Suite aux accusations d’entretenir un climat misogyne et sexiste dans son entreprise, Riot Games a décidé de dédommager toutes les employées de l’entreprise, pour un total de 10 millions de dollars.
Bonne foi
Souvenez-vous durant l’été 2018. Kotaku avait pondu un long article sur la culture d’entreprise qui régnait chez Riot Games dans ses locaux en Californie. Le studio était accusé d’entretenir un climat sexiste en privilégiant certains profils typés masculins, avec des responsables qui empêchaient l’ascension de collaboratrices dans la hiérarchie de manière délibérée, tout ça s’insérant dans une “bro” culture étouffante pour 20% du personnel : les femmes. Ah, je n’ai pas mentionné les inégalités salariales flagrantes? Vous l’aurez compris, ça fait beaucoup.
Aujourd’hui, après avoir présenté ses excuses et tenté une introspection sur les problèmes que ce dossier soulève, Riot Games annonce vouloir se racheter une conduite suite aux torts causés… littéralement. En effet, le studio responsable de League of Legends se dit prêt à mettre 10 millions de dollars sur la table pour dédommager ses employées ou ex-employées, rapporte le Los Angeles Times.
Ainsi, cette somme sera partagée entre 1000 collaboratrices en fonction de leur poste, leur statut et de leur ancienneté, qu’elles soient toujours Rioters ou non. Seules les employées qui ont mis un pied dans la boîte ces 5 dernières années sont concernées.
Cette manœuvre est le résultat d’un accord trouvé entre l’avocat d’un groupe d’employées qui avaient déposé plainte fin 2018. Il félicite Riot de cette initiative et estime que les choses vont ainsi dans le bon sens, a-t-il confirmé à Kotaku. Pour lui, Riot affiche vraiment une volonté de changer la culture de l’entreprise.
La direction de Riot a également émis un commentaire, se déclarant ravie de pouvoir faire avancer les choses :
Nous sommes heureux qu’un projet d’accord visant à résoudre complètement le recours collectif contre Riot ait été déposé récemment par l’avocat des plaingnantes. Ce règlement constitue un autre pas en avant important et témoigne de notre volonté de respecter nos valeurs et de faire de Riot un environnement inclusif pour les meilleurs talents du secteur.
Il y a encore du boulot
Cependant, Kotaku reste assez nuancé sur cette victoire (qui en reste une).
Riot Games aurait revu pas mal de points importants pour être le plus inclusif possible, afin que tous les employés se sentent bienvenus dans l’entreprise. Cela passe, par exemple, par une révision complète de la gestion de son pôle RH, par une sélection de profils plus inclusive, des offres d’emplois plus détaillés, l’écartement de certains employés toxiques et en collaborant avec des consultants externes qui aident l’entreprise à améliorer la situation. Les employées auraient même leurs propres canaux de communication pour donner des retours sur leur situation.
Cependant, des problèmes évidents subsistent : Riot n’aurait toujours pas sanctionné les employés et responsables qui sont à l’origine du scandale en premier lieu. On rappelle que certains aimaient jouer à chat-bites et à péter à la face de leurs camarades. C’est également l’avis d’une employée qui travaille toujours chez Riot Games :
C’est formidable que Riot ait décidé de dédommager les femmes pour les mauvais traitements qu’elles ont subis ici, mais leur discours sur «guérir et avancer» laisse à désirer.
Il est difficile de guérir et d’aller de l’avant lorsque nous sommes confrontés au fait qu’au bout du compte, Riot préfère payer les femmes qui sont encore ici pour la peine de continuer à travailler avec des auteurs présumés d’agression sexuelle.
En effet, on espère que l’accord n’est pas un moyen de détourner l’attention et de payer le silence des victimes ou des laissées pour compte. Sortir le gros chèque est certes impressionnant, mais cela reste une solution à très court terme, et c’est sur la longueur qu’il faut agir.
On ne sait pas trop où ça en est, mais Riot avait également eu quelques déboires avec les enquêtes judiciaires qui tentaient de réunir des informations sur les préjudices subies par les femmes de l’entreprise, pas plus tard que cet été.