Après un jeu de lancement sur Gamecube et une suite sympa-mais-bof sur 3DS, Luigi Le Courageux Chasseur de Fantômes revient sur Switch à temps pour Halloween. Si un seul Luigi n’est pas assez pour vous, en voilà deux pour le prix d’un.
2Spooky4Me
Le problème avec les sidekicks, c’est qu’ils n’ont jamais la vedette. Après tout, personne n’a envie de vivre une aventure complète avec le pote du héros, lui qui n’est là que pour amuser la galerie et porter assistance au protagoniste principal. Pourtant, quand ce dernier est dans la mouise et qu’il n’y a plus que l’équipe B pour sauver la mise, on fait avec ce qu’on a.
Le problème avec les sidekicks, c’est qu’ils n’ont jamais la vedette.
Cela a toujours été la promesse de Luigi’s Mansion. On laisse Mario de côté et on incarne son grand dadais de frère, et c’est un sacré froussard. Après un premier épisode surprenant et un second qui l’était beaucoup moins, Luigi’s Mansion revient sur Switch avec un épisode plus ambitieux, afin affirmer la série comme une licence Nintendo importante, et non pas quelque chose à laquelle on joue quand le grand frère n’est pas là.
Luigi et la bande à Mario reçoivent une invitation à une nuit de rêve dans un hôtel luxueux tenue par une certaine… Ambre Brusquade. Sacré foreshadowing pour la suite puisque tous se font kidnapper. Tous ? Non, un irréductible moustachu et dont le bruit des dents qui claquent s’entend à des kilomètres compte bien les sauver (si son cœur n’aura pas lâché avant). Fini les nombreux manoirs à arpenter, le titre nous offre un seul et unique bâtiment à explorer qui a du caractère, infesté de fantômes en tous genres.
Luigi et la bande à Mario reçoivent une invitation à une nuit de rêve dans un hôtel luxueux tenue par une certaine… Ambre Brusquade.
Ectoblast à la main, on retrouve tout l’arsenal classique d’un Luigi’s Mansion dont la lampe-torche et la lumière révélatrice, mais Luigi dispose désormais d’un lance-ventouse qui permet d’agripper et déplacer de gros objets. Les nouvelles mécaniques de gameplay ne tournent pas vraiment autour d’un moteur physique à l’instar d’un Breath of the Wild, mais le titre s’en sert énormément pour donner de la tangibilité au monde de Luigi’s Mansion et on peut s’amuser à tout mettre en pagaille, notamment avec la puissance de l’aspirateur. Chaque pièce est remplie de nombreux objets et le soin apporté aux décors est assez remarquable.
Pour explorer l’hôtel du Repos éternel, Luigi pourra également compter sur un nouveau compagnon pour l’aider : lui-même. Enfin, un clone de lui-même : Gluigi. Nouvelle fonction de l’Ectoblast, Luigi peut se dédoubler en une version gélatineuse de lui-même et permettre de réaliser des tâches en coopération qui nécessitent deux fois plus puissance… ou deux fois plus de jugeote. Le Gluigi est livré avec son propre Ectoblast et est aussi capable que le modèle original.
Luigi pourra également compter sur un nouveau compagnon pour l’aider : lui-même. Enfin, un clone de lui-même : Gluigi.
On retrouve alors des énigmes assez classiques qui font appel à un doppelgänger : tirer sur deux éléments en même temps, se tenir chacun sur un bouton au sol, mais le truc intéressant avec le clone est que sa forme gélatineuse lui permet d’accéder à des zones innaccessibles derrière des grilles ou autres accès très étroits. De même, des pics mortels pour Luigi n’ont pas d’effet sur Gluigi. Le but de la manœuvre étant de savoir quand un boulot est fait pour le frère tout vert du frère en vert.
Ça ferait une bonne émission pour YouTube
Il y a des chances que Gluigi existe surtout pour donner des raisons pour incorporer de la coop à Luigi’s Mansion 3. En effet, à l’instar d’un Mario Odyssey, il est possible de connecter un autre Joy-Con pour contrôler directement Gluigi et jouer la totalité de l’aventure à deux. De bonnes idées ont également été introduites afin de mettre l’emphase sur le deuxième joueur. Il est donc le seul capable de se faufiler à travers les accès prévus pour le clone, certains fantômes sont pensés pour la coop (ils ont deux queues) et il devra communiquer le fait qu’un Boo se trouve dans les environs (via les vibrations HD de la manette).
Malgré ses nouveautés dans le gameplay, la formule Luigi’s Mansion semble ne pas trop bouger. On affronte des fantômes dans des combats un poil trop faciles (avec la nouvelle possibilité de les jeter les uns sur les autres) et on explore minutieusement chaque pièce de l’hôtel. Même s’il y a plus qu’un seul bâtiment, le Repos éternel est découpé en de nombreux étages, et Luigi doit réunir des boutons de l’ascenseur pour progresser dans son aventure hôtelière.
Malgré ses nouveautés dans le gameplay, la formule Luigi’s Mansion ne semble pas trop bouger.
Chaque étage propose sa propre ambiance, ses propres situations et ses propres combats de boss uniques (à défaut d’être difficiles). Beaucoup d’effort ont été fournis pour donner du cachet à l’univers de Luigi’s Mansion 3 et ça se ressent. Le jeu est très joli et n’est pas avare en cinématiques et animations uniques qui s’immiscent souvent dans les phases d’exploration de manière organique et non invasive. Luigi est également très expressif et changera souvent d’attitude en fonction de ce qu’il vient de vivre. Je suis également fan du comportement physique de Gluigi, très drôle.
