On dit qu’au moment de la mort, notre vie défile devant nos yeux. Arise reprend son concept pour le magnifier dans un jeu poétique.
C’est le jeu de la vie
Vous êtes mort. Non vous n’êtes pas dans Dark Souls. L’histoire d’Arise commence à la fin, celle du personnage principal que vous vous apprêtez à incarner. Lorsqu’il rouvre les yeux, il est sur une colline enneigée. Au loin une lumière pareille au soleil semble l’appeler. Commence alors un voyage à travers les événements marquants de la vie de notre héros. Les joies et les peines, le bonheur et la douleur.
Vous n’entendrez aucun dialogue, ne verrez pour ainsi dire aucun visage. Malgré tout, je peux vous garantir que l’émotion est bien présente et que vous la sentirez passer.
J’utilisais dans l’introduction le mot “poétique“, qui est loin d’être de trop pour parler d’Arise: A Simple Story. Oui, comme son titre l’indique, l’histoire est simple, toutefois on dit souvent que ce n’est pas tant l’histoire qui compte que la façon dont on la raconte. Dans le 1er jeu de Piccolo Studio, vous n’entendrez aucun dialogue, ne verrez pour ainsi dire aucun visage. Malgré tout, je peux vous garantir que l’émotion est bien présente et que vous la sentirez passer.
La narration s’opère via des scènes poignantes dans leur simplicité et leurs implications, ainsi que par un seul mot, présenté au début de chacun des niveaux jalonnant la vie du héros. Tout au long du parcours, vous trouverez de petites statues, symboles de cette vie passée. Celles-ci vous diront tout, accompagnées de quelques souvenirs bonus à récupérer sous la forme de petits feux follets et qui se traduisent par des dessins d’enfant. Cette mécanique est plutôt sympathique de prime abord, mais on tombe rapidement dans l’excès, avec des tableaux qui n’apportent tout simplement rien à ce qu’on a déjà compris.
Ghibli more
Arise aurait pu être un dessin animé de grande qualité. La direction artistique est tout simplement fabuleuse et sert à merveille cet accent poétique que j’évoquais. On passe de tableaux enneigés à des paysages verdoyants en passant par des féeries nocturnes. Les graphismes sont simples, mais les effets assez travaillés, ce qui donne un ensemble de toute beauté.
La direction artistique est tout simplement fabuleuse.
Le tout est soutenu par une BO magistrale que j’aurais sans problème voulu entendre dans un Ghibli, par exemple. Les thèmes s’enchaînent et portent avec eux les émotions insufflées par le compositeur David García Diaz, à qui l’on doit aussi les musiques de Hellblade et RiME. Les raccords sont parfaits et accompagnent l’action : par exemple, lorsque le héros se laisse porter par des courants d’air cela déclenche des mélodies plus rythmées mais qui s’insèrent naturellement par rapport au calme qui a précédé. À grands coups de violons et de pianos, Diaz nous embarque sans problème dans cet univers magique.
Sur l’enrobage, je n’ai rien à reprocher à Arise. Comme je vous le signalais, j’aurais très bien imaginé Piccolo en faire un dessin animé. Et c’est aussi ça le problème du jeu.
En recul sur son temps
Vous aurez remarqué que je n’ai pas encore mentionné le gameplay de ce Arise: A Simple Story. Le principe est on ne peut plus simple : il s’agit d’un titre de plateformes dans lequel il est possible de manipuler le temps afin de modifier l’environnement et ainsi résoudre des puzzles. Vous pouvez donc, dans une plage définie, reculer dans le temps et avancer puis, plus tard, l’arrêter – et c’est problématique, j’y reviendrai.
Un titre de plateformes dans lequel il est possible de manipuler le temps.
Dans les 1ers environnements du jeu, on peut ainsi passer d’un niveau inondé à quelque chose de plus enneigé, où en contrepartie le niveau de l’eau a baissé. Vous devrez jouer avec le curseur du temps pour pouvoir arriver au bout du parcours. Par exemple, faire reculer le temps fait disparaître la neige, le niveau de l’eau monte et vous pouvez donc sauter sur cette planche de bois qui reposait auparavant au fond du lit de la rivière à sec. Ensuite, vous avancez le temps pour que l’eau redescende sous le niveau de rochers formant un passage vers la suite du niveau. Vous voyez l’idée.
L’un des soucis, c’est qu’on a vite fait le tour. Les énigmes ne cassent pas franchement 3 pattes à un canard et on finit par se lasser de cette mécanique assez simpliste, car elle n’est pas poussée par des énigmes et présentations un peu plus chiadées. Surtout, les règles changent : d’un coup, le temps se met finalement à avancer tout seul, ce qui nous impose de l’arrêter pour certains passages. Un sacrifice de cohérence sur l’autel de la mise en scène.
Plat de forme
Mais ce qui m’a le plus embêté, c’est le manque d’ambition dans le level design. En effet, même si on nous propose quelques bonus sous la forme de souvenirs à récupérer, on n’est que très peu encouragé à explorer dans des environnements pourtant magnifiques. Et plus on avance, plus le titre est dirigiste et nous envoie exactement dans la direction où il faut aller.
Entre des sauts qu’il faut réussir au poil de zguègue et du jeu sur les plans d’affichage, on passe quand même des moments inutilement rageants.
De surcroît, les phases de plateforme ne sont pas toujours très bien gérées et on se retrouve avec des passages assez exigeants comparés au reste, et pas pour les bonnes raisons. Entre des sauts qu’il faut réussir au poil de zguègue et du jeu sur les plans d’affichage, on passe quand même des moments inutilement rageants.
En effet, il arrive parfois qu’il faille jauger, en vue horizontale, de l’alignement d’un élément avec la plateforme où l’on se trouve. Mais un alignement en termes de profondeur. Vous voyez le problème avec la profondeur dans une vue horizontale ou pas ? Du coup on se retrouve à sauter dans le vide, parce que même si la longueur du saut est bonne et qu’on a fait ce dernier suffisamment près du bord de la plateforme, en fait on n’était pas aligné correctement niveau profondeur. Du coup il m’est arrivé de m’y reprendre à 3 – 4 fois sur ce genre de truc franchement casse-bonbon à déterminer, pour ne pas dire quasiment impossible.
Bientôt sur Netflix ?
Arise: A Simple Story constitue un superbe voyage onirique. Le premier jeu de Piccolo Studio, lorsque je l’ai bouclé après 3h de jeu, m’a fait lâché le mot “magnifique…” devant mon écran. Une histoire simple, oui, mais touchante et superbement racontée, avec l’ambiance qui va bien (cette musique…). Maintenant, ça aurait aussi bien pu être un dessin animé, et je l’aurais peut-être même encore plus apprécié. Le gameplay devient vite redondant, voire exaspérant par moment, la faute à un manque d’ambition de ce côté et une grosse volonté de faire passer la mise en scène et l’histoire absolument avant tout le reste. Un superbe et magique récit dans un jeu pas dingo.
► Points forts
- Des tableaux magnifiques
- L’une des plus belles BO que j’ai entendues
- Une histoire simple, mais très bien racontée
- Au cœur de l’imagination
► Points faibles
- Plus on avance, plus c’est dirigiste
- Le gameplay fait preuve d’incohérences
- Ça devient vite redondant quand même
Le jeu du grand froid venu d’un pays chaud
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA RTX 2080
- CPU : Intel Core i7-9700k @ 5GHz
- RAM : 16 Go DDR4
- Installé sur SSD M.2
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Arise: A Simple Story est disponible sur PC, PS4 et XB1.