Le génial studio Supergiant Games (Transistor, Bastion) revient avec Hades, un hack’n’slash nerveux et à la difficulté relevée, mais qui a clairement besoin d’ajustements.
Tu seras evil, mon kid
Hades nous fait incarner le prince Zagreus, fils d’Hadès, dont l’objectif est de s’échapper des Enfers pour retrouver sa mère. Moqué par son père mais aidé par les dieux de l’Olympe, notre héros va devoir batailler sec pour pouvoir se sortir du monde où le dérèglement climatique a déjà atteint son apogée.
Supergiant Games nous livre ici un rogue-like marqué par une difficulté importante. Le jeu s’enchaîne selon des salles distribuées aléatoirement et, dans chacune, vous devrez zigouiller tous les ennemis qui s’y trouvent afin de progresser dans l’aventure.
Les salles elles-mêmes semblent prédéfinies, même si elles sont nombreuses. En effet, la construction de ces arènes (puisque c’est ce qu’elles sont) est arrêtée, seul leur enchaînement est dû au hasard. On reste dans le rogue-like, même si en ce qui me concerne, je suis assez attaché aux univers générés de manière totalement aléatoire.
Les salles elles-mêmes semblent prédéfinies, même si elles sont nombreuses. En effet, la construction de ces arènes (puisque c’est ce qu’elles sont) est arrêtée, seul leur enchaînement est dû au hasard.
Après avoir purifié une salle, vous avez généralement le choix entre 2 voies de sortie, chacune proposant un bonus en particulier (argent, pouvoir, santé, marchand…) que vous pouvez identifier avant de passer un seuil, histoire d’orienter votre progression.
Dès que Zagreus meurt, il revient à la maison de son père et peut converser avec les différents personnages présents, mais surtout augmenter ses stats et débloquer de nouveaux pouvoirs permanents.
Aucune limite à mon pouvoir
Ces pouvoirs permanents offrent des avantages non négligeables tels que des dégâts amplifiés quand assénés par derrière, des coups critiques à la sortie d’une esquive, etc.
S’ajoute à cela le choix de l’arme et d’un bonus représenté par un objet donné par l’un des personnages de la maison d’Hades. Au cours de vos pérégrinations, vous ramasserez des cadeaux que vous pourrez leur donner, en retour de quoi vous obtiendrez des équipements octroyant divers avantages : dégâts supplémentaires quand la santé est en dessous de 40%, santé max boostée de 25 points… Il en existe pour l’instant une petite quantité, mais elle est suffisamment variée.
Les armes proposées sont pour le moment au nombre de 4 : lance, arc, bouclier et épée. Il reste 2 emplacements vides qui à priori seront comblés avec de prochaines mises à jour. Chaque arme a ses avantages et ses inconvénients, ainsi que son coup spécial :
- Lance : longue portée, peut être chargée pour réaliser un coup circulaire. Spécial : lancer de l’arme, la rappeler déclenche des dégâts sur le retour.
- Arc : tir à distance. Spécial : volée de flèches en arc de cercle.
- Bouclier : repousse les ennemis, peut être chargé pour réaliser une charge en avant. Spécial : lancer de bouclier, qui rebondit sur les ennemis.
- Épée : dégâts plus importants. Spécial : zone de dégâts.
Même si l’on constate beaucoup de similarités, chaque arme offre un feeling propre et chacun trouvera sa favorite.
En plus de tout cela, les dieux de l’Olympe souhaitent vous aider à sortir des Enfers… pour des raisons qu’ils se gardent bien d’expliciter.
En plus de tout cela, les dieux de l’Olympe souhaitent vous aider à sortir des Enfers… pour des raisons qu’ils se gardent bien d’expliciter. Ainsi, vous aurez régulièrement l’opportunité d’avoir en récompense de salle le sceau d’un dieu en particulier. Celui-ci vous octroiera 1 pouvoir au choix parmi une sélection de 3 et restera actif jusqu’à la mort. Plusieurs dieux vous veulent du bien et vous pourrez donc combiner différents sceaux puis faire évoluer ces pouvoirs pour améliorer leurs effets.
Ce qui est mort ne saurait mourir
Les combats d’Hades sont survitaminés. Ça tape dans tous les sens et plus vous avancez, plus les ennemis sont nombreux et relous. Vous avez de quoi vous défendre avec une esquive, votre arme, son coup spécial, et un coup à distance supplémentaire qui inflige une faiblesse et des dégâts. On prend plaisir à tout casser et les interactions avec le décor permettent d’écraser les ennemis contre les murs pour leur faire plus de dégâts. En plus de cela, il est possible de détruire des pilier pour faire tomber des roches sur leurs têtes. Seule ombre au tableau : l’esquive n’est pas toujours réactive lorsque vous venez de déclencher une attaque.
Les combats d’Hades sont survitaminés.
Là où j’ai un problème avec Hades, c’est dans sa difficulté relevée, aspect que j’adore en temps normal – que dis-je, que j’adule. Il est ici assez mal géré puisque vous n’avez d’autre choix que de passer par la case mort. On pense souvent à l’écran “Vous êtes mort” quand on parle de Dark Souls, mais cette réputation est assez mal venue et porte ombrage au fantastique travail de FromSoftware. Si vous faites attention et êtes assez doué, il est tout à fait possible de faire les jeux FromSoftware de A à Z mourir, les feux de camp réguliers (mais non fréquents) vous permettent de dépenser votre expérience pour booster votre personnage et de suivre la courbe de difficulté savamment gérée.
