La complétion de DOOM Eternal vous a laissé un vide que même Animal Crossing: New Horizons ne peut combler. Avec une extension de campagne offerte par The Ancient Gods, vous espérez étancher votre soif de sang démoniaque à nouveau et retrouver des sensations désormais lointaines. Ne vous méprenez pas : c’est lui qui va vous saigner.
Le mode Cauchemar continue
Cela fait déjà 6 mois que DOOM Eternal est sorti. Le titre d’id Software a beau être particulièrement rejouable grâce à son level design de qualité et sa boucle de gameplay jouissive, on en veut toujours plus. Si DOOM 2016 n’a pas eu droit à un DLC digne de ce nom, The Ancient Gods compte bien combler cette lacune et étendre l’expérience DOOM Eternal.
Fait étonnant, le DLC peut être acheté de manière séparée, se comportant un peu comme une campagne stand-alone. Quoi qu’il arrive, ne faites surtout pas ça. Je vous déconseille fortement de vous jeter sur The Ancient Gods si vous n’avez pas joué au jeu de base, car vous allez vous faire laver. Vraiment.
Vous trouviez la dernière partie de DOOM Eternal un peu trop simple à cause du système de progression qui vous rendait un peu trop puissant ? Attendez de tâter The Ancient Gods. Cette extension de contenu cache en son sein un défi qui risque de repousser vos limites à chaque affrontement.
“C’est illégal de faire ça, monsieur”
Dès les premières arènes, le DLC assume que vous maîtrisez les mécaniques du jeu sur les bouts des doigts. L’ensemble de votre arsenal est débloqué et tous les atouts possibles sont disponibles. Sérieusement, DOOM Eternal est limite un tutoriel de 15 heures à ce niveau-là. C’est assez agréable, car l’expérience s’en retrouve constamment renouvelée, mais The Ancient Gods – Part One est une épopée épuisante.
Au début, on souffre, mais on se dit que c’est normal, le temps de se remettre en jambes. Mais au fil des pics de difficulté, on sent quelque chose de malsain dans l’air, un mal qui rôde dans les ombres : ce sont les esprits malades des designers d’id Software. J’imagine très bien les réunions sur le combat design de ce DLC : ils ont réparti le bestiaire sur des petits papiers, mélangé le tout dans un crâne de bouc sacrifié à la gloire de Satan, et à chaque arène, ils tirent une pleine poignée.
Dès les premières arènes, le DLC assume que vous maîtrisez les mécaniques du jeu sur les bouts des doigts.
Vous savez à quoi me fait penser The Ancient Gods ? À The Plutonia Experiment. Ceux qui connaissent le fameux .wad viennent de faire un signe de croix en lisant cette ligne. À l’instar de la campagne supplémentaire incluse dans Final DOOM, le but est d’utiliser les forces de chaque démon pour rendre les combats toujours plus retors selon le contexte.
Il n’est donc pas rare d’être enfermé avec 3 Mancubus dans une pièce minuscule, d’être confronté à 2 Maraudeurs en même temps, qu’un Tyran/Cyberdémon pope dans un couloir ridicule ou qu’un totem démoniaque soit sciemment inaccessible, vous obligeant à terminer le combat contre des démons dangereux comme jamais. Je trouvais que la campagne de base manquait cruellement de Barons des enfers, mais après The Ancient Gods, j’ai des sueurs froides rien que d’y penser. 3 en simultané qui vous collent aux basks, c’est du sadisme pur et simple.
Je trouvais que la campagne de base manquait cruellement de Barons des enfers, mais après The Ancient Gods, j’ai des sueurs froides rien que d’y penser.
Si id Software s’amuse à exploiter les mécaniques de gameplay présentes dans DOOM Eternal pour rendre la vie impossible au joueurs, il redouble également d’ingéniosité pour inventer de nouvelles méthodes de torture : des tourelles démoniaques sont stratégiquement réparties pour obliger le joueur à scinder son attention et un spectre peut posséder un démon pour le rendre plus rapide, plus puissant et surtout infiniment plus résistant. La seule manière de s’en débarrasser une fois à l’air libre, c’est utiliser le module micro-ondes. Oui, id Software vous OBLIGE à utiliser… ce truc. Si vous n’êtes pas prêt à le cueillir, il aura aussi tôt fait de posséder un autre démon (plus puissant, sinon ce n’est pas drôle), et rebelote.
Habitué au mode Nightmare, peut-être suis-je puni par un péché d’orgueil, mais même en Ultraviolence, vous risquez de déchanter. The Ancient Gods est un roller coaster qui ne contient qu’une descente directe pour les enfers, une impression d’être submergée par une engeance démoniaque permanente.