Le niveau de détail à ce niveau-là est vraiment bluffant et donne à l’ensemble un charme fou. Bien sûr, le jeu ne donne pas vraiment la trouille (il manque toujours ce petit truc malsain qu’avait le premier opus), mais on suit avec plaisir les mésaventures du petit frère de Mario en se mettant volontiers dans sa peau. D’ailleurs, le jeu aimerait bien atteindre les 60 FPS la plupart du temps, mais n’y arrive tout simplement pas. Pas de dégringolades du framerate (contrairement à Link’s Awakening), Dieu merci, mais le framerate maximum sera énormément impacté par l’étage où vous vous trouvez.
Luigi est très expressif et changera souvent d’attitude en fonction de ce qu’il vient de vivre. Le niveau de détail est vraiment bluffant et donne à l’ensemble un charme fou.
Chaque niveau possède sa propre fonction et donc, sa propre disposition et énigme. Si on commence doucement avec la salle de réception, la cuisine et les chambres de la suite RIP (mdr), on finit par tomber sur des niveaux… étranges. Ambiance médiévale ou pharaonique, studio de tournage ou boîte de nuit, on rentre rapidement dans la 4e dimension. Le reproche que je pourrai faire là-dessus, c’est que les étages semblent manquer d’interconnexions, contrairement au premier épisode avec son manoir au level design qui lui donnait un certain caractère. On se contente le plus souvent de résoudre les énigmes d’un étage avant de passer au suivant.
Seulement, même si les étages ne sont pas très grands, vous risquez d’y passer beaucoup de temps si vous êtes un complétionniste. Il y a plus de secrets dans une pièce que dans un niveau entier de DOOM 2 et certains sont très retors. Entre les sommes astronomiques d’argent à trouver cachés dans les murs et les 6 gemmes à collectionner à chaque étage, il y a de quoi faire. Si vous n’aimez pas errer comme une âme en peine parmi les autres fantômes de l’hôtel à la recherche de trésors, vous pouvez dépenser ce précieux argent pour des indices sur l’emplacement des Boos et des gemmes. Mais les vrais chasseurs de fantômes n’en ont pas besoin.
Oh, un mot sur les contrôles qui souffrent toujours les mêmes problèmes de visée depuis la Gamecube. Contrôler l’orientation de l’Ectoblast et les déplacements de Luigi avec une caméra fixe éloignée, ce n’est vraiment pas une chose aisée et requiert un certain temps d’adaptation. Si vous jouez sur un seul Joy-Con, c’est limite pire. C’est jouable, mais pas toujours évident à prendre en main.
S.O.S, il y a des fantômes
En plus d’avoir un mode solo assez long et solide, Luigi’s Mansion profite des fonctionnalités en ligne de la Switch pour proposer des modes multijoueurs assez variés.
Le mode Tour Hantée permet de jouer avec plusieurs consoles ou en ligne en coopération propose une mini-campagne répartie sur plusieurs niveaux, la complexité et la difficulté croissants à chaque étage avec une emphase sur la recherche : amasser une cagnotte commune, retrouver des Toads à escorter jusqu’à un point d’extraction ou capturer tous les fantômes. On fait comme dans Scooby-Doo :on sépare pour chercher des indices.
La communication est de mise puisqu’un Luigi peut être pris au piège et seul un autre joueur peut venir le libérer. C’est un peu comme si Left 4 Dead avait été créé par Nintendo. D’autres tâches nécessitent également le concours de plusieurs joueurs et quelques subtilités de gameplay sont réparties ici et là, à maîtriser au fil des parties.
Il faudra attendre plus de sessions pour se faire une idée plus exhaustive du potentiel du mode, mais le plaisir est là (tant qu’on vous ne laisse pas deux heures coincés derrière une porte maudite). Malheureusement, la difficulté ne semble pas être adaptée au nombre de joueurs dans la partie et le challenge devient compliqué à 3 et très exigeant à 2. Une manière de Nintendo de proposer une difficulté à la carte ? Je n’en suis pas sûr.
Enfin, il y a le mode Les Jeux de L’Étrange, pensé uniquement pour le multijoueur en local sur une seule console. Jouable jusqu’à 8 (!), les joueurs s’affrontent en équipe dans 3 mini-jeux qui mettent en avant le travail d’équipe. C’est rigolo avec des potes qui s’incrustent pour une soirée Bière/Pizza, mais pas de quoi y passer des nuits entières, d’autant plus que réunir 7 potes et 8 Joy-Cons au même endroit, au même moment, avec une télé assez grande pour comprendre l’action, c’est compliqué.
Décision étrange, les Jeux de L’Étrange ne sont pas jouables en ligne, ni avec plusieurs consoles. Avec 8 joueurs en simultané, c’est assez incompréhensible et vraiment dommage. Le mode sera donc réservé aux joueurs qui ont assez d’argent pour se payer les Joy-Cons et les amis nécessaires pour jouer.
Ça, c’est Palace
Luigi’s Mansion 3 est bien parti pour être un titre plus que recommandable pour les joueurs Switch en manque de jeux pour la fin 2019 (ou en attendant Pokémon). Le core gameplay reste le même, mais les quelques nouveautés de gameplay et le level design suffisent à renouveler plutôt bien l’expérience. L’hôtel du Repos éternel n’est pas un gros défi en soi, mais les adeptes de l’exploration risquent de se casser les dents sur certains secrets bien tordus, et c’est ça qu’on aime. Quant à moi, si la réalisation arrive à rester aussi exemplaire jusqu’à la fin du jeu, je prendrai sûrement mon pied avec la riche mise en scène du titre et les mimiques du pauvre Luigi. Ça lui en coûte énormément d’être sur le devant de la scène.
Bilan : Très Bon
Luigi’s Mansion 3 sera disponible sur Nintendo Switch pour Halloween, soit le 31 octobre.