Après des années suspendus à la série tirée des livres de George R.R. Martin, la saison 8 marque la pire fin que les fans pouvaient redouter.
Tout le monde ne vise pas aussi bien qu’Arya
Note : ce billet est bien évidemment riche en spoilers, ne le lisez pas avant d’avoir visionné le dernier épisode de la saison 8 de Game of Thrones. Sauf si vous vous en foutez.
Dès le premier épisode de cette saison 8, quelque chose n’allait pas. Comme un vilain arrière-goût dans le fond de la bouche. L’intrigue était molle, dépourvue de ressorts et d’inspiration dans l’écriture. Alors que bon, moi je m’attendais certes à être déçu (les attentes étaient beaucoup trop grandes), mais que Weiss et Benioff, showrunners de la saga, mettent le paquet pour redémarrer en trombe, quitte à ralentir par la suite pour finalement terminer en apothéose.
Sauf que les épisodes se sont égrenés et que je me suis irrémédiablement emmerdé. Je suis désolé, il n’y a pas d’autre mot. Le pire, c’est que cette saison 8 m’a complètement sorti de l’univers dans lequel on m’avait plongé 7 saisons durant, et ça c’est la pire des trahisons (ex æquo avec les incohérences). Comment, après tant d’années à bosser en collaboration directe avec l’auteur lui-même peut-on se fourvoyer à ce point-là ? Malgré mes réserves initiales, mes attentes demeurèrent-elles trop grandes ? Je ne crois pas.
En vérité, la saison 8 de Game of Thrones n’est pas si déconnante que ça. Si vous y réfléchissez bien, beaucoup de choses font sens (et d’autres pas), elles ont simplement été amenées beaucoup trop vite. Je suis le premier à dire qu’il faut savoir s’arrêter, mais pour une fois, il fallait savoir continuer.
Je vais vous prendre un Port-Réal sauce ketchup
Parmi les reproches que les détracteurs réservent régulièrement à Game of Thrones, on retrouve la lenteur. “Il ne se passe rien”, lit-on ça et là. Tout dépend de ce que l’on considère comme un événement, mais c’est un débat que je ne tiendrai pas ici. Pourtant oui, une saison supplémentaire ou tout du moins quelques épisodes auraient permis de mieux faire passer la pilule.
Le choix de Daenerys Targaryen de faire un barbecue à Port-Réal est, dans le fond, parfaitement logique. En dehors du fait que le bord de mer constitue forcément un emplacement de choix pour griller de la saucisse, la prétendante au trône de fer l’annonce clairement : si les habitants de Westeros refusent de l’aimer, alors ils devront la craindre pour qu’elle puisse régner. Il est mis en évidence que le choix du peuple se porte sur son neveu, et son irrésistible ascension depuis plusieurs saisons aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Toutefois, cet élément seul ne suffit pas à expliquer son pétage de plomb. Il faut le rapprocher de la trahison ou disparition de ses alliés : Jon la trahit de par sa naissance, Varys tente de la tuer, Tyrion libère son frère qui rejoindra le camp adverse, Missandei se la joue Highlander, mais pas côté gagnant, etc. De plus, le peu d’amour qu’elle recevait de Jon et Jorah lui est retiré tandis que sa haine se voit encouragée par Vers Gris.
Dans le même temps, elle arrive dans un territoire étranger dont on lui avait raconté qu’il attendait son retour et se rend compte que les seigneurs d’un royaume sont plus appréciés qu’elle. Jusqu’ici, elle était accueillie en libératrice, une figure qui avait atteint le rang du sacré. Le seul territoire qu’elle ait jamais réellement convoité lui échappe car ses habitants ne l’aiment pas, et elle est foncièrement incapable de le supporter. La seule façon pour elle de régner est de supprimer ceux qui verraient dans la réelle identité de Jon Snow une aubaine.
Alors pourquoi est-ce que ce revirement ne fonctionne pas ? Tout simplement parce qu’à l’image de la totalité de la saison : il arrive trop vite. Oui, j’ai bien dit que les épisodes se montraient trop lents dans cette saison, mais ils le sont dans les moments où ils n’ont rien à dire. Tout le long de cette saison, je n’ai cessé de me dire : “ces épisodes me crient au visage : George n’a pas encore écrit les livres !” La folie de Daenerys aurait dû s’installer insidieusement, subtilement. L’effet de surprise lorsqu’elle décide de cramer tout le monde relève de l’incompréhension et non de la tension de l’incertitude relâchée à ce moment-là. Bref, c’est un échec cuisant (sans mauvais jeu de mots).
Écrit par Jaime Lannister
Oh et pitié qu’on ne vienne pas nous gonfler avec les discours du type “oh là là, scandale Daenerys finalement elle est tarée comme son père, bonjour le déterminisme !” Quelqu’un a gueulé pour Viserys, visiblement bercé très près du mur ? Quelqu’un l’a ouverte pour Jon/Aegon, qui pour le coup n’a pas l’air d’être franchement affecté par le fameux déterminisme, bien au contraire ? “Quand un Targaryen naît, les dieux jettent une pièce.” Les maladies mentales de famille, ça existe. Point barre.
