David Brevik, Erich et Max Schaefer ont créé Diablo et Blizzard North. Pour eux, “Blizzard n’a pas “en quelque sorte changé”, elle a changé complètement.”
Un empire soumis aux actionnaires
Lors de l’ExileCon en Nouvelle-Zélande qui s’est déroulée le week-end dernier, PC Gamer a eu le plaisir d’harponner Brevik et les frères Schaefer au détour d’un couloir pour s’asseoir et tailler le bout de gras. À cette occasion, les hommes grâce à qui la licence Diablo a vu le jour (et a continuer de le voir jusqu’en 2003, après la sortie de Diablo II – ceci explique cela pour Diablo III hein) se sont exprimés sur ce qu’ils pensent de l’entreprise qu’ils ont quittée au début des années 2000.
À la lumière des récents événements, qu’il s’agisse des licenciements massifs incompréhensibles ou de la polémique Blitzchung, les créateurs ne reconnaissent plus du tout Blibli. Lorsque PC Gamer leur demande s’ils ne pensent pas que Blizzard a “en quelque sorte” changé, ils sont catégoriques :
Ça n’a pas “en quelque sorte” changé, ça a complètement changé. Le vieux Blizzard est mort. Lorsque nous avons démissionné, il y avait quelque chose comme 180 employés en tout. Ils sont des milliers à présent. L’empire tout entier est différent, et Activision n’avait aucune influence. À cette époque c’était juste Blizzard et puis une entreprise propriétaire anonyme, Vivendi ou un truc du genre. C’était tout. Et donc maintenant [Blizzard est] un empire vidéoludique qui doit apaiser les actionnaires et tous ces trucs.
Considérant que cela fait 16 ans que Brevik et les Schaefer ont taillé la route, on pourrait estimer qu’ils sont un peu déphasés, mais il faut bien reconnaître que ces propos sont parfaitement en phase avec ce que l’on perçoit de Blizzard depuis le succès de World of Warcraft et surtout le rachat par Activision. Ceux qui comme moi font partie de la Blizzard family depuis la première heure assistent impuissants à la déliquescence de l’esprit Blizzard d’année en année.
Les 3 hommes expliquent malgré tout que, déjà à leur époque, il était compliqué de faire valoir le choix du gore et du satanique pour la direction artistique de Diablo 2 : il y avait une vraie dichotomie entre Blizzard et Blizzard North.
Pour rappel, Blizzard North s’appelait à l’origine Condor Software. Lorsque Blibli a vu le projet Diablo, l’entreprise a décidé de racheter son concurrent pour en faire une filiale. Blizzard North était né et a sorti par la suite 2 Diablo avant que ses créateurs se barrent, ce qui a conduit à la fermeture du studio en 2005. Le trio pointe du doigt le succès des licences phares du studio et éditeur : Diablo, Warcraft et StarCraft. En raison de cela, il est devenu de plus en plus difficile, selon eux, de conserver leurs partis pris artistiques face à une bureaucratie d’entreprise de plus en plus affirmée. Erich Shaefer raconte :
Je pense que l’élément le plus marquant est que nous ne parlions pas de valeur actionnariale. Nous ne parlions pas du gouvernement chinois et de ce qu’ils pourraient vouloir. La seule chose dont nous discutions était ce que nous voulions faire et ce que les fans désiraient. Ce n’est à l’évidence plus le cas, pour le meilleur ou le pire. Je ne les blâme pas. C’est une entreprise colossale.
Son frère appuie :
Vous ne pouvez pas être si gros et rester aussi libre que nous l’étions, et l’une des raisons pour lesquelles nous sommes partis, c’est que nous voulions être plus indépendants et ne pas être redevables à une quelconque organisation gigantesque. Tout change. Nous n’aurions pas survécu à la croissance [de Blizzard] en y restant, peu importe la forme de ladite croissance. Cela nous aurait juste rendu fous, parce que tout ce qu’on veut c’est avoir une équipe et créer des jeux comme nous le voulons. C’était possible quand Blizzard était un petit groupe et ce n’est pas possible dans un genre d’empire façon conglomérat de médias comme à l’heure actuelle.
Max Schaefer bosse toujours sur Torchlight Frontiers et vient d’ailleurs d’annoncer son report.
David Brevik travaille de son côté sur la localisation chinoise de Path of Exile et a monté son studio indépendant, tandis qu’Erich Schaefer est au boulot sur un projet indépendant mystérieux.