“La Tour Sombre est la Jupiter du système solaire de mon imaginaire.” Voici les mots qu’utilise Stephen King pour parler de sa célèbre série, considérée par beaucoup comme le point culminant de sa carrière. Longtemps envisagée pour une adaptation cinématographique ou en série, voilà qu’est enfin arrivé le film sur grand écran.
Stephen koi ?
Stephen King, enfin il paraît. Cela fait bien longtemps que l’écrivain ultra prolifique a vendu les droits de sa très chère Tour Sombre pour qu’elle soit adaptée. Entre temps, de nombreux acteurs de l’industrie cinématographique ont tenté de s’y coller, dont le très grand J.J. Abrams, et tous ont jeté l’éponge… et il n’en resta qu’un : Nikolaj Arcel. Le réalisateur danois s’est entouré des excellents Idris Elba et Matthew McConaughey. Que cela soit dit immédiatement : le film La Tour Sombre se tamponne délicatement le derrière avec le cycle de fantasy de King… mais il le fait bien. Comment est-ce possible, me direz-vous, quand on connait la profondeur de la série ? Eh bien tout simplement parce que ce film fait ce que d’autres devraient faire (coucou Total Recall 2012) : il propose une réécriture plutôt que de suivre bêtement le scénario d’origine à la lettre (non pas que suivre le scénario d’origine soit une mauvaise chose, notez bien).
Alors certes on sera déçu si on s’attendait à une adaptation fidèle – qui aurait tout bonnement été fantastique, si vous n’avez pas lu la série de King, foutez-moi le camp et attelez-vous-y d’urgence – mais si on prend le film pour ce qu’il est, c’est-à-dire un divertissement (et je le répète : une réécriture !) teinté d’action brûlante et de nostalgie de l’enfant-héros, il fait très bien le job.
Ce film fait ce que d’autres devraient faire (coucou Total Recall 2012) : il propose une réécriture plutôt que de suivre bêtement le scénario d’origine à la lettre.
Commençons cependant par le négatif puisqu’il est ici en minorité. On regrettera un développement des personnages très peu poussé (quand – pour ne prendre que ceux-là – le pistoléro des livres, mais aussi l’homme en noir, se révèlent des êtres complexes) qui est en partie dû à un format plutôt court d’environ 1h30. Au début du film, la maxime des pistoléros déclamée de manière (beaucoup trop) théâtrale m’a donné un arrière-goût de Valérian et la Cité des Mille Planètes mais, fort heureusement, cela ne s’est pas reproduit et j’ai pu plonger dans le film. Par ailleurs, on ne nous explique absolument rien concernant l’invincibilité du pistoléro aux pouvoirs de l’homme en noir, même pas le début d’une semi-explication, excepté une bribe d’information jetée au hasard et dont il faut déduire la signification, surtout si on ne connaît pas la série de livres. Il eût été bon de proposer au spectateur un élément de justification, même sommaire et à développer plus tard, afin qu’il ait envie d’aller plus loin (car une série sur les origines du pistoléro est prévue, de même qu’un autre film si les entrées devaient être jugées suffisantes). On pourra regretter la prééminence de l’enfant comme héros du film, mais cela peut également être considéré comme un point positif, j’y reviendrai. En dehors de cela, n’en déplaise aux rageux, le film tient très bien la route et j’ai pris plaisir à le regarder du début à la fin.
Ce film méritait une communication plus précise
Le véritable problème de La Tour Sombre, c’est avant tout sa communication : rien que quand on fait quelques recherches, tout le monde s’embrouille à savoir si le film rassemble les huit livres du cycle ou bien juste le premier, si c’est une réécriture ou une adaptation… Cette confusion n’est pas normale… surtout quand les salles accueillent déjà l’œuvre d’Arcel. Sony Pictures Entertainment aurait dû provoquer la désambiguïsation dès le premier trailer en expliquant qu’il est question d’une réécriture, ne suivant par conséquent pas du tout la série littéraire et qu’il n’y avait donc pas à chercher une correspondance autre que les personnages et des bouts de l’idée originale. Avant d’écrire cette kronik, je me suis replongé dans le premier tome de la Tour Sombre et je ne peux que comprendre la haine des fans du cycle à l’encontre de ce film, qui en est à mille lieux.
