C’est plein de promesses et d’ambitions que Defiance s’est écrasé sur terre, une jambe boiteuse et les cheveux en pagailles. Avec son concept de Cross-média, le MMOTPS de Trion Worlds a suscité beaucoup d’intérêt avant de se dévoiler en juin 2013 pour un résultat des plus mitigé.
Alien, l’énième passager
Defiance a débarqué avec un concept plutôt original : celui de sortir une série et un jeu dans le même univers avec la promesse de pouvoir interagir de l’un vers l’autre. Un événement important dans la série peut avoir des répercutions dans le jeu et à l’inverse, beaucoup plus intéressant, certaines actions des joueurs peuvent influencer le déroulement de la série. Malheureusement, cette dernière s’est arrêtée en 2015 au bout de 3 saisons, faisant par la même occasion disparaître le principe du cross-média et laissant le jeu face à lui-même. Que reste-t-il donc de celui-ci une fois amputé de son concept ?
Defiance, qu’est-ce que c’est ? Pour ceux qui n’auraient pas vu la série, il s’agit d’un univers post-apocalyptique prenant place sur Terre après une terrible bataille entre humains et extraterrestres. Ces derniers, les Votans, regroupent pas moins de 8 races différentes venues sur Terre en tant qu’immigrantes après que leurs mondes natals furent détruit.
Les tentatives d’intégrations débouchèrent sur des décennies de guerre et l’utilisation excessive d’énergie alien transforma la planète, créant par la même occasion toutes sortes de mutants et autres bestioles cauchemardesques (coucou les Messorans). Malgré tout, certains humains et Votans fatigués de ces conflits stériles, s’allièrent et formèrent une nouvelle ville symbole d’une union durable : Defiance.
On incarne donc un Pillarche, sorte d’archéologues mais pour la technologie extraterrestre (littéralement pilleurs d’arches), lâché au milieu de tout ce bordel. Au service d’un certain Karl Von Bach, propriétaire de Von Bach Industries – un conglomérat industriel très influent sur terre, notre travail consiste à étudier la terraformation cataclysmique afin d’en découvrir ses secrets et ainsi amener l’humanité vers une nouvelle ère.
L’EGO sans trique
La première chose qui saute aux yeux en arrivant sur Defiance, c’est la création de personnages très pauvre. Pourtant habitué aux MMO avec le très bon Rift, Trion Worlds nous livre ici le strict minimum en termes d’éditeur de personnages. Oubliez les curseurs et autres réglages morphologiques, vous ne pourrez choisir que parmi quelques configurations prédéfinies pour chaque élément : coupe de cheveux, nez, forme du visage, etc. N’espérez pas rendre votre personnage unique avec ça.
Quant au choix des classes, c’est bien simple, il ne sert qu’à choisir votre apparence de départ. En effet, que vous preniez un survivant ou un mécanicien, vous aurez exactement le même arbre de talent ainsi que les mêmes choix de pouvoirs.
Une fois la création de votre personnage terminée, vous vous retrouverez à bord du Liberté, un vaisseau de la république de la Terre en route vers la nouvelle frontière. Dès la première cinématique, on peut admirer le travail réalisé sur les doublages français du jeu. Pourtant fervent adepte des versions originales, la VF de Defiance ne m’a pas du tout gêné et j’ai même trouvé certains personnages très crédibles dans leur rôle (à quelques exceptions près, oui c’est toi que je regarde EGO).
Dès la première cinématique, on peut admirer le travail réalisé sur les doublages français du jeu.
Une fois au contrôle de votre personnage, vous serez recueilli par Cass Ducar, une Irathienne assez drôle qui vous suivra pendant une bonne partie de la quête principale. Vous aurez également une intelligence artificielle du nom de EGO (conçu notamment par Von Bach Industries) qui vous accompagnera d’une voix insupportable et représentera en quelque sorte votre interface.
Pendant le tutoriel, EGO vous demande de choisir entre une des quatre compétences actives (camouflage, leurre, flash ou surcharge) qui déterminera votre point de départ dans l’unique arbre de compétences du jeu. Car oui, chaque joueur est libre de faire son propre build parmi toutes les compétences disponibles. La majorité de l’arbre se compose de passifs qui boosteront votre personnage de différentes manières, mais vous pouvez également débloquer les trois autres pouvoirs si l’envie vous prend (à savoir que vous ne pouvez en avoir qu’un actif à la fois). C’est à vous de choisir votre style de jeu.
Épique et colégram
En ouvrant la carte pour la première fois, on se rend vite compte que les activités ne manquent pas : vous aurez la possibilité de faire des quêtes secondaires ainsi que des défis disséminés un peu partout. Si jamais vous regardez également la série, certaines missions épisodiques sont en relation avec un épisode précis de cette dernière – les restes agonisants du fameux cross-média. Ce n’est pas tout, là où Defiance brille, c’est dans ces événements dynamiques : retombée d’arche, invasion, sauvetage, embuscade ou encore assaut, vous aurez de quoi vous occuper en dehors de la mission principale.
