En révélant Valorant, Riot assure vouloir mettre les moyens pour développer le meilleur netcode possible pour un FPS compétitif.
Plus vite que la lumière
Quand Valorant a été annoncé lors de l’événement des 10 ans de Riot sous le nom de code Project A, il était clair que le studio avait fait ses devoirs. Faire un FPS compétitif dans le sillage de Counter-Strike, ça ne s’improvise pas et il faut se poser les bonnes questions sur l’aspect technique avant de l’offrir au public. D’après PC Gamer, Riot veut prendre toutes les bonnes dispositions pour rendre son jeu juste et sans tricheurs.
Les FPS en ligne ont toujours été un casse-tête technique pour les développeurs. Arriver à recevoir les actions d’un joueur tout en lui affichant celui des autres, ça demande une sacrée coordination et parfois la nécessité de tricher sur la réalité. Quand on un joueur de Counter-Strike se déplace sur Dust2, le serveur indique sa position aux autres joueurs quelque temps avant sa position réelle (affichée sur l’écran du joueur). Je pourrais déblatérer sur le sujet pendant des heures, mais le résumé est simple : c’est la faute au ping. C’est pourquoi vous mourrez alors que vous étiez certain d’être à l’abri derrière un mur.
Il y a plein de manières de lisser ce souci de latence, comme la possibilité au serveur de prédire la prochaine position du joueur déjà en déplacement, mais il y a de vrais problèmes qui ne peuvent pas vraiment être adressés, comme le “peaker advantage”. Dans CS:GO et Rainbow Six: Siege, si un joueur est suffisamment rapide pour se décaler et tirer, le défenseur est désavantagé par la latence. Difficile de s’en débarrasser efficacement, car c’est un problème bien physique. Le blog de Rainbow Six: Siege avait bien expliqué le problème.
Dans sa lutte de minimiser les problèmes que la latence peut provoquer dans un FPS compétitif a priori exigeant comme Valorant, Riot Games a déjà un premier atout de poids : Riot Direct, un réseau de “points de présence” qui fait son possible pour raccourcir la distance physique entre les joueurs. Cette infrastructure propriétaire a été développée avec League of Legends en tête, mais cela pourrait s’avérer être très utile pour Valorant.
Après de nombreux tests avec des joueurs pros, David Straily, ingénieur en chef chez Riot Games, pense qu’une latence de 80 ms (joueur attaquant > serveur > joueur défenseur) est un bon chiffre, ce qui devrait laisser le temps au défenseur de réagir de façon juste, même si cela représente presque un dixième de seconde. Après de gros efforts d’ingénierie, le ping moyen théorique à l’heure actuelle est de 60 ms. Pour le lancement, Riot espère pouvoir faire en sorte que 70% des joueurs puissent descendre en dessous de la barre des 35 ms.
Pour aller encore plus loin, Riot souhaite à ce que les serveurs de Valorant soient très précis. Pour cela, les informations reçues et envoyés devraient être renouvelés 128 fois par seconde, soit 7,8ms. Oui, c’est ce qu’on appelle un tickrate 128. Plus le tickrate est élevé, plus les chances de dissonance entre la réalité et l’interprétation du serveur s’amenuisent. Théoriquement, si vous jouez sur un serveur tick 64 avec un jeu qui tourne à 120 FPS, presque une image sur deux ne représente pas la “réalité physique” du jeu, particulièrement handicapant sur les chances de toucher avec des rafales d’armes automatiques.
Nous ne voulons pas être secrets sur la technologie… parce que nous voulons en quelque sorte relever la barre pour tout le monde. C’est formidable que nous fassions du tick 128 gratuitement pour tout le monde, mais nous ne voulons pas survoler [la compétition]. Nous voulons que tout le monde élève le niveau afin que la barre grimpe toujours, afin que tout le monde puisse avoir une meilleure expérience au fil du temps.
S’il est possible de monter son propre serveur Counter-Strike, de l’héberger et de le paramétrer à sa guise, les serveurs compétitifs de Valve tournent toujours à 64 Hz, ce qui est un gros reproche de la part des joueurs compétitifs. C’est pour cela que les joueurs les plus motivés jouent sur des plateformes privées comme Faceit ou ESEA dont l’environnement a été pensé très sérieusement pour la compétition.
Riot pense qu’éduquer les joueurs sur la façon dont fonctionnent les jeux devrait les aider à mieux comprendre pourquoi ils ne jouent pas toujours dans de bonnes conditions, sans forcément en être conscients :
Il y a tellement de technologie dans le monde qui nous entoure que les gens prennent souvent la configuration qu’on leur a donnée pour acquise, que ce soit leur routeur ou leur connexion Internet. Nous voulons que vous compreniez comment se comporte votre ordinateur, comment se comporte votre routeur, comment se comporte votre Internet, comment se comportent les serveurs de jeux.
Nous voulons vous donner ces outils afin que vous puissiez vous éduquer et puissiez comprendre : “hé, je n’ai pas à subir une forme de jeu inférieure aux normes. Je peux voir ce qui se passe. Je peux aller le réparer. Je peux aller acheter une meilleure machine. Je peux aller acheter un meilleur routeur et m’amener là où je veux vraiment être.”
Si ces informations sur le netcode sont intéressantes et rassurantes, il manque toutefois manque encore des détails sur le système anti-triche de Valorant. Étant donné que le jeu sera gratuit, cela pourrait être un vrais frein pour le titre. Riot Games a toutefois mentionné un système de détection “puissant et évolutif”, et si par malheur un tricheur était détecté en plein match, la partie sera immédiatement interrompue.
Sur une autre note, pour limiter la triche comme le wallhack, on sait que les clients des joueurs ne recevront pas la position de tous les adversaires en temps réel, grâce à un système de ligne de vue intelligent géré du côté du serveur.
En attendant une potentielle bêta fermée à venir dans les mois à venir, de nouvelles images du jeu ont été partagées. De nombreux journalistes, joueurs pros et streamers ont pu mettre la main sur Valorant et donner leur avis (à titre personnel, les deux longues vidéos d’Alphacast sur le sujet sont très complètes). Si l’hommage à Counter-Strike est indéniable au niveau du core-gameplay, le titre pourrait fournir une expérience unique et intéressante.
Valorant devrait être disponible cet été sur PC.