Aux amoureux et amoureuses du loots arc-en-ciel, adeptes de la décimation de grosse bébêtes par millier, les regards se tournent sur ce prochain titre “à la Diablo” qui aurait le potentiel de satisfaire ces besoins primaires. Bras devant, le poing serré, Superfuse prend l’envole de l’accès anticipé, et pourrait bien se présenter comme ce prochain jeu-là. Les superpouvoirs remplacent ici la magie noire, mais restent à savoir s’il a de quoi bomber le torse et prendre la pose.
Le poing corpo
Depuis mon humble preview, Superfuse a déjà ajouté recalibrer certain de ses fusibles, et amélioré une partie des autres. D’entrée de jeu, on peut noter une remise en forme des menus associés aux PNJ, désormais bien plus clair et ergonomique. Certaines capacités se sont évidemment vu retoucher, tandis qu’on a désormais droit au fameux doublage intégral promis, un ajout des plus appréciable, non seulement par sa présence, mais aussi par sa qualité.
Cela va sans dire, les petites mains de Stitch Head Entertainment n’ont pas chaumé — et bon nombre de retouches ont dû m’échapper. Difficile cependant de manquer la grosse nouveauté de ce début d’accès anticipé : Un 3e personnage rejoint les supes, le Technomancien, maître du métal, du recyclage et des petits robots. Tout naturellement, mon second contact avec Superfuse se fit à travers les traits de ce jeune fougueux, au style autant marqué par ses 6 bras mécaniques que son Iroquoise d’un rose intemporel.
Un 3e personnage rejoint les supes, le Technomancien, maître du métal, du recyclage et des petits robots.
Ce fut aussi l’occasion de s’essayer au mode multijoueur, histoire de varier les plaisirs. Hormis une déconnexion intempestive ci et là – soucis déjà connue des developpeur.es – la virée superhéroique s’est montrés des plus agréables en compagnie d’un camarade, sans que la difficulté en soit vraisemblablement impactée. En revanche, il faut se contenter (pour le moment) d’un mode Free For All, autrement dit d’avoir le butin partagé entre les joueurs. De quoi guerroyer en matchmaking.
Zero to Hero
Superfuse reconfirme toute la force brute condensée dans son système de fuses. Loin des tentaculaires sphèriers qui effraient la populace, le jeu se contente d’un arbre d’une “double hélice ADN” de talents sans fioritures, où l’on récupère les habituels actifs et passifs pour construire la base de son personnage. Ce sont alors les fuses qui viennent bonifier la structure jusque là classique… sans effeuiller sa charmante simplicité.
Superfuse re-confirme toute la force brute condensée dans son système de fusible.
Chacun des personnages dispose de 2 spécialisations — probablement plus dans le futur — pour deux styles de jeu distincts. On peut tout aussi bien complètement embrasser l’un d’eux ou venir estampiller une fresque plutôt hybride. Les fuses viennent ensuite cristalliser le gameplay en permettant une modification avancée des capacités utilisées. Aux commandes de mon fier Technomancien, ici expert du recyclage musclé (le métal dans la face), j’ai très vite pu apprécier le remodelage des compétences au point où le vert des fusibles au sol générait plus d’engouement que l’orange du légendaire.
Puisque les fuses peuvent être modifiées comme bon nous semble, et les talents remis à zéro auprès d’un PNJ — moyennant un léger pécule — le champ est libre pour s’essayer à toutes les combinaisons qui nous passent par la tête. D’autant que le moindre sort au premier abord peu attrayant a de quoi devenir un bonheur d’extermination des masses corrompues. Un seul de ces merveilleux modificateurs a transformé ma sphère de métal tout juste bonne à ramasser les détritus, en une arme à l’envergure planétaire, tandis que mon petit projectile de départ, devint quelques niveaux plus loin du quadruple éclat de métal transperçant à ricochet. Un délice.
Outre les effets engendrés par les fuses, il est également question d’un apport de puissance : appliquer des fuses à une capacité augmente son niveau de puissance, et donc ses dégâts. Mais n’allez pas pour autant tout bazarder au même endroit. Les compétences disposent d’un plafond de niveau, délimité en fonction de celui du joueur. Il en va de même pour les fuses, dont le nombre utilisé dépend de notre “capacité de fusion”.
Bref, mon ressenti n’a pas vraiment changé depuis mon premier contact avec Superfuse : le gameplay est maîtrisé, fun, tandis qu’il nous garde un espace de créativité dans son approche. Chaque héros représente une source conséquente de styles de jeu dont on apprécie la découverte au fil des essayages, une véritable R&D du superhéros. À noter cependant qu’une partie des talents s’avère inaccessible, en dépit de leur présence dans la double hélice.
En l’état, le titre laisse une bonne impression, autant par ses mécaniques de jeu que par sa DA travaillée, et ses animations léchées qui participent grandement au feedback du gameplay. Mais il est temps désormais d’aborder les sujets fâcheux d’un Accès anticipé qui pourrait en laisser plus d’un sur la touche.
La potion magique, c’est pas automatique
Il n’est pas rare de rencontrer des accès anticipés relativement fébriles sur le plan technique. Bien que Superfuse ne fasse pas spécialement partie des mauvais élèves, il n’en reste pas moins sujet à un certain nombre de problèmes qui viennent gêner l’expérience. Des ennemis invisibles, des zones entièrement noires, des sorts disparaissant sous les décors… En une quinzaine d’heures de jeu, j’ai eu le plaisir d’être confronté à toute sorte de bugs incongrus ; le meilleur étant le ralentissement infini que des ennemis pouvaient parfois m’infliger, dont la seule issue était le redémarrage du jeu.