Là où Defiance brille c’est dans ces événements dynamiques. […] Vous aurez de quoi vous occuper en dehors de la mission principale.
Les retombées d’arches sont d’ailleurs un bon moyen de se remplir les poches et un des gros points fort du jeu. Souvent impressionnante, elles offrent aux joueurs des objectifs variés à réaliser en coopération, avec pour les plus grosses d’entre elles un world boss à affronter à la fin regroupant plus de 25 joueurs. Un des rares souffles épiques du jeu.
Vous pourrez également affronter d’autres joueurs entre deux missions. Le jeu propose plusieurs modes JcJ allant du classique match à mort en 8 vs 8 à des modes avec capture de points en 16 vs 16 ou 32 vs 32. Certains pouvoirs dominent le champ de bataille et le matchmaking fait parfois des siennes mais le JcJ a le mérite d’être présent et occupera de nombreux joueurs lassés du contenu JcE.
Un gameplaie en dents de scies
Concernant le gameplay, Trion Worlds nous livre un pur jeu d’action. Avec sa vue en TPS, le titre offre un côté shooter rafraichissant dans le domaine des MMO, même s’il faut l’avouer les sensations de tir ne sont pas terribles (merci les bruitages). Les armes sont quant à elles assez diversifiées, allant du simple arsenal classique (fusil d’assaut, pistolet, fusil à pompe, etc.) aux lance-roquettes à dispersion et armes biomagnétiques qui permettent de voler la santé des ennemis et de soigner vos alliés.
Seulement, les déplacements de votre personnage sont lents et il est impossible de se mettre à couvert autrement qu’en s’accroupissant manuellement derrière un obstacle. Il faut dire que les animations n’aident pas vraiment. Elles sont d’une rigidité surnaturelle (mention spéciale pour la roulade) et participent au ressenti global de manipuler un semi-remorque.
Les animations sont d’une rigidité surnaturelle et participent au ressenti global de manipuler un semi-remorque.
D’ailleurs, vous pouvez également équiper un véhicule parmi différents quads, voitures blindées et autres buggy. Une fois la physique bancale des engins maitrisée, la conduite est plutôt agréable et on se surprend à tester les limites de cette dernière à coup de tremplin et de boost.
L’interface, quant à elle, est une horreur à utiliser sur PC. À base de sous-menu et de barre d’espace, la navigation se fait dans la douleur. Petite mention pour l’inventaire sous forme de liste où tout est mélangé : armes, boucliers, mods d’augmentation, etc. avec un système de tri quasi inexistant sinon ce n’est pas drôle.
Des faïences brisées
Concernant les graphismes, sans être repoussant, le jeu accuse un certain retard. Certaines textures sont baveuses et la distance d’affichage s’apparente à un épais brouillard (surement à cause de la terraformation). Les réglages graphiques sont quasi inexistants, vous aurez le choix entre trois configurations : basse, moyenne, élevée ainsi que d’activer ou désactiver les ombres, le bloom et le flou cinétique. C’est tout.
Malgré tout, cette terre désolée et terraformée a du charme. Un charme que j’ai eu plaisir à parcourir et qui s’estompe rapidement une fois que l’on a fini la quête principale. La carte n’est finalement pas si grande que cela et les environnements manquent cruellement de variété.
La carte n’est finalement pas si grande que cela et les environnements manquent cruellement de variété.
Mais enfin Jamy, dans un MMO le plus important ce ne sont pas les graphismes, me direz-vous. Et je vous répondrai que vous avez tout à fait raison, vous qui me lisez, qui que vous soyez. Et je vous dirais également d’arrêter de m’appeler Jamy.
Potentiel enterré
Avec son pitch de départ alléchant et son concept de cross-média, Defiance aurait pu changer la façon de jouer à un MMORPG. Malgré des quêtes scénarisées et des doublages de qualités, le jeu ne parvient jamais à décoller vraiment. La faute à une accumulation de petits défauts qui font de ce Defiance un jeu moyen tout au plus. Certes le potentiel est là et on s’y amuse quand même, mais le manque de contenu et de finition ruine le tableau.
D’ailleurs conscient de ces problèmes, le studio Trion Worlds a sorti récemment une refonte de son titre appelé Defiance 2050. Toutefois, depuis la sortie de ce dernier, Defiance possède une latence des enfers (sérieusement). J’ai tout d’abord pensé que ça venait de moi et qu’un téléchargement s’était lancé à mon insu, mais non, c’est bien le jeu qui est comme ça. Ajoutez à ça une I.A. complètement perchée et vous obtenez des combats passionnants à base de téléportation et de souris qui volent.
► Points forts
- L’univers
- Les quêtes scénarisées
- Des doublages de qualité
- Beaucoup d’activités…
► Points faibles
- … qui deviennent vite répétitives
- Un maniement lourd
- Une interface horrible sur PC
- Une technique à la rue
- Le cross-média enterré
- Une latence surnaturelle
Passable
Testé sur PC
Defiance est disponible sur PC, PlayStation 3 et Xbox 360.
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