Opus de la licence qui a enfin permis à Monster Hunter de percer à l’international, World s’apprête à recevoir une extension qui risque d’engloutir des heures de jeu aux fans.
La saison de l’hiver est ouverte
Il faut que je vous le dise : les conditions de test de ce Monster Hunter World étaient… particulières. Enfermé pendant 4 heures dans une pièce de 5m² en pleine de période de canicule où le thermomètre extérieur a atteint les 41°C, Iceborne avait intérêt à me rafraîchir la gueule, avec ses décors de toundra ou autres glaciers immenses. Autant dire que j’avais envie de me projeter dans la dernière production de Capcom.
D’office, on me demande si j’ai touché à Monster Hunter World. Repoussé par le fanatisme de copains Osmoss et Dryft pour la licence d’action-RPG aux tendances spécistes, j’avais longtemps omis l’existence de Monster Hunter, mais World semblait bien être… à part, bien plus accessible que ses aïeux. Curieux, j’ai fébrilement attendu la version PC, me suis lancé et… n’ai pas lâché le jeu pendant au moins un mois, son contenu étant assez “monstrueux” et son expérience vraiment unique. Osmoss, Dryft, j’aurais dû vous écouter : j’aime Monster Hunter.
On m’a posé cette question parce qu’Iceborne est vraiment la suite directe de Monster Hunter: World. Il s’agit bien d’une extension, mais on nous promet un contenu narratif au moins aussi important que le jeu de base. Si on ne s’est pas fait la main sur le jeu de 2018 en terminant son mode histoire, on risque de passer un sale quart d’heure.
Les dents de la neige
Peu après les événements de Monster Hunter World, la Commission de recherche apprend que des Legianas, ces wyverns majestueuses aux pouvoirs de glace, auraient été aperçus dans la Forêt Ancienne du Nouveau Monde, une situation tout à fait inhabituelle, voire impossible. Envoyé sur place, le Chasseur se rend compte que les Legianas migrent vers le nord, pour s’installer sur de nouvelles terres gelées encore inconnues.
Le souci est que des événements étranges sont en train de chambouler l’écosystème du Nouveau Monde tout entier, et vous êtes envoyé sur place pour savoir ce qu’il s’y passe. Cette contrée est rapidement nommée le Givre éternel par la Commission de recherche. Tout ça pour vous dire que la mise en scène de la quête principale est toujours aussi chouette, s’autorisant même quelques saynètes directement pendant les phases de gameplay.
Le Givre éternel est une nouvelle zone qui s’ajoute à celles de World, bien qu’elle soit bien plus grande et se dévoile au fil des missions des quêtes principales. On distingue bien différents biomes dans la même région. Entre des sous-bois de conifères et des grottes de glace, les environnements ont l’air assez variés, tout en restant dans le champ lexical du froid. Ça manquait un peu de grands espaces ouverts, à la manière du Désert des Termites, je n’ai pas pu tout découvrir. D’autres endroits remarquables seront peut-être présents dans la version finale.
Cette nouvelle région apporte surtout de nouvelles mécaniques de jeu à prendre en compte comme la gestion du froid. À l’inverse de la grotte volcanique de la Terre des anciens, il faudra consommer des boissons chaudes pour ne pas voir son endurance fondre comme neige au soleil (oui, un paradoxe). Heureusement, les composants pour fabriquer la boisson sont partout et diverses sources chaudes permettent de se réchauffer.
Il y a aussi d’épaisses couches de neige qui empêchent le joueur de se mouvoir correctement, ce qui rend parfois les combats un brin plus compliqués, mais qui s’éclaircissent au fur et à mesure que l’on patauge dedans. C’est aussi l’occasion pour Iceborne de montrer que MHW est toujours aussi joli, avec une direction artistique qui nous fait bien comprendre qu’on se les caille (je vous rappelle que j’ai très chaud, à ce moment-là). L’opportunité idéal pour intégrer un mode photo pour ceux qui préfèrent capturer les monstres en clichés.
À peine je foule le sol de cette nouvelle région que le premier monstre m’attaque : un Beotodus, cousin givré du Jyuratodus. La bête se meut dans la neige épaisse comme s’il se déplacerait dans l’eau, où seule sa corne en forme d’aileron de requin sort du sol.
Même avec mon matériel de haut niveau, le combat n’a pas été simple. J’avoue que je suis légèrement rouillé avec ma grande épée et il m’a bien fallu 30 minutes pour en voir le bout. Pourtant, de nouvelles mécaniques de gameplay inédites ont été introduites pour gérer différemment le combat. Par exemple, il est désormais possible d’utiliser son grappin sur un monstre pour s’accrocher sur son flanc. Si vous vous cramponnez à la bonne partie du corps, vous vous garantissez une attaque lourde, sinon vous êtes éjecté aussi sec. Dans le contexte où la neige handicapait mes mouvements (en plus d’utiliser une arme lourde à utiliser), cela s’est avéré être plutôt utile.
Toutes les armes ont également un nouveau coup à disposition qui met à contribution le contenu de votre fronde, déchargeant toutes vos munitions d’un coup. Plutôt utile quand vous avez le type de projectile qu’il faut.
