Oui, ENCORE un report de Skull and Bones
Prévu à l’origine pour le mois de mars, Skull and Bones vient d’être à nouveau repoussé… pour la 6e fois. Si le titre est désormais attendu pour l’exercice fiscal 2023-2024, l’annonce est encapsulée dans un communiqué officiel plus large de la part d’Ubisoft, et qui n’est clairement pas porteur de bonnes nouvelles.
L’éditeur français revoit en effet ses objectifs à la baisse de 830 à 725 millions d’euros pour l’exercice en cours. Le report du jeu-service de piraterie est en partie en cause, mais pas que : certains récents titres ont sous-performés de façon surprenante, comme Just Dance 2023 et le pourtant très chouette Mario + The Lapins Crétins: Sparks of Hope pointés en exemples.
Pour le PDG Yves Guillemot, Ubisoft se prend de plein fouet les dernières tendances de l’industrie qui sont désormais bien ancrées : l’heure est à l’exploitation de grandes marques et aux services live, et l’éditeur compte bien surfer sur la vague pour ne pas se faire distancer.
Nous sommes clairement déçus par notre performance récente. Nous sommes confrontés à des dynamiques de marché contrastées alors que l’industrie continue de s’orienter vers les méga-marques et les jeux Live persistant dans un contexte de dégradation des conditions macroéconomiques affectant les dépenses des consommateurs. Malgré des notes et un accueil des joueurs excellents ainsi qu’un plan marketing ambitieux, nous avons été surpris par la sousperformance de Mario + Lapins Crétins : Sparks of Hope dans les dernières semaines de 2022 et début janvier. Just Dance 2023 a également sous-performé. Par conséquent, avec l’aval du conseil d’administration, nous prenons aujourd’hui des décisions stratégiques et opérationnelles supplémentaires importantes. Il est essentiel de continuer à adapter notre organisation et de renforcer notre exécution afin de proposer des jeux de grande qualité aux joueurs ainsi qu’une grande création de valeur.
Cela se traduit donc par moins de jeux et une exploitation accrue des licences déjà existantes d’Ubisoft. En juillet dernier, l’éditeur avait annoncé avoir annulé 4 jeux en interne, auxquels viennent de s’ajouter 3 autres projets également non annoncés. Soyez rassurés, Beyond Good & Evil 2 est donc toujours sur les rails… même si le tracé est long.
Les perspectives à long terme de l’industrie restent prometteuses et je suis convaincu qu’Ubisoft est bien positionné pour bénéficier de cette dynamique grâce à la force de nos équipes, de nos marques, de notre capacité de production, de nos technologies et de notre situation financière. Notre back-catalogue reste très sain, avec notamment une activité robuste de Rainbow Six Siege, une grande dynamique pour nos jeux Assassin’s Creed, et une performance généralement solide de nos jeux Live. Nous nous attendons à ce que notre stratégie visant à créer des jeux Live persistants et transformer nos plus grandes marques en véritables phénomènes mondiaux avec des offres multiples à travers les plateformes et les modèles économiques, finisse par générer une création de valeur significative, avec une forte croissance [des revenus] au cours des prochaines années.
Malgré le fait qu’Ubisoft ait signé un deal avec Singapour qui oblige l’éditeur à publier Skull & Bones quoiqu’il arrive, on comprend pourquoi le développement du jeu-service est aussi long : il serait dommage qu’un tel investissement soit gâché, tandis que le titre pourrait s’insérer parfaitement dans cette nouvelle logique de marché.
Malheureusement, toutes ces annulations se traduisent par une perte sèche de 500 millions d’euros pour l’entreprise, ce qui n’a pas manqué de faire chuter le cours de l’action. Sans parler explicitement licenciements pour l’instant, Ubisoft parle déjà d’une restructuration à venir, avec une base d’investissement relevé à seulement 300 millions d’euros au cours des deux prochaines années.
Dans le cadre du renforcement de notre focus stratégique, adapter notre organisation à un marché plus difficile, avec une réduction nette prévue de notre base de coûts non-variables de plus de 200 millions d’euros au cours des deux prochaines années. Cette réduction sera réalisée grâce à des restructurations ciblées, à la cession de certains actifs non essentiels et à l’attrition naturelle habituelle. Ubisoft continuera à recruter des personnes de grand talent pour ses plus grandes marques et jeux Live.
Pour le directeur financier Frédéric Duguet, l’heure n’est pas à négativité, puisqu’il s’agit de mesures pour qu’Ubisoft puisse mieux rebondir, en resserrant ses objectifs. Alors qu’on attend encore des nouvelles d’Avatar: Frontiers of Pandora ou du remake de Splinter Cell, l’éditeur indique ne pas abandonner le marché des jeux premium pour autant, et espère pouvoir dévoiler bientôt des titres en préparation, dont un d’envergure encore inconnu.
Notre réaction décisive et nos mesures supplémentaires d’optimisation des coûts devraient nous aider à naviguer dans l’environnement économique difficile actuel et à aborder les années à venir avec une organisation plus agile. Grâce au pipeline le plus riche de l’histoire d’Ubisoft, 2023-24 verra la sortie d’Assassin’s Creed Mirage, Avatar : Frontiers of Pandora, Skull and Bones et d’autres jeux premium encore non-annoncés, dont un de taille importante, ainsi que des titres Free-to-Play prometteurs pour certaines de nos plus grandes marques.