Forte heureusement, ce dernier bug — et bien d’autres — ont vite été corrigés dans un patch entre temps. Malgré tout, les petits soucis techniques subsistent, comme ces PNJ affublés d’un marqueur de quête à chaque redémarrage du jeu.
Bien que Superfuse ne fasse pas spécialement partie des mauvais élèves, il n’en reste pas moins sujet à un certain nombre de problèmes qui viennent gêner l’expérience.
Les soucis de Superfuse ne sont d’ailleurs pas uniquement d’ordre technique. Malgré sa base de gameplay solide, le titre peine à unifier sa formule héritée du sacro-saint Diablo 2. La chasse au butin devient vite une tannée lorsqu’on se rend compte de sa composante entièrement aléatoire : il ne semble pas y avoir de tables de loot assignées aux élites ou aux boss. De facto, ces derniers représentent un bien maigre intérêt lorsqu’il s’agit d’organiser ses sessions de chasses aux jolies couleurs ; dans mon cas, abattre par 5 fois le boss de la campagne ne m’a rapporté que quelques items bleus et des potions.
Ces mêmes potions accablées par une gestion plutôt maladroite de la recharge où l’on empile des dosettes à ramasser au sol. Un peu archaïque certes, mais qui ne poserait guère de soucis si seulement le ramassage automatique fonctionnait pour autre chose que l’argent.
Malgré sa base de gameplay solide, le titre peine à unifier sa formule héritée du sacro-saint Diablo 2
Ça parait peu dit comme ça, mais ce système de potion laisse très pantois, dans la mesure où on en utilise beaucoup et souvent. La vérité est qu’on prend autant de mandales qu’on en donne — surtout au début —, il devient alors primordial de ramasser les cartouches pour éviter les mauvaises surprises. Le pire étant que chaque potion (vie, mana, hybride, buff…) a son propre type de recharge. Pourtant un élément de design des plus basique, le système de potion se transforme ici en une véritable usine à gaz.
Parce qu’à côté de ça, il faut aussi ramasser les balises de portails (pour revenir en ville) et les scanners afin d’identifier nos butins. Mécaniques datées d’une part, objets encombrants l’inventaires d’autre part, Superfuse oublie d’injecter une dose de modernité à ses inspirations, dont résulte alors une frustration certaine.
Procédurale contre tout chacal
Enfin, il est de bon ton de se pencher sur ce que propose concrètement ce début d’accès anticipé. En tout et pour tout, on a droit à un petit 8 h de campagne ; une quête principale pourvue d’une finalité, mais qui s’inscrit évidemment dans un plus gros récit à venir. Une histoire par ailleurs assez convenue, marqueur d’une inadéquation à pleinement nous plonger dans cet univers.
Comptez ensuite le double de temps pour atteindre le niveau 30, le maximum actuel. Les équipes du studio néerlandais ont tout de même pensé à fournir un premier pan de « endgame », des contrats à effectuer sur les diverses planètes du système solaire, matérialisées par des cartes générées procéduralement, à la difficulté et aux récompenses variées.
Si on apprécie la rejouabilité offerte dès les premiers pas du titre, ces missions deviennent malheureusement vite répétitives. Et pour cause, malgré les mots “planètes” et “système solaire” utilisés plus haut, les différentes zones explorées ne donnent aucunement l’impression de voyager. Dans les faits, deux biomes distincts composent le level design de Superfuse ; le procédural maintient sans mal l’illusion au cours de la campagne, tandis que le endgame, aux objectifs déjà peu variés, rappelle que le jeu n’utilise pas encore sa chouette DA à son plein potentiel.
Sans nul doute, il y a déjà de quoi s’amuser, pour peu que l’on cherche à s’essayer aux différents personnages et leur gameplay malléable. Autrement, le titre a pour l’heure bien du mal à nous garder à ses côtés. Pour celles et ceux à la recherche d’une expérience complète, ou tout du moins, d’une qui vous tiendra en haleine des jours durant, sachez que Superfuse n’est pas (encore) de cet acabit.
Héros anticipé
Sur ses premiers pas, Superfuse démontre qu’il a le potentiel d’être super. Une esthétique comics léchée, un univers sf attrayant — bien qu’encore peu exploité ici — un gameplay certes classique dans la forme, mais brillamment porté par ce système de fuse favorisant notre créativité, Stitch Heads a déjà de bonnes cartes en main pour délivrer un l’ARPG de tous les plaisirs. Pour autant, mon engouement se veut plus modéré que lors de ma première session : cet accès anticipé sert aussi à montrer que le titre n’a pas encore tout à fait les épaules pour porter la cape et le slip fièrement. Qu’il s’agisse de la technique bancale, de certaines mécaniques datées ou tout simplement du contenu proposé, Superfuse a fort à faire pour définitivement convaincre les foules. En tout cas, ce n’est certainement pas la volonté qui lui fera défaut.
Ce qu’on a aimé :
- Le style comics au poil
- Les animations
- Gameplay maîtrisé
- Le système de fuse, simple mais diantrement efficace
- Entièrement doublé
- Les personnages (classes) aux styles bien distincts
Ce qu’on n’a pas aimé :
- Un early access au final assez léger en contenu
- Pas mal de bugs et de soucis techniques
- Pas de réelle table de loot
- Le système de potions qui fait grincer des dents
- Des mécaniques de jeu datées
- Des choix de design discutables
- Biomes peu variés
Ce jeu est fait pour vous si :
Vous voulez des supers pouvoirs et vous en servir pour looter tout le système solaire
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
Vous recherchez une expérience complète où vous pourrez exterminer du moche et méchants des semaines durant.
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Configuration de test :
- GPU: NVIDIA RTX 3080 Ti
- CPU: RYZEN 7 5800X
- RAM: 16Go DDR4
- Installé sur SSD
Superfuse est disponible sur PC (Steam) en Early Access.