The Ancient Gods est un roller coaster qui ne contient qu’une descente directe pour les enfers.
Toutefois, j’ai beau rester coincé sur une seule putain d’arène pendant 45 minutes, la satisfaction d’en venir à bout reste incomparable, inversement proportionnelle à la souffrance endurée. DOOM Eternal n’est jamais injuste et le DLC exige simplement une capacité d’adaptation plus balèze. Bon, les arènes exigües rendent les collisions encore plus infâmes qu’auparavant, mais à force de persévérer, on finit par avoir un déclic et progresser.
Le diable se cache dans les détails
Au-delà d’une réutilisation malsaine brillante du gameplay de DOOM Eternal, The Ancient Gods est aussi l’occasion de profiter un peu plus du talent artistique du studio. Qu’il soit question d’une plateforme off-shore en pleine tempête, d’un marécage en Enfer ou d’un retour à un Urdak en proie à la désolation, chaque panorama en jette toujours autant, avec une patte graphique qui reste propre à id Software.
Les niveaux sont bien plus longs que le jeu de base et proposent des arènes toujours très différentes les unes des autres, jusqu’à un changement régulier d’ambiance au détour d’un couloir. C’est ce qu’on attend d’un DOOM, après tout : un gameplay renouvelé principalement par son level design. Les phases de plateformes sont un peu plus rares, mais ont le mérite d’être un peu plus intéressantes qu’à l’accoutumée, ce qui casse l’impression de “temps mort inutile” qu’elles pouvaient donner.
Les niveaux sont bien plus longs que le jeu de base et proposent des arènes toujours très différentes les unes des autres.
Certains affrontements sont même enrichis par certains twists de gameplay, comme une zone sûre qui se déplace le long d’un chemin ou une visibilité particulièrement réduite. Toujours pas de signe d’une volonté d’offrir des niveaux semi-ouverts à l’instar des premiers opus, mais quelques allers-retours et chemins alternatifs permettent de s’en rapprocher un peu, histoire de profiter un peu plus des lieux.
The Ancient Gods profite également d’une bande originale composée pour l’occasion, mais Mick Gordon n’est plus à la composition… ce qui est tout de même une sacrée rupture. Cependant, id Software a su rassurer la communauté en recrutant Andrew Hulshult, un compositeur de talent abonné aux retroshooters de ces dernières années.
id Software a su rassurer la communauté en recrutant Andrew Hulshult (DUSK), un compositeur de talent abonné aux retroshooters de ces dernières années.
Habitué à la 7 cordes et la double pédale, Hulshult n’imite pas le style de Gordon, sans s’éloigner de son ambiance sonore pour autant. Épaulé par David Levy, les expérimentations électroniques sont également de la partie pour un résultat plus rentre-dedans, mais toujours efficace. J’attends avec impatience la suite de leurs travaux.
Trop, ce n’est jamais assez
The Ancient Gods n’est pas un DLC à recommander à tout le monde, bien qu’il reste un prolongement logique de l’expérience DOOM Eternal. En proposant des affrontements aux synergies de démons “interdites” et des niveaux ingénieux, id Software veut voir le joueur galérer comme jamais et exploiter toutes les mécaniques à disposition. On frôle souvent le sadisme pur et simple, mais si vous n’avez pas froid aux yeux et speedrunnez la campagne d’origine en mode Ultra-Cauchemar, The Ancient Gods Part One est clairement votre dose de DOOM réglementaire. Mais qui dit “Part One” dit “Part Two”. Je n’ose à peine imaginer à quelle sauce épicée id Software risque de nous cuisiner la prochaine fois.
Ce qu’on a aimé :
- Un challenge constant dès le premier coup de feu
- La maîtrise totale des outils à disposition n’est plus une option
- Des niveaux longs et intéressants
- Une direction artistique toujours au top
- Des mécaniques retorses qui forcent à s’adapter constamment
Ce qu’on n’a pas aimé :
- Les Barons des enfers
- Les collisions, source principale de frustration et d’injustice
- Il faut savoir parfois dire stop
- Vendu en stand-alone, vous êtes sûrs que c’est une bonne idée ?
Ce jeu est fait pour vous si :
Vous avez aimé DOOM Eternal et en réclamez toujours plus ; vous aimez un bon défi.
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
Vous n’avez jamais joué à DOOM Eternal ; vous avez du respect pour les game designers d’id Software.
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA RTX 2080 Ti
- CPU : Intel Core i9-9900k
- RAM : 32 Go DDR4
- Installé sur SSD
DOOM Eternal est disponible sur PC, Xbox One et PlayStation 4.