Les jeux Mario & Sonic aux J.O n’ont pas la meilleure réputation malgré le fait qu’ils réunissent les deux héros les plus célèbres de l’Histoire du Jeu Vidéo. Tokyo 2020 pourrait changer la donne.
Le jeu vidéo ne change pas
Quand le premier Mario & Sonic aux Jeux olympiques a été annoncé sur Wii en 2017, tous les enfants des années 90 étaient enfin convaincus : la Grande Guerre des consoles était bel et bien terminée. Voir Sonic et Mario sur la même jaquette de jeu, c’était quelque chose. Malheureusement, la mode était au motion gaming et la réputation de la console dans le milieu des G@M3Rs était au plus bas. Il faut l’avouer, le party game sportif n’avait plus la cote.
Avec les épisodes suivants, on avait presque l’impression que Sega Sports était contraint à la corvée tous les 4 ans. La formule ne bouge pas beaucoup en dehors du choix des épreuves et on a du mal à y trouver de l’intérêt quand on ne joue pas avec le petit frère ou avec des copain·ines dans un état second. Mais Tokyo 2020 pourrait tout changer.
En effet, maintenant que le titre représente le pays d’origine des deux personnages stars (et que la Switch se vend comme des churros sur une plage de la Côte d’Azur), on sent qu’un effort a été fait pour rendre l’expérience plus riche, plus intéressante… et limite pointue dans certains domaines.
La plus grosse nouveauté de cette itération, c’est l’introduction d’un mode solo qui veut à la fois rendre hommage à l’Histoire des Jeux olympiques… et celle des jeux vidéo.
Super Sonic 64
Bowser et Dr. Eggman ont réussi à piéger Mario et Sonic dans une console rétro maudite : la Tpkyo 64. Voilà les deux anciens rivaux envoyés dans le passé, avec les graphismes qui vont avec. D’ailleurs, le nom de la console n’est pas un clin d’oeil à la célèbre machine de Nintendo (quoique), mais plutôt un hommage aux JO de 1964 qui était les premiers Jeux olympiques organisés par un pays d’Asie. Comment le sais-je ? Parce que le mode Histoire a surtout pour vocation de vous faire découvrir la vraie Histoire de ces jeux mythiques pour les Japonais, sans oublierd’être limite un guide touristique de Tokyo pour les futurs visiteurs de 2020.
Ok, on a souvent cette impression de : “oh, mon Dieu, ce jeu essaye de m’apprendre des choses”. Mais si ce n’était pas l’occasion rêvée, je ne vois pas quand cela aurait pu l’être. Le saviez-vous ? Le nouveau stade d’athlétisme possède une immense toiture en bois importé des 74 cantons du Japon, symbole de leur unité.
La narration n’est clairement pas le point fort de ce nouveau mode solo, puisque tout est prétexte pour participer à des épreuves, alors qu’il y a vraiment urgence à faire sortir Mario et Sonic de la console maudite. Aucune difficulté dans ces mêmes épreuves, car elles ne sont là que pour être découverte avant de s’attaquer aux autres modes. On se balade dans Tokyo et on découvre les installations calquées sur ceux de la réalité en compagnie de la bande de Mario et des shitty friends de Sonic. Ça blablatte un peu trop à mon goût, si je puis me permettre.
Mario et Sonic, pendant ce temps, participent aux épreuves de 1964. Exit le motion gaming toujours un peu bancal, derrière ses graphismes 8-bit (avec les personnages de Sonic avec leurs sprites 16-bit, allez savoir), on retrouve un gameplay très simpliste, très inspiré des vieux Track & Field. Vous savez ? Les jeux de sports où l’on masturbe la manette au point de s’en détruire les doigts.
C’est très brut de décoffrage de revenir à un gameplay qu’on a pas vu depuis 20 ans, mais cela a son charme, et on a assez vite envie de vouloir battre des records. Le mode Histoire est d’ailleurs entrecoupé de mini-jeux uniques qui suivent le scénario (si on peut appeler ça comme ça) avec leurs propres mécaniques… même si on reste toujours dans l’ambition d’un party game où la rejouabilité se sent très vite limitée.
Au fait, sachiez-vous que le Centre de Gymnastique d’Ariake avait été construit sur les vestiges d’une ancienne scierie ?
Triple sot
Bien pour les nouveautés mignonnes, mais les épreuves sportives inspirées de la vraie vie, alors ? Et bien… ça reste un jeu des JO. Voilà. Des commandes très simples à prendre en main (quand on ne galère pas avec la reconnaissance de mouvement des Joy-Cons) malgré une couche de subtilité qui peut faire la différence entre un mini-jeu osef et un truc où l’on peut être motivé à battre des records.
Il y a surtout une certaine idée d’accessibilité derrière la conception ces épreuves, car les joueurs peuvent choisir s’ils veulent utiliser un seul ou deux Joy-Cons ou bien seulement les boutons… merci mon Dieu. Comme dit plus haut, le motion gaming a toujours du mal à s’imposer comme une méthode d’input viable à 100% (malgré un gros effort de conception), et laisser le choix sur la manière de jouer est clairement un très bon point. D’autant plus que certaines épreuves proposent quelques mécaniques cachées assez subtiles, pour peu qu’on s’y attarde. D’ailleurs, les épreuves rétro ne se jouent qu’avec des boutons.
Parmi la sélection de cette édition, on y trouve surtout les nouvelles disciplines qui vont faire leur grande première lors des JO 2020 : l’escalade sportive, le skateboard, le surf et le karaté. Il y a également de nouvelles épreuves Rêve qui inventent une discipline totalement inapplicable dans la vraie vie, mais qui sont souvent les plus funs. Malheureusement, il n’y en a que trois.
De la même manière, il n’y a rien à débloquer et aucune progression globale. Juste des épreuves à faire entre amis en écran splitté, avec plusieurs Switch en local, voire en ligne (si c’est vraiment votre truc).
Petit point noir : les sports individuels sont joués en même temps en multijoueur, et on perd un peu ce truc d’observer les autres galérer avec leur lancer de javelot avant de faire le malin à son tour. On perd un peu de cette convivialité qui reste le principal intérêt (le seul ?) de ce genre de jeux, et avoir le choix entre du tour par tour et du simultané aurait été le bon compromis.
Pourtant, j’oserais presque dire que Tokyo 2020 est une bonne alternative à Super Mario Party, si ce dernier vous a déçu.
On fait ça pour l’Argent
Mario & Sonic aux Jeux olympiques de Tokyo 2020 pourrait bien être l’un des meilleurs épisodes de la série. On sent que Sega et Nintendo ont une certaine pression sur les épaules du fait que le titre possède la licence des Jeux olympiques organisés par leur propre pays. Tokyo 2020 veut rendre hommage à la beauté et l’héritage de l’événement avec un clin d’oeil aux jeux qui l’ont précédé. Cependant, même si des efforts d’accessibilité ont été faits (avec la possibilité de se passer du motion gaming) et que certaines épreuves possèdent un gameplay plus profond qu’ils en ont l’air, on reste dans la compilation de mini-jeux assez simplistes qu’on s’amusera à testouiller seulement pendant un temps. En espérant qu’une expérience plus approfondie me donnera tort, parce qu’il y a quand même à boire et à manger dans cette nouvelle édition. Oh, et vous apprendrez que le Gymnase métropolitain de Tokyo a été construit en 1956 !
Bilan : Bon
Mario & Sonic aux Jeux olympiques de Tokyo 2020 sera disponible le 8 novembre sur Nintendo Switch.