Le saviez-vous ? Le new weird est un genre littéraire qui a directement influencé la création de Control et par conséquent la perception que vous en avez.
Mieux vaut être paumé
Le dernier titre en date de Remedy Entertainment, Control, offre une atmosphère incomparable comme on n’en voit malheureusement que rarement, tous médias confondus. Il a ce je ne sais quoi qui nous attrape et ne nous lâche plus. En réalité, il y a bien une petite explication, et elle vous est offerte par le big boss de Remedy, Sam Lake, qui l’exprime au micro de GamesBeat.
L’idée qui m’intéressait particulièrement pour Control – nous prenions le “new weird”, le genre littéraire, qui adopte cette approche selon laquelle nous faisons face à des choses que nous ne comprenons pas pleinement. Elles ne peuvent obtenir d’explication satisfaisante qui vous serait donnée, genre : “voilà la réponse, voilà de quoi il retourne exactement.”
En gardant un équilibre, nous avons tout de même une très bonne idée qu’il s’agit de ces trucs, mais nous avons ensuite la contrainte de ne jamais les exprimer clairement. Nous devons marcher sur ce fil d’équilibriste de manière à ce que tout le monde ait assez pour rassembler des pièces du puzzle et formuler une théorie, mais pas assez ; ce qui nous amènerait à retirer l’opportunité de faire cela en donnant simplement l’explication [au joueur]. Ceci, d’une certaine manière, me plaît dans le new weird, à la lecture de ces histoires. Ma curiosité est piquée lorsque quelque chose est bien fait et que je sens que je ne suis pas tout-à-fait assez intelligent pour tout comprendre.
Je sais que c’est le critère rebutant pour certains. Mais moi ça m’intéresse. Parfois c’est même… ça m’attire vers David Lynch, son travail. C’est vraiment comment dans un rêve. Lorsque je regarde la dernière saison de Twin Peaks, par exemple, je me sens heureux. J’ai l’impression d’être entre de bonnes mains. C’est difficile à comprendre, et pourtant on sent que c’est cohérent. On sent qu’il y a du sens. Rien ne vient briser cela de quelque manière que ce soit. C’est vraiment très bien fait.
J’en arrive presque à un point où je n’ai même plus besoin de comprendre la signification exacte. J’ai ce sentiment de sécurité. La vie nous embrouille, m’embrouille, à maintes reprises. Il n’y a pas toujours de réponses toutes faites dans la vie. J’ai la sensation que dans l’art, on n’a pas besoin que tout nous soit expliqué, du moment que c’est bien fait. La version mal faite est celle qui casse vore immersion et vous fait commencer à douter qu’il y ait un sens. Il y a trop d’erreurs pour que ça soit cohérent. Ensuite ça s’effondre et c’est fichu. Il s’agit d’une performance d’équilibriste consciencieuse. C’est vraiment ce qu’on a essayé de faire avec Control, de créer un sentiment tel que celui-ci.
Au cas où vous n’auriez pas joué à Control (personne n’est parfait), sachez que c’est réussi.
Est-ce que vous aimez devoir réfléchir par vous-même pour trouver une explication qui ne sera jamais complètement satisfaisante ? Pour ma part, ça a toujours été ce que je préférais, d’où mon amour pour le lore des Soulsborne. Si à tout hasard vous vous découvrez une passion pour le “weird”, sachez que Lovecraft et son mythe de Cthulhu est un excellent point de départ.
Control est disponible sur PC, Xbox One et PS4.