Attendu par les fans de rogue-lites un peu opaques, mais addictifs, Risk of Rain 2 débarque sur Steam sans crier gare. Voilà ce que nous avons pensé de cette première version en accès anticipé.
Prévisions météoriques
Grand classique de la vague des rogue-lites qui ont défini le genre dans la première moitié des années 2010, Risk of Rain est l’oeuvre de deux étudiants passionnés de jeux vidéo, Paul Morse et Duncan Drummond, financée sur Kickstarter par presque 1700 backers confiants. Risk of Rain est brut de coffrage, mais est un petit bijou de game design et un véritable défi pour ceux qui aiment la difficulté bien dosée (en plus de posséder une bande-son sublime).
La boucle de gameplay de Risk of Rain est simple : vous tuez des monstres, gagnez en expérience, dépensez l’argent gagné contre des objets qui apportent divers bonus et vous passez au niveau suivant en défiant le boss, jusqu’à éventuellement arriver au dernier niveau. Seulement, le temps est compté et plus vous vous traînez, plus la difficulté augmente. Le twist, c’est que cette dernière n’a pas de limite.
Risk of Rain 2, c’est plus ou moins la même chose, jusqu’à même garder les monstres et certains objets du premier opus. Sauf qu’il y a un changement majeur qu’on a rarement vu dans le monde des suites de jeu vidéo : fini le pixel art en 2D, bonjour le shoot frénétique en 3D.
le temps est compté et plus vous vous traînez, plus la difficulté augmente. Le twist, c’est que cette dernière n’a pas de limite.
Ça boucle
On se retrouve alors à la troisième personne, clavier/souris en main. Si les premières minutes d’une run sont assez calmes et permettent de prendre ses marques dans le niveau, tout s’emballe assez rapidement et les vagues de monstres s’enchaînent sans cesse, sortant de sous-terre ou apparaissant dans les airs sans avertissement.
fini le pixel art en 2D, bonjour le shoot frénétique en 3D.
Les adeptes de shooters nerveux et précis trouveront leur bonheur, parce que si le bourrinisme bas du front est de rigueur pour nettoyer les vagues, esquiver les attaques pour éviter les plus gros dommages et repérer les menaces à éliminer en priorité de manière précise est aussi important. Ça va vite, et les pouvoirs de déplacement des personnages exigeront de vous un minimum de skill pour vous en sortir sans trop de bobos.
Le problème, c’est qu’il arrive toujours un moment où on se fait submerger de toute part, et on ne relâche jamais la gâchette. Le cerveau est en ébullition et il faut prendre des décisions toutes les microsecondes, que ce soit au niveau de la tactique immédiate ou plus globale comme la dépense de l’argent ou l’activation du téléporteur. C’est tout bonnement jouissif et addictif.
C’est tout bonnement jouissif et addictif.
Les combats de boss (également les mêmes que le premier épisode) prennent une dimension encore plus dramatique via cette nouvelle perspective. On tire souvent d’en bas, et chaque affrontement de grande envergure devient rapidement dantesque. Rajoutez une bonne vingtaine d’ennemis et on ne sait plus ou en donner de la tête, et pourtant, l’action reste lisible en toute circonstance (jusqu’à un certain point extrême).
Vu la taille de certains monstres et boss, on peut regretter qu’il n’y ait pas de points faibles particuliers à viser, mais le titre se veut très… épuré, voire austère, mais le plaisir du jeu vient essentiellement des chiffres et des statistiques qui deviennent délirants. On gratte les barres de vie, et on le fait bien.
Le titre se veut très épuré, voire austère, mais le plaisir du jeu vient essentiellement des chiffres et des statistiques qui deviennent délirants.
LES CHIFFRES
Quand on lance Risk of Rain 2, il est étonnant de se rendre compte que l’on est réellement en terrain connu, et de vieilles habitudes se réinstallent confortablement dans votre salon mental dès les premières minutes de jeu écoulées. On cherche des capsules d’argent, on ouvre des coffres, on utilise ou non des autels qui apportent du soutien, on gagne en expérience et en puissance en survivant aux vagues de monstres, et on rouspète parce qu’on ne trouve pas le putain de téléporteur pour le prochain niveau (bah oui, ça coûte du temps).
