Bobby s’en fout, parce que Bobby palpe 40 millions par an
Blizzard a beau posséder des franchises dont le succès est colossal, ses employés n’en voient pas, semble-t-il, les retombées. Selon une information de Bloomberg, les salariés de l’entreprise ont décidé vendredi 31 juillet de faire circuler un tableur en encourageant chacun et chacune à consigner son salaire ainsi que toutes ses augmentations depuis son embauche.
Cette initiative fait suite à une enquête de la direction réalisée l’année dernière. Celle-ci concernait justement les salaires et le résultat avait été sans appel : plus de la moitié des employés se déclaraient insatisfaits de leurs paies. Blizzard avait promis de rectifier le tir. Mais bon, c’est le Blizzard des années 2010 dont on parle, pas du Blizzard des années 90.
Afin de vérifier que promesse a été tenue, les habitants de Blizzardland ont donc joué à qui a la plus grosse – ou, dans le cas présent, à qui a la plus petite. Bloomberg rapporte ainsi que le document a récolté beaucoup de participations, se traduisant par “des dizaines de lignes de salaires et d’augmentations”. Et aucune augmentation n’excède les 10%, ce qui est très peu, surtout comparé aux autres entreprises vidéoludiques.
Certains employés affirment même avoir du mal à tenir les fins de mois et se priver de repas pour y parvenir. D’autres renoncent à avoir des enfants, considérant que leur situation et leur avenir sont trop précaires pour le permettre.
Suite à la publication de Bloomberg, d’anciens employés de Blizzard ont ajouté de l’eau au moulin en expliquant que le fait de bouger chez la concurrence s’était traduit par une augmentation notable de leurs salaires.
À toutes fins utiles, quelqu’un a jugé bon d’ajouter au tableur le salaire du PDG Bobby Kotick, qui l’année dernière a culminé à 40 millions de dollars, bonus compris (c’était 30 millions en 2018, mais souvenez-vous : c’est pas facile tous les jours). Rappelons que Kotick est l’un des PDG les mieux payés de l’industrie du jeu vidéo.
Un porte-parole d’Activision Blizzard s’est fendu d’une réponse à Bloomberg. Réponse qui fait un peu l’effet que produit un pétard dans l’eau.
Notre but a toujours été de nous assurer que nous rémunérons nos employés de manière juste et compétitive. Nous évaluons sans cesse nos pratiques de salaire afin de reconnaître au mieux le talent de nos meilleurs employés et maintenir notre compétitivité dans l’industrie, le tout sous la perspective de récompenser et investir davantage dans nos meilleurs employés.
Là, on imagine Bobby hocher frénétiquement la tête à côté du porte-parole.
On se risquera a un dernier rappel : Activision Blizzard est l’une des entreprises de jeu vidéo les plus lucratives de la planète et partage des chiffres records chaque année. Et chaque année c’est la même ritournelle : la direction réclame d’optimiser, de réduire les coûts, ce qui conduit à des licenciements et, pour ceux qui restent, des salaires déplorables.