Vous le savez sûrement, cher War Legend on aime laisser des traînées de larmes et de sang dans notre sillage. Pourtant sous cette apparente brutalité nous aimons aussi la culture et ne restons pas insensibles devant le génie architectural d’un château ou la beauté froide d’un monument religieux.
C’est pourquoi, à l’occasion de la sortie d’Ofabulis (le 18 septembre), nous avons rencontré le Dr Edwige Lelièvre, développeuse de ce jeu de rôle original “à mi-chemin entre Point&Click et MMORPG” comme nous le présente le site officiel.
Si vous souhaitez vous rafraîchir la mémoire avant de lire cette interview vous pouvez (re)lire la présentation du jeu que nous avions réalisée au début du mois.
Interview d’Edwige Lelièvre, Créatrice d’Ofabulis.
Le Dr Lelièvre lors de la présentation du jeu lors du festival “Futur en Seine”
Bonjour Dr Lelièvre, pour commencer cette interview, pourriez-vous vous présenter?
Bonjour,
Je m’appelle Edwige Lelièvre, je suis maître de conférences à l’Université de Versailles (Saint-Quentin en Yvelines), rattachée au département MMI (anciennement SRC) de l’IUT de Vélizy et au Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines (CHCSC)
J’enseigne les sciences de l’information et de la communication et les arts numériques, en particulier l’infographie 3D, les jeux vidéo et la culture du multimédia.
Qu’est ce qui vous a amené à développer des jeux vidéo?
Je suis une joueuse depuis toujours, aussi bien de jeux vidéo que de Jeux de Rôle (JdR) sur table. Tout commence donc par une passion en tant que joueuse avant de commencer le game design à partir de ma thèse.
Si le jeu vidéo est désormais un sujet d’étude digne d’intérêt, il manque d’art dans les mondes virtuels. J’ai donc voulu savoir comment, en art, on peut étudier les mondes virtuels. Je me suis donc intéressé à “l’expérience esthétique” des joueurs et comprendre comment les jeux incitent les joueurs à la création (par exemple par les fan-arts).
Dans le cadre de mes recherches j’ai développé deux jeux : Delta Lyrae VI, un jeu de SF, et Les Mystères de la Basilique, un jeu à réalité alternée (le jeu se déroule aussi bien dans l’univers virtuel que dans la vraie vie).
C’est d’ailleurs ce dernier jeu qui m’a amené à développer OFabulis.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la naissance de ce jeu ? L’origine du projet, son financement, son développement.
Cette année le Centre des monuments nationaux célèbre ses 100 ans. Pour l’occasion le CMN avait la volonté de faire un projet qui ciblerait les 18/30 ans : c’est de là que naît OFabulis, un jeu vidéo qui nous amène à visiter notre patrimoine architectural.
Le projet a bénéficié, bien sûr, du soutien financier du CMN, mais également de celui de la région IDF qui a contribué à hauteur de 62 000 euros.
Le développement a, lui, été réalisé grâce à 3 entités :
- Le CMN, encore, qui nous ouvert l’accès aux monument et nous a aidé pour écrire les légendes et les énigmes
- Emissive, une start-up qui a pris en charge le plus gros du développement
- La faculté de Versailles Saint-Quentin en Yvelines, portée par un laboratoire d’histoire : le Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines (CHCSC)
Le jeu vise donc a faire découvrir aux jeunes adultes le riche patrimoine du Centre des Monuments Nationaux en les amenant à visiter de nombreux monuments (19 au total) durant leur aventure.
Les monument sont reproduits dans le jeu à partir de photographies
Justement, en parlant d’aventure, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le jeu? Il se présente comme “à mi-chemin entre Point&Click et MMORPG”, est-on vraiment devant un MMO ?
Pour le côté MMO tout dépend de ce que l’on entend par “Massively”. Le jeu peut accueillir jusqu’à 30 personnes dans un même lieu, ce n’est pas réellement “massif”, je préfère donc parler de ORPG.
Le jeu présente de nombreux éléments RPG, avec différentes classes (4), des niveaux, des quêtes, des fins alternatives… auxquels viennent s’ajouter des mécaniques propres aux Point&Click.
Le joueur doit collecter des indices pour pouvoir résoudre les énigmes qui lui permettent d’avancer de lieu en lieu. Le jeu est relativement dur, contrairement à ce qu’il se fait classiquement dans les P&C, où les lettres qui composent le mot-clé sont souvent données. Ici le joueur devra faire travailler ses méninges pour avancer sans pouvoir tenter toutes les combinaisons de lettres possibles. Le mot-clé permettant d’ouvrir les portes des légendes (Ostia Fabulis en latin, d’où le nom du jeu) pour voyager entre les différents lieux à toujours un lien avec les deux lieux reliés par cette porte.
Partez à la chasse aux indices
Pourriez-vous nous donner un exemple d’énigme afin de mieux comprendre?
Bien sûr, lors de la première quête qui nous permet de changer de monument, pour aller de la basilique de Saint-Denis à la villa Savoye, l’indice est “Que cherchait l’Abbé Suger quand il a créé la basilique de Saint-Denis ?”
La réponse est “La Lumière”. Si cette première énigme est plutôt simple, les suivantes deviendront de plus en plus compliquées afin de forcer les joueurs à jouer en groupe.
La coopération est donc primordiale dans le jeu?
Effectivement. 4 classes s’offrent aux joueurs (érudit, reporter, aventurier et technophile), chacune de ces classes a accès à des indices différents (par exemple le reporter pourra poser plus de questions aux agents). Sans ces différents indices il devient très dur, voire impossible d’avancer dans le jeu.
Pour faciliter la recherche de groupe, des outils ont été mis en place pour rechercher plus efficacement des coéquipiers, que ça soit par l’utilisation d’un chat IG, ou par la recherche de groupe par classe et prestige (l’équivalent de l’expérience).
Il faut noter que les groupes sont plus une sorte de mini-guilde que des groupes traditionnels que l’on trouve dans les RPG. Si vous avez rejoint un groupe et que vous devez vous déconnecter alors que vos amis continuent l’aventure vous pourrez reprendre là où ils en sont.
Chez War Legend ce que l’on aime par dessus tout c’est le challenge, un classement est-il prévu ?
Le système de prestige permet de connaître l’avancement des joueurs. Il est donc possible de connaître les personnages les plus avancés dans l’aventure.
Une récompense est également prévue pour les 3 premiers qui finiront le jeu, dont on estime la durée de vie à environ 50 ou 60 heures.
Comment se présente l’avenir d’OFabulis?
Comme tout jeu en ligne qui se respecte, des mises à jour régulières sont prévues. Une version anglaise du jeu est également dans les cartons et devrait sortir, si tout se déroule comme prévu, le mois prochain.
Et pour vous? Vous prévoyez de développer un nouveau jeu?
Pour le moment un nouveau jeu n’est pas prévu. Les serveurs d’OFabulis fermeront en février, il sera alors temps pour moi de me plonger dans les données obtenues grâce à cette expérience, ce qui devrait me prendre plusieurs mois !
Nous remercions chaleureusement Edwige Lelièvre pour avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions qui nous permettent d’y voir un peu plus clair sur Ofabulis. Nous suivrons de prêt la suite de son travail et ne manquerons pas de vous tenir informés !
Cet interview m’a vraiment donné envie de tester le jeu, moi qui suis fan de point&click et d’énigmes ça devrait me convenir, demain je me l’installe car faut bien que je trouve des choses à faire pendant les files de ArrcheAge. ;P