Comme dans le premier épisode, l’évaluation des risques est un élément central. Le joueur doit prendre des décisions en permanence qui peuvent lui coûter sur un terme plus ou moins long. Si le joueur gagne des niveaux au fur et à mesure qu’il tue des monstres, eux deviennent plus forts au fil du temps, et ce de manière infinie. Prendre son temps à nettoyer un niveau peut être intéressant pour récupérer des objets, mais l’avarice pose alors souvent plus de problèmes qu’elle n’en résout.
L’évaluation des risques est un élément central. Le joueur doit prendre des décisions en permanence qui peuvent lui coûter sur un terme plus ou moins long
Il y a toujours un moment où les niveaux s’acquièrent moins rapidement que la difficulté augmente, et seul le build du joueur fera la différence, toujours jusqu’à un certain point. L’apprentissage passe alors par la recherche du “ressenti” de savoir si on peut se permettre de farmer encore un peu ou s’il faut défier le boss pour passer à la suite.
Chaque run permet de débloquer de nouveaux objets pour les suivantes, toujours avec la réussite de succès plus moins linéaires, allant de “finir une trentaine de niveaux” à “tuer un boss en moins de 30 secondes” en passant par “atteindre 200% de vitesse d’attaque”. Il en va de même pour débloquer différents personnages.
Dans les grandes lignes, le game design global est très similaire au grand frère, voire un peu trop si on est un poil relou, mais ça fonctionne toujours aussi bien, l’aspect bien nerveux en plus. On renouvelle difficilement plus une expérience qu’en changeant radicalement de perspective de jeu.
Dans les grandes lignes, le game design global est très similaire au grand frère, mais ça fonctionne toujours aussi bien
Naufragés de l’espace
Le gameplay des différents personnages gagne énormément de cachet avec la nouvelle dimension de la licence. Si chacun possède des compétences propres et des caractéristiques qui les distinguent, leur gameplay s’en retrouve très différents souris en main, les sensations de tir changeant radicalement d’un personnage à l’autre.
Le gameplay des différents personnages gagne énormément de cachet avec la nouvelle dimension de la licence.
Si le Commando peut tirer en ligne droite, la Chasseresse tire avec un auto-lock sur la cible la plus proche, mais peut tirer tout en sprintant ; l’Ingénieur peut lancer une flopée de grenades qui font de gros dégâts, mais à courte portée ; Le robot Mul-T sacrifie sa capacité ultime contre la possibilité d’interchanger de type d’arme principale et le Mercenaire a troqué un flingue contre une grosse épée. Il y en a pour tous les goûts et débloquer un personnage renouvelle instantanément le plaisir de jeu, et comme pour le premier opus, ça peut prendre un peu de temps si on ne cherche pas à faire les succès associés.
Le gameplay d’un personnage peut également orienter le joueur vers un style de build de particulier qu’il voudrait se constituer (quand c’est possible, merci les nouvelles imprimantes 3D). Les objets ont souvent des effets assez basiques (à plus complexes pour les plus rares), mais ils sont cumulables à l’infini, sans aucune restriction. Il est alors tout à fait possible de sauter 17 fois d’affilé, de posséder un bouclier qui fait trois fois votre barre de vie d’atteindre les 200% de chances de dégâts critiques.
Les objets ont souvent des effets assez basiques (à plus complexes pour les plus rares), mais ils sont cumulables à l’infini.
Les mélanges ne sont pas aussi délirants qu’un Binding of Isaac, mais on aime surtout les GROS CHIFFRES. Mention spéciale pour les objets qui sont visibles sur le personnage. C’est totalement ridicule en late game.
Si Risk of Rain permettait de jouer à deux sur le même écran, Risk of Rain 2 profite de son nouvel axe Z pour passer le chiffre à 4. Il est alors intéressant d’essayer de diversifier le casting, tant certaines synergies peuvent être intéressantes. Si le jeu a la fâcheuse tendance de montrer les dégâts de TOUS les joueurs, ça reste étonnamment lisible, même avec un déferlement de skill et de monstres à l’écran. On arrive quand même à distinguer les différentes menaces, c’est le principal.
Risk of Rain 2 profite de son nouvel axe Z pour passer à quatre joueurs.
Il est tout à fait possible de jouer avec des inconnus, et on préféra ce mode au bête solo, même s’il est assez difficile de prendre des décisions réfléchies sans réel outil de communication (à part un ping contextuel pas trop basique). Le vrai problème, c’est que tout le monde a tendance à prendre trop son temps avant de passer au niveau suivant. On peut également ajouter le fait que les objets ne sont pas protégés, chacun pensant un peu trop à sa gueule.