Sony Pictures Entertainment aurait dû provoquer la désambiguïsation dès le premier trailer en expliquant qu’il est question d’une réécriture
Ceci étant dit, la visée proposée n’est pas la même et le film d’Arcel offre une aventure qui restera probablement gravée dans la mémoire de nombreux gamins, le genre de films dont on se rappelle avec nostalgie une fois rendu à l’âge adulte, même si Durandal va un peu loin à mon goût en dressant un parallèle avec la légendaire “Histoire sans Fin”. Non, La Tour Sombre ne marquera pas son temps de la même manière, mais il provoquera à coup sûr une tendresse particulière dans certains esprits, tout simplement parce qu’on a affaire à un enfant qui devient le héros d’une histoire qui le dépasse et qui y prend vraiment part, le pistoléro le traite d’ailleurs comme un homme. Cette recette, qu’elle plaise ou non, fonctionne et a de nombreuses fois fait ses preuves.
L’histoire est loin d’être désagréable et je me garderai bien de vous la spoiler. Pas forcément très originale, elle remplit son office avec des acteurs très talentueux (Matthew McConaughey, décidément, brille depuis qu’il a décidé d’arrêter les films à deux balles – de pistoléro, LAUL). Les scènes d’action sont très bonnes et reprennent des compétences du pistoléro explicitées dans les livres pour un résultat visuellement super. C’est dynamique, ça bouge, c’est cohérent. La Tour Sombre mérite que vous y jetiez un œil rien que pour ça.
Les scènes d’action sont très bonnes et reprennent des compétences du pistoléro explicitées dans les livres pour un résultat visuellement super.
Ne détestez pas La Tour Sombre pour ce qu’il ne prétend pas être
Oui, une adaptation fidèle de La Tour Sombre aurait été titanesque dans son intérêt, sa profondeur et ses proportions. Mais le film d’Arcel vous propose autre chose, ce qui n’a pas du tout été précisé. Évitez donc de tenir compte des avis ça et là dressant un parallèle avec l’œuvre originale pour descendre le film, car ils ne sont pas justifiés. Et qui sait, si une suite voyait le jour, elle pourrait peut-être révéler une certaine profondeur, pour peu qu’on lui laisse la chance de le faire. Ainsi, si vous avez lu le cycle de King, allez-y en imaginant un titre différent pour le film, et surtout un sous-titre précisant : “Une réécriture du cycle de King”. Pour les autres, lisez le cycle après coup pour vous rendre compte de toute sa richesse et du chemin très différent qu’il propose par rapport au film, ce dernier constituant un très bon divertissement, pas très long (et c’est très bien comme ça) et pourtant juste et cohérent dans l’ensemble.
le livre,enfin les livres puisqu’il a fallut attendre des années avant que Mr King finisse l’histoire qui a bien commencé avec le pistoléro sont énormes et complexe,le résumé en un seul film ne doit pas être vraiment intéressant,mais à voir.
mais un film tiré d’une histoire du maître reste une expérience cinématographique à ne pas louper,merci
Tu m’as donné envie de voir ce film hexen !
Je pense aussi qu’il y a eu un problème de marketing avec ce film, on en a peu entendu parler comme si le distributeur (qui est pourtant sony donc qui a les moyens d’assurer une grosse promotion) n’y croyait pas.
Le problème des fans hardcore qui ne se retrouvent pas dans l’adaptation des romans n’est pas nouveau (cf les adaptation de LOTR ou HP entre autre) mais effectivement ils auraient dû communiquer plus vite sur le fait qu’il s’agit plus d’une inspiration que d’une véritable adaptation.
Enfin j’ai vu aussi des gens se plaindre de la durée du film ("1h30 c’est trop peu vu le pris d’une place de ciné de nos jours") ce qui pour moi est un argument débile tant je préfère privilégier la qualité plutôt que la durée d’une œuvre (c’est pareil pour le JV d’ailleurs).
En tout cas je trouve ça bien d’avoir une chronique ciné de temps en temps sur ce site, continuez ! ;)
Super merci ! Nous allons effectivement diversifier un peu le contenu sur l’univers geek en restant bien sûr concentré sur le jeu vidéo avant tout, j’y reviendrai dans l’édito de la rentrée :). Je suis d’accord avec toi, l’argument de la durée du film est une ineptie d’autant qu’il aurait duré plus longtemps… il m’aurait probablement beaucoup moins plu car il aurait traîné en longueur sans avoir rien de plus à dire. Je trouve le cas de LOTR différent car il s’agit d’une véritable adaptation, les fans des livres vont grincer des dents sur des manques au niveau des infos, des personnages, des scènes… Mais là ouais, Sony s’est foiré sur la com malheureusement, du coup beaucoup de fans le voient comme une adaptation… En tout cas tant mieux si tu as envie d’y jeter un œil, hésite pas à revenir ici dire ce que tu en as pensé !