Même si je n’ai pas trouvé comment y arrive, il semblerait que l’on puisse chevaucher les petits monstres, comme les jagras. Impossible de dire si cela sera utile en combat, mais cela pour grandement améliorer la mobilité du joueur en voyage sur la carte. Malheureusement, pour profiter de ces nouvelles mécaniques de jeu, il faudra absolument posséder Iceborne, alors qu’elles sont utilisables dans le Nouveau Monde.
Évidemment, Iceborne apportera aussi de nouveaux gadgets pour le palico, de nouveaux objets et de nouvelles armures spéciales cosmétiques.
Serpent solide
Il est alors temps de faire connaissance avec le Banbaro, un monstre avec de nombreux points communs avec un Barroth, mais avec une tête de bouc et d’énormes cornes. La taille des cornes les rend difficiles à esquiver en cas de balayage, mais elles servent surtout à creuser dans le sol pour envoyer son contenu à la tronche du joueur. S’il est dangereux de rester trop prêt, cela peut-être punitif de rester trop loin.
Au-delà de ça, le Banbaro se comporte vraiment comme un Barroth, puisqu’ils partagent la même morphologie. Pendant cette session de test, je n’aurais pas eu l’occasion de voir des monstres réellement originaux, même si l’introduction de l’extension nous laisse facilement penser qu’il y aura pas mal de choses nouvelles à découvrir. Encore une fois, je galère tout de même un peu à achever le monstre, le combat s’éternisant un peu. Je me demande comment le combat se serait passé si j’avais eu l’équipement de mon compte qui est de niveau bien moindre (mal, sans doute).
D’ailleurs, Capcom nous rappelle à ce moment-là que le multijoueur a été remanié dans Iceborne. Désormais, la vie max du monstre s’adaptera en fonction du nombre de joueurs dans le groupe, plutôt que d’offrir la même difficulté à 2 ou 4 joueurs, et ce de manière dynamique. Si un joueur quitte le groupe de manière intempestif, vous ne devriez pas trop en pâtir.
Le temps manquant, il est alors temps de rencontrer notre troisième monstre : un Tobi Kadachi. Oui, vous le connaissez déjà, mais ce n’est pas n’importe quel Tobi Kadachi : un Tobi Kadachi Vipère. Iceborne réintroduit alors le concept de sous-espèces de monstres issu des anciens Monster Hunter, où ces derniers utilisent un élément différent du monstre de base, changeant complètement l’approche du combat.
Par exemple, le Kadachi Vipère remplace ses attaques électriques pour du poison, et on se rend vite compte du problème que cela peut générer. Déjà que se faire paralyser toutes les 5 secondes était déjà relou, alors imaginez vous faire empoisonner à la chaîne. Les attaques spéciales du monstre deviennent un problème bien plus sérieux qu’auparavant et doivent être évitées à tout prix. Dans le cas contraire, votre stock d’antidote va être épuisé extrêmement rapidement.
Impossible de dire s’il s’agissait des conditions pour le test, mais il n’y avait pas de limite de temps ou de vies, sinon, j’aurais échoué la quête depuis bien longtemps, n’étant absolument pas préparé comme il l’aurait fallu.
À ce moment-là, Iceborne nous propose des missions dans les anciennes régions de Monster Hunter World, afin de partir à la chasse aux sous-espèces, augmentant considérablement — de manière artificielle — le nombre de monstres à chasser. Les missions de la quête principale feront d’ailleurs quelques allers-retours entre le Nouveau Monde et le Givre éternel, histoire de ne pas oublier d’où l’on vient (et le thème d’Astera qui me vrille le crâne).
Justement, quand le joueur se trouve au Givre éternel, il aura l’occasion de se reposer à Seliana, la nouvelle ville introduite par l’extension. Avec ses allures de chalet des Alpes, le camp est beaucoup plus dense qu’Astera, que certains joueurs trouvaient un peu relou à arpenter à la longue. Pourtant, la petite ville possède exactement les mêmes services.
C’est l’occasion de découvrir la nouvelle chambre du Chasseur, avec bien plus d’options de personnalisation à débloquer. Cette fois, vous pouvez absolument tout changer : les meubles, leurs textures, le type de plancher, les éléments décoratifs… il y a vraiment beaucoup de choses à débloquer et à modifier pour que la pièce convienne à vos goûts. Le plus chouette est que vous pouvez inviter des copains.ines à visiter votre piaule. C’est du fluff, mais ceux qui passeront des centaines d’heures de jeu sur l’extension apprécieront.
Cercle Popolaire
Cette prise de contact d’Iceborne renforce le sentiment d’être une suite logique à Monster Hunter: World, en introduisant tout de même quelques mécaniques bien à lui (qu’on aurait aimé voir débarquer dans le jeu de base). Les monstres rencontrés ne sont — pour l’instant — pas très originaux, mais le challenge semble là. La nouvelle région du Givre éternel propose ses propres challenges et peut se révéler être difficile à arpenter, et les sous-espèces apportent une plus-value au jeu dans son ensemble. Cependant, il est toujours compliqué de juger un Monster Hunter sans avoir chassé le moindre monstre qui arpente ses terres, mais les fans de World qui ont besoin de prolonger leur expérience devraient en avoir pour leur argent. Il ne manque plus que l’extension sorte pour que l’on sache si Capcom a réussi à transformer l’essai ou si le recyclage est un peu trop prononcé.
Bilan : bon
Monster Hunter World: Iceborne sera disponible le 6 septembre 2019 sur Xbox One et PS4, et le sera sur PC en janvier 2020.