Tout cela n’est en rien aidé par l’écriture complètement bancale (et encore, je suis gentil) de cette saison 8. Quelle quantité de dialogues insipides ! Le dernier épisode en particulier en fait les frais, et notamment lorsqu’il s’agit de faire parler une Daenerys ravagée du ciboulot. On n’y croit tout simplement pas, la faute à l’irruption radicale de la folie et au manque de subtilité absolument dingue quand on voit le soin apporté aux dialogues des saisons précédentes. Encore une fois, on sent de bout en bout que l’auteur n’a pas encore écrit les livres et que les scénaristes et showrunners sont juste paumés.
On le remarque aussi particulièrement au moment du dialogue entre Jon et Tyrion après que ce dernier se soit fait emprisonner par la foldingue des allume-feux. Franchement, cette vieille conversation pourrie sur l’amour et le devoir, elle sort d’où ? Vous les sentez un peu les gros sabots des scénaristes ou pas ? Ce passage ne sert absolument à rien et ne fait qu’énoncer des lieux communs insipides qui ont été mille fois mieux intégrés de manière subtile par le passé. Bordel, la dernière fois que j’ai vu ça c’était dans Batman VS Superman.
Bran me les brise
Parlons enfin de l’arrivée de Bran sur le trône de fer (enfin un autre du coup). Beaucoup de fans critiquent ce choix, mais il n’est pas complètement dénué de sens non plus, même si beaucoup plus difficile à justifier que la folie de Daenerys. En effet, il est la Corneille à trois yeux, le personnage le plus à-même de guider l’humanité vers son apogée, d’où son statut d’ennemi ultime du Roi de la nuit – élément d’intrigue lui aussi extrêmement mal amené et pourtant pas dénué de sens dans le fond.
Le placement de Bran à la tête des 6 royaumes est donc somme toute logique.
Sauf que…
Sauf que Bran s’évertue à rejeter tous les titres qu’on veut lui prêter. Il ne veut déjà pas être Gardien du Nord – il n’est même plus Brandon Stark -, alors quand il déclare avec un aplomb formidable qu’il avait tout prévu depuis le départ, on se dit juste :
Surtout que cela pose un problème majeur : s’il avait tout prévu, il a sciemment laissé mourir une ville entière pour arriver au pouvoir. Non seulement cela en fait un candidat tout disposé à être exécuté sur place, mais en plus de cela ça ne colle pas du tout avec le caractère intrinsèque de son personnage, saint patron de l’humanité.
Malgré tout, les seigneurs de Westeros semblent très satisfaits de leur choix de roi, gros benêts qu’ils sont – d’ailleurs ça ne choque personne de voir que le comité est absolument unanime ? Même Robin ? Même Yara Greyjoy qui gueule 2 secondes avant parce que Daenerys a été assassinée ? D’un coup, d’un seul, les seigneurs de Westeros ont vu la lumière, ils ne sont plus assoiffés de pouvoir, c’est merveilleux, sortez les licornes et les paillettes. Ils sont juste cons, les béni-oui-oui, grand bien leur fasse.
Mais admettons que Bran sur le trône roulant représente le salut de l’humanité, quelqu’un veut bien m’expliquer comment il compte faire vu qu’à priori il n’a rien à carrer de la gestion des royaumes ? Je veux dire, à la fin il se pointe dans la salle du conseil restreint pour dire : “les gars je vous laisse faire, moi je vais chasser le piou-piou”. Alors du coup si c’est le conseil restreint qui gouverne et non la Corneille à trois yeux… est-ce que les mêmes merdes ne vont pas tout simplement recommencer ? Et puis bon, Bran salut de l’humanité… il ne faut pas oublier que Westeros, ce n’est pas l’humanité, juste une partie – et on ne sait même pas quelle proportion.
Tant que j’y suis au sujet du piou-piou : son délire de cramer le trône de fer, c’est très chouette pour la mise en scène, mais ça n’a pas de sens en soi puisque étant un dragon, je doute de sa capacité à comprendre ce qu’est un trône. Fruit du hasard, sans doute…
Winter is dégaging
Il y a tout de même du bon dans tout cela, avec des plans superbes comme d’habitude, et une conclusion sur la famille Stark, au cœur de cette saga. Arya entreprend d’explorer l’ouest (elle pourrait demander à son frangin, mais ça serait moins drôle faut avouer) tandis que Sansa récupère l’indépendance et la gouvernance du Nord – tant qu’à faire pourquoi les autres seigneurs ne réclament pas leur indépendance également, l’appel du pouvoir devrait les amener logiquement vers cette conclusion : si le Nord se barre, nous aussi les gros. On pourra dire qu’ils placent leur foi en Bran, qui visiblement suscite l’abandon de tout scepticisme.
