une direction artistique qui figure au rang d’exemple. La narration, l’histoire, la mise en scène et l’atmosphère se trouvent être sublimes, au bas mot et je suis pour ma part conquis par l’IA habitant Trico, même si tout le monde ne pourra décemment pas être de cet avis. Des problèmes de caméra sont malheureusement à déplorer mais, après tout, cela vous force à prendre votre temps ; après tant d’années d’attente, vous pouvez bien vous le permettre, surtout si vous pouvez au passage vous arrêter, lâcher la manette et simplement contempler les magnifiques paysages que l’on vous propose.
► Points forts
- Artistiquement, c’est la perfection
- La relation entre l’enfant et Trico, magistralement rendue
- Des énigmes variées et intéressantes
- Superbes paysages, notamment l’architecture
- Belle BO
- Poétique
- Décharge émotionnelle
- Une intelligence artificielle qu’on serait tenté d’appeler naturelle…
► Points faibles
- Mais le comportement récalcitrant de Trico pourra en irriter plus d’un
- Graphismes datés
- Quelques bugs
The Last Guardian sort le 6 décembre sur PS4 exclusivement.
Si j’avais la PS4 je pense que je l’aurais pris. Il a l’air vraiment beau narrativement parlant.
La Team Ico, AKA les mecs qui prouvent qu’on peut faire de la poésie avec un jeu vidéo.
Super test mon capichef.