Dans Hades, les pouvoirs temporaires octroyés par les dieux ne suffisent pas pour vous pousser vers l’avant continuellement et vous devez rentrer à la maison pour améliorer les pouvoirs permanents. Or le seul moyen de faire cela est de mourir, et mourir vous oblige à régénérer le donjon et tout recommencer, il en va de même pour le changement d’arme. Cela devient rapidement assez frustrant… et pas pour les bonnes raisons.
De plus, les fameux pouvoirs temporaires sont aléatoires, ce qui fait que vous n’avez aucune garantie d’obtenir par exemple le gros boost de dégâts d’Arès, qui représente un avantage substantiel. Aucune façon de se soigner non plus en-dehors de la fontaine ou du marchand – eux aussi aléatoires, même si le marchand intervient systématiquement avant un big boss.
Tout ceci tape un peu sur le système car votre progression n’est pas entièrement dépendante de votre compétence. En particulier, l’obligation de mourir paraît redondante, surtout que passé un stade, vous ne pouvez véritablement plus faire grand-chose face aux hordes (littéralement) des Enfers sans passer par la case amélioration du personnage.
L’action devient peu à peu complètement illisible.
D’ailleurs, à ce niveau, l’action devient peu à peu complètement illisible, avec une multitude d’ennemis aux pouvoirs variés partout à l’écran. J’en suis personnellement arrivé à un stade où je maintenais un rythme régulier et très fréquent d’utilisation de l’esquive juste pour ne pas rester au même endroit trop longtemps – tenter d’esquiver les attaques et pouvoirs en eux-mêmes n’a aucun sens au vu du manque de lisibilité.
C’est qui le beau chien à trois têtes à son papa ? C’est Herbert !
Supergiant Games a doté Hades d’une narration plutôt bien fichue puisque vous comprenez peu à peu ce qui se passe à travers des dialogues très courts avec différents personnages. Chaque fois que vous touchez le symbole d’un dieu de l’Olympe pour bénéficier de son pouvoir, il vous lâche un petit paragraphe qui vous explique le passé d’Hadès, laisse présager les intentions du dieu qui vous parle très discrètement, etc. Ceux parcourant les couloirs de la maison d’Hadès ont également des choses à vous apprendre au fil de votre aventure.
L’écriture est assez fournie puisque je n’ai pour l’instant constaté aucune répétition. Chaque dialogue est nouveau.
L’écriture est assez fournie puisque je n’ai pour l’instant constaté aucune répétition. Chaque dialogue est nouveau et apporte son lot d’informations, aussi menues soient-elles. Plusieurs points d’interaction brillent aussi ça et là et vous permettent d’en apprendre un peu plus sur l’univers d’Hades et son inspiration mythologique, à travers la voix d’un narrateur.
Pour continuer sur l’univers, la direction artistique est formidable, comme d’habitude avec Supergiant Games. Hades se dote d’une patte graphique résolument BD avec des animations très bien travaillées. Il n’y a qu’à voir les piliers s’ébranler lorsque vous tapez dessus. C’est un plaisir d’évoluer dans les différents tableaux, même si un peu plus de variation à l’intérieur des mondes aurait été la bienvenue – il existe plusieurs niveaux aux Enfers, la patte artistique reste assez homogène même – si talentueuse – et ne varie véritablement que d’un niveau à l’autre.
On a également affaire à une réussite musicale. La BO est de bon goût et on retrouve avec plaisir des morceaux de métal qui tâchent lors des combats de boss – oui j’aime Doom, et alors ?
Nom de Zeus !
Hades prend un bon départ, mais il a également une bonne marge d’évolution. La courbe de difficulté se révèle un trop abrupte, ce qui est totalement lié à la volonté de Supergiant Games de faire crever le joueur pour le faire évoluer – ce qui représente à mon sens une mauvaise lecture de la difficulté poussée. Malgré tout, les combats sont dynamiques et très prometteurs, en particulier avec le système de pouvoirs temporaires octroyés par les dieux de l’Olympe qui permettent de varier l’expérience. L’aléatoire est une donnée certes trop importante pour le moment mais fera, on l’espère, l’objet de calibrations. Hades constitue une bonne expérience de défouloir dans un univers artistiquement travaillé au corps qu’on ne saurait éviter.
► Points forts
- Direction artistique superbe…
- Bande son de bon goût.
- Combats dynamiques et acharnés.
- Système de pouvoirs de dieux de l’Olympe.
- Narration et écriture travaillées et étoffées.
► Points faibles
- … mais qui manque de variété au sein des niveaux des Enfers.
- Trop d’aléatoire.
- Mourir est une obligation et non une conséquence d’un manquement du joueur.
- Courbe de difficulté abrupte (notamment entre les deux premiers niveaux).
- L’esquive n’est pas toujours réactive lorsque l’on vient de déclencher une attaque.
War Legend a bénéficié d’une copie presse PC fournie par Supergiant Games.
Hades est disponible en accès anticipé sur PC (Epic Games Store).