Il n’est pas rare qu’un joueur unique pique les récompenses de boss de tout le groupe, ou qu’un autre téléporte tout le groupe pour imposer son rythme, mais dans l’absolu, on arrive quand même à s’amuser (surtout quand tout le monde ne fait pas n’importe quoi).
Il n’est pas rare qu’un joueur unique pique les récompenses de boss de tout le groupe
Privilégiez alors le titre pour des sessions épiques avec des potes. Avec un peu de discipline et de la coordination, on peut arriver assez loin, s’attaquer à un défi assez relevé (surtout en mode difficile) et se marrer un bon coup.
Encore une run
Après une bonne vingtaine d’heures, Risk of Rain 2 a malheureusement déjà joué la majorité de ses cartes, mais comme il s’agit d’un accès anticipé, Hopoo Games espère pouvoir étoffer l’expérience de façon satisfaisante dans l’année à venir, à l’instar du premier Risk of Rain. Le contenu risque de presque doubler, ce qui peut augmenter la durée de vie de façon exponentielle.
Nous visons trois objectifs pour la version 1.0 du jeu. D’une part, nous voulons proposer davantage de contenu (10 personnages, 10 niveaux, 12 boss et plus de 100 objets). D’autre part, nous souhaitons créer une fin digne de ce nom et un combat de boss tout aussi épique. Enfin, nous tenons à ce que le jeu soit aussi peaufiné que possible à sa sortie, et envisageons dans ce but l’ajout de nouvelles fonctionnalités, ainsi que la localisation du jeu dans d’autres langues que l’anglais.
Il y a tout de même déjà quelques fonctionnalités secrètes qui font plaisir aux fans de rogue-lites un peu obscurs et qui ne demandent qu’à être comprises et maîtrisées, ce qui pourrait prendre encore de l’ampleur dans le futur.
Le contenu risque de presque doubler, ce qui peut augmenter la durée de vie de façon exponentielle.
À l’instar du premier épisode, les niveaux ne sont pas générés procéduralement, mais apprendre l’agencement de leurs différentes variantes fait partie de l’expérience pour des runs de plus en plus efficaces et rapides. Seuls l’emplacement des objets et autels ainsi que les monstres changent. Cependant, les niveaux se répètent quand même encore un peu trop à mon goût.
Risk of Rain 2 est déjà l’un des jeux les plus joués sur Steam et a reçu un accueil des plus chaleureux lors de sa sortie surprise à la PAX East 2019, avec des évaluations “extrêmement positives”, ce qui est assez rare sur la plateforme. Autant dire que vous ne manquerez pas de camarades en ligne pour combler vos parties.
Difficile également de ne pas faire mention du retour de Chris Christodoulou aux platines
Difficile également de ne pas faire mention du retour de Chris Christodoulou aux platines, avec la même touche éthérée si particulière du premier épisode, mais renforcée à coups de percussions et de grattes électriques. Le nombre de pistes est assez limité pour l’instant, mais on ne s’en lasse pas trop.
Après la pluie, le beau temps
Risk of Rain 2 est un pari risqué, mais qui valait clairement le coup. Malgré son contenu qui ne demande qu’à s’étoffer, le titre possède une boucle de gameplay solide, grisante et bien à lui. On retrouve le plaisir de jeu du premier épisode, mais avec tous les potards coincés sur 11. Intéressant en solo et jouissif en multijoueur, difficile de ne pas voir le soft comme une nouvelle drogue pour les accros aux rogues-lites. Cette première version du jeu est plus que recommandable et donne envie de relancer des parties en chaîne, même après être mort comme un caca sur une run de plus d’une heure. On y fait assez vite le tour, mais les prochaines mises à jour devraient provoquer quelques rechutes violentes.
► Points forts
- Un passage de la 2D à la 3D maîtrisée
- De l’action nerveuse, mais précise
- Un concept toujours aussi élégant que profond
- Un multijoueur très efficace
- Plutôt jolie et lisible en toute circonstance
- Assez bien optimisé
- Des builds complètement pétés
► Points faibles
- Un contenu encore un peu faiblard
- Une IA parfois coincée
- Pas toujours simple de savoir comment on est mort
- Courbe de difficulté parfois vraiment abrupte
- Les autres
Bienvenue dans la troisième dimension
Risk of Rain est disponible en accès anticipé sur PC.
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ça vend du rêve , merci pour l’article :)