Bran le Brisé décide d’envoyer Jon au nord. Beaucoup ont critiqué ce choix : la Garde de Nuit n’a plus raison d’être. C’est parfaitement vrai, mais si l’on en croit l’omniscience de Bran, il savait parfaitement ce qu’il faisait. Le fait d’envoyer Jon au nord est en fait un moyen détourné de lui rendre la liberté et d’en faire par extension le nouveau roi par-delà le mur, vu qu’il y a déjà un moment que les sauvageons l’ont choisi. La petite plante qui pousse dans la neige devant le mur semble d’ailleurs suggérer un renouveau alors que Jon/Aegon et ses nouveaux sujets s’éloignent vers des contrées qui quittent à présent l’hiver.
Dites donc, heureusement que Vers Gris est devenu con, sinon il se serait dit qu’en se barrant de Port-Réal, il n’avait aucune garantie que Jon soit dûment puni. À tous les coups.
Critique intéressante, il est dur de dire adieu à une série qui nous à longtemps tenue en halène.
Perso, je trouve la folie de Daenerys mieux amener que celle d’Anakin dans la saga Star Wars, même si comme toute la saison on sent la précipitation.
Pour Bran ça ne me choque pas, comme ils le disent c’est un bon compromis, les seigneurs de Westeros sont peut être lassés de toutes ses tueries, d’ailleurs moi ce qui me choque le plus c’est l’impression que les armées sont de plus en plus grandes alors qu’il y a eu des milliers de morts.
Tout manque de punch dans la fin de saison, je n’ai jamais transpiré pour les personnages comme sur les anciennes saisons. J’aurais bien vu une confrontation Versgris/jon avec Daenerys qui s’interpose, un mariage Tyrion/Sansa et pleins d’autres sujet intéressant a retranscrire à l’écran.
Merci de leurs donner des cours de stratégie militaire ! car quand Bronn dit que si il tue un général ou deux la victoire peut changer de camp, c’est qu’il les a pas vu combattre Oo
Donc on est déçu de ne pas finir sur une apothéose , ce qui nous fait une saison finale acceptable pour une conclusion, mais sans saveur
le combat contre les marcheurs blanc a été trop rapide, les commandants n’ont servis à rien, par exemple.
ils auraient du faire toute une saison rien qu’avec eux et leur progression… ca aurait déjà été plus sympa, ensuite l’autre guerre contre la capital, a été ridicule, beaucoup trop facile, trop rapide, la encore presqu’une saison aurai été necessaire, le choix de tout bruler semble hors contexte, le déclic est basé par rapport à Melissandre vraiment ? Il manquait une chose sur l’instant pour vraiment la faire peter un plomb, peut-être la mort de greyworm par exemple ? et que ce pétage de plomb continue jusqu’à obligé jon snow à la tuer…
bran a vraiment tout prévu ? dans ce cas pourquoi pas, mais cela donnerai de nombreuses incohérences avec l’histoire..
C’est vrai que je n’en ai pas parlé des armées, mais même à la fin après la bataille de Port-Réal, wtf il reste tout ça de Dothrakis et Immaculés ? C’est un cross-over avec la guerre des clones ou quoi ? Et puis il y a aussi le fait d’envoyer les Dothrakis à l’attaque pendant la défense de Winterfell. Ils voudraient collaborer qu’ils ne s’y prendraient pas mieux. Ouais tout ça manque de patate, ça manque aussi de temps ; ça manque un peu de tout en fait malheureusement. Je me consolerai avec les livres, s’ils sortent un jour !
Il suffisait d’enfermer George R.R. Martin dans une tour et l’obliger de terminer ses livres tout en le menaçant de le remplacer par des showrunners de series z. Pourquoi George R.R. Martin nous as-tu abandonné ?
Il y a tellement d’incohérences dans cette saison que s’en est triste. Pour Bran je suis pas du tout d’accord avec son couronnement, alors oui comme Hexen le dit dans l’article c’est la corneille, le mec omniscient, sauf que son personnage est caractérisé par "l’inaction totale" je veux bien qu’il soit en fauteuil roulant mais quand même :p. impossible de mettre un gars ne prend aucune décision et ne souhaitent pas prendre part aux choses. Deuxième gros point majeur qui est selon moi peu mis en avant dans les critiques c’est un mauvais focus sur les antagonistes, on a le roi de la nuit et cersei il me parait beaucoup plus cohérent que LE méchant de la série celui qui est attendus celui qui maintiens la tension de la série c’est le roi de la nuit et les marcheurs blanc, de ce fait tu ne le fait pas crever en milieu de saison pour faire de cersei "le boss final" et quel boss attention xD. A part faire son caprice "non je partirai, c’est mon miens" elle n’a servis à rien. Alors ça reviens à bouleverser beaucoup de choses dans le scénario d’un point de vue macro mais j’aurai trouvé ça plus logique. le premier élément qui nous met sous tension depuis le début de la série c’est le mystère autours des marcheurs blanc, cersei à côté c’est la protagoniste d’une bagarre de cours de récré en maternelle.