Faut crever l’abcès
L’industrie du jeu vidéo vit une drôle de passe, actuellement, mais il semblerait que cette épreuve soit un mal plus que nécessaire. Après de nombreuses allégations de harcèlement sexuel jusque dans les plus hautes sphères d’Ubisoft, c’est la communauté des jeux de combat qui est aujourd’hui à feu et à sang.
La libération de la parole de ces dernières semaines a permis de vider beaucoup de sacs, mais également mettre en lumière des pratiques répréhensibles de certains membres pourtant “importants” de la FGC (fighting game community), notamment des joueurs professionnels de Super Smash Bros, ce qui a carrément entraîné l’annulation du Smash Ultimate Invitational qui devait avoir lieu demain à New York.
Mais le plus grave vient sûrement de l’organisation même de l’EVO 2020, devenu un événement en ligne à cause du COVID-19. En effet, le PDG de l’organisation, Joey Cuellar est accusé par une de ses victimes d’abus sexuels sur mineurs. Cuellar aurait échangé des jetons de borne d’arcade contre des faveurs sexuelles à des enfants (inconscients de leur acte), et aurait demandé à l’accusateur (encore mineur) de montrer ses parties génitales contre de l’argent. Les faits remontent à 2001, mais Cuellar les a publiquement reconnus sur Twitter.
Très peu de temps après la publication de ces accusations, Joey Cuellar a été mis à pied par son propre conseil d’administration ou sous le joug d’une enquête menée par une entité externe. Une décision un poil trop rapide pour certains, ce qui pourrait en dire long sur la connaissance des faits par ses collaborateurs. Malheureusement, le mal était fait et des intervenants stars comme des commentateurs, mais surtout les éditeurs partenaires ont commencé à retirer leur participation au tournoi. Plus de Mortal Kombat 11, plus de Tekken 7, plus de Dragon Ball FighterZ et… plus de Street Fighter.
Dans de telles circonstances, il est clair que l’EVO 2020 n’avait plus de raison d’être. L’organisation a donc finalement décidé de se remplacer Cuellar par Tony Cannon et d’annuler l’événement :
— EVO (@EVO) July 3, 2020
Lors des dernières 24h, en réponse à de récentes et sérieuses allégations publiques sur Twitter, nous avons pris notre première d’une série de décisions importantes vis-à-vis du futur de notre société. À effet immédiat, Joey Cuellar ne sera plus impliqué avec l’EVO de quelque façon que ce soit. Le progrès ne se fait pas en une nuit, et surtout pas sans le courage des personnes qui osent s’exprimer face à la méconduite et l’injustice. Nous sommes également choqués et attristés par ces événements, mais nous écoutons et sommes engagés à faire tous les changements nécessaires pour rendre l’EVO un meilleur modèle pour une culture aussi forte et sécurisante que nous désirons tous. De ce fait, nous annulons l’EVO Online et travaillerons pour rembourser les joueurs qui ont choisi d’acheter un badge. Nous donnerons l’équivalent à l’ONG Project HOPE.
C’est vraiment dommage, parce que les compétitions officielles en ligne auraient mis en avant des titres un peu plus confidentiels que les cadors du genre, mais au potentiel compétitif certain (notamment grâce à leur rollback netcode qui ne sont pas daubés du cul), comme Skullgirls, Killer Instinct et l’étonnant mais excellent jeu de baston inspiré de My Little Pony : Them’s Fightin’ Herds. Le nombre important de compétiteurs inscrits promettaient du grand spectacle.