Alors que des joueurs sont encore victimes du géoblocage dans les jeux vidéo, Bruxelles fait la chasse aux pratiques anticoncurrentielles. Valve et 5 autres éditeurs sont dès à présent sous le feu des projecteurs.
Fermez les valves, ça va exploser
Comme vous le savez peut-être, depuis le 3 décembre dernier, la Commission européenne a mis un terme au blocage géographique (ou géoblocage) qui consiste à empêcher tout consommateur de pouvoir acheter un produit dans un pays autre que le sien.
Depuis peu, Steam et 5 éditeurs, à savoir Bandai Namco, Capcom, Focus Home, Koch Media et ZeniMax, sont dans le collimateur de la Commission qui accuse les entreprises de pratiques anticoncurrentielles. En effet, Margrethe Vestager, le commissaire chargé de la politique de concurrence explique dans un communiqué de presse :
Dans un véritable marché unique numérique, les consommateurs européens devraient avoir le droit d’acheter les jeux vidéo de leur choix et d’y jouer, quel que soit le pays de l’UE dans lequel ils vivent. Ils ne devraient pas être empêchés de comparer les prix dans les différents États membres afin de trouver la meilleure offre disponible. Valve et les cinq éditeurs de jeux vidéo sur PC ont à présent la possibilité de répondre à nos préoccupations.
La Commission estime à titre préliminaire que Valve et les cinq éditeurs susnommés ont signé des accords bilatéraux visant à bloquer géographiquement des jeux vidéo sur PC. Une telle pratique est contraire aux règles de l’UE en matière d’ententes et d’abus de position dominante.
Toutefois, le nouveau règlement concernant le géoblocage ne s’applique qu’aux ventes physiques, et par conséquent les plaintes ne visent, à l’heure actuelle, que la vente de clés d’activation obtenues à l’aide de supports physiques. Néanmoins, la Commission compte bien étendre ses règles anticoncurrentielles aux ventes digitales d’ici 2020.
J’ai pas peur des mangeurs de frites
De son côté, Steam a répondu dans un communiqué de presse aux reproches adressés par la Commission européenne :
Les accusations de la CE (Commission européenne) ne concernent pas la vente de jeux PC sur Steam. Au lieu de cela, la CE allègue que Valve a autorisé le géoblocage en fournissant des clés d’activations et — à la demande des éditeurs — les a verrouillé à des régions spécifiques sur l’Espace économique européen (EEE).
Ce genre de clés permet aux consommateurs d’activer et de jouer au jeu sur Steam, mais seulement après l’avoir acheté chez un revendeur tiers. Valve fournit des clés d’activation Steam gratuitement, et ne reçoit aucune part du prix d’achat lorsqu’un jeu est vendu par l’un de ces revendeurs.
Le géoblocage ne s’applique qu’à un très faible nombre de titres, approximativement 3% de tous les jeux utilisant Steam. Valve estime que, dans ces circonstances, l’extension de la responsabilité de la Commission européenne à un fournisseur de plateforme ne s’applique pas à la loi actuelle.
Néanmoins, en raison des préoccupations de la CE, Valve a effectivement désactivé le géoblocage dans l’EEE depuis 2015, à moins que le blocage soit nécessaire en raison d’exigences locales (comme les lois sur le contenu allemand) ou de limitations géographiques sur lesquelles le partenaire Steam est autorisé à distribuer.
Valve conclut le communiqué en précisant qu’avec la suppression du géoblocage, certains éditeurs vont certainement augmenter les prix dans les régions les moins riches, afin d’éviter l’arbitrage des prix.
Mais ce que Steam ne précise pas, c’est que l’inverse va immanquablement se produire, et ces mêmes éditeurs baisseront les prix dans d’autres pays afin de standardiser le marché à travers toute l’Union européenne.