2 ans et demi après sa sortie surprise, Apex Legends continue d’être un free-to-play multijoueur prolifique à la fanbase dévouée et fidèle au poste. Au fil de ses 10 saisons, le Battle Royale de Respawn Entertainment qui prend appui dans l’univers de Titanfall a bien changé, mais malgré les divers changements, ajouts et transformations, il faut avouer que le studio arrive à se renouveler sans trop forcer. La saison 11, Évasion, ne déroge pas à la règle et démontre une nouvelle fois les talents d’équilibriste de Respawn.
Avis de tempête
C’est compliqué de maintenir un jeu-service intéressant et excitant au fil de son exploitation, surtout quand il fait partie d’un genre – le Battle Royale – qui a épuisé les joueurs plus rapidement qu’il en faut pour dire “PUBG“. Heureusement que dans le cas d’Apex, le titre profitait déjà d’une base très solide en février 2019, proposant une phase de recherche ni trop héritant du gunplay et d’une partie de la magie des déplacements de la série Titanfall.
Au fil des saisons, Respawn a apporté des nouveautés attendues (des cartes, des Légendes…) et… moins attendues (le système de crafting, le mode Arènes…). Pourtant, dans un cas comme dans l’autre, la qualité des transformations du Battle Royale a été d’une constance remarquable, accompagné de toujours plus d’assurance et d’ambitions. Et le tout, sans obliger les équipes de développer à cruncher jusqu’à pas d’heure, apparemment.
Et c’est ça qui est le plus agréable avec Apex Legends : la possibilité de revenir sur le jeu à chaque lancement de saison et apprécier le nouveau contenu disponible. Il est possible de rester scotcher au titre pendant 3 mois, le temps de la saison, mais quand on quitte Apex Legends, ce n’est jamais sur un coup de colère ou une soudaine sensation de lassitude, mais simplement de façon naturelle (parce qu’on a déjà un backlog long comme le bras). Avec le modèle économique actuel des free-to-play basé sur des Battle Pass, c’est clairement le signe d’un jeu-service fait consciencieusement.
Évasion, la 11e saison d’Apex Legends devrait continuer sur cette lancée et justement permettre ça : profiter tout d’un gameplay efficace que l’on aime avec du nouveau contenu attendu, mais qui fait sens. Ce préambule à présent terminé, j’ai pu jouer quelques parties pour mieux cerner son contenu.
C’est presque comme des vacances
Après avoir ravalé la façade du Canyon des Rois, d’Olympus et du Bord du Monde lors des 3 dernières saisons, Respawn introduit une nouvelle carte : Storm Point (traduit par un bien décevant “Zone d’orage“). Île paradisiaque qui rappelle par moment Lagoon du premier Titanfall, l’heure n’est pourtant pas à la détente.
On pourrait considérer Storm Point comme un petit best-of des talents de level design de Respawn, mélangeant de vastes espaces dégagés et assez plats du littoral, aux falaises et rochers qui forment un dédale au centre de la carte, bloquant rapidement les lignes de vue… sauf pour le point le plus culminant de l’île. Comme souvent, une bonne lecture de l’évolution de l’anneau devrait permettre à certaines équipes de profiter d’un avantage tactique non négligeable, prenant aux dépourvus les rushers peu attentifs.
C’est surtout au niveau de ses points d’intérêts que Storm Point se démarque : les architectures ont été pensées pour des scénarios de combats sans concessions, du centre d’un grand radiotélescope (façon GoldenEye), aux tranchés d’un site de lancement qui permet de se déplacer tout en passant inaperçu, en passant par des installations perchées au milieu de la cime des arbres, où il est possible de se désengager en sautant tout simplement par une rambarde pour se retrouver très loin en contrebas. Je la vois déjà comme une hot zone de début de partie avec des moyens de s’échapper facilement au cas où les choses tournent mal un peu trop vite.
Au fil du temps, les joueurs de Battle Royale ont fini par s’habituer à des rythmes de jeu de plus en plus rapides. Contrairement à Olympus qui propose un champ de bataille condensé, Storm Point est une carte assez grande, mais elle propose des outils de mobilités qui devraient plaire aux joueurs les plus pressés/agressifs. Les véhicules Trident font leur retour, tandis que d’énormes tremplins disséminés un peu partout permettent de naviguer entre les points d’intérêts assez rapidement. C’est toujours très drôle de se rendre compte qu’un adversaire s’est catapulté au même moment à l’opposé, le tout dans les airs.
Enfin, Storm Point met enfin la faune à meilleure contribution. Les volants du Canyon des Rois seront toujours là pour proposer du loot opportuniste (en échange d’un manque de discrétion certain), mais naviguer sur la carte exigera cette fois un peu plus d’attention, car des nids de rôdeurs et des araignées géantes – marqués sur la carte – prendront en chasse les Légendes imprudentes.
Attaquer des nids peut se révéler intéressant en termes de ressource, car leur destruction vous récompensera en points d’évolution pour votre bouclier, en ressources de crafting, tandis que les objets gagnés devraient s’adapter à votre équipement. Mais n’oubliez pas que vous ferez un boucan du diable dans le processus.
De même, les bestioles peuvent se montrer particulièrement serviables quand une équipe concurrente est dans les environs, puisqu’attaquer les nids rameutera des renforts. Comptez sur quelques échauffourées bien chaotiques.
Une vieille amie
Ash est donc la nouvelle Légende introduite avec Évasion, teasée depuis un bon moment : l’événement de fin de la saison 5.
En proposant Ash comme nouvelle Légende jouable, Respawn fait une fois de plus des hommages à l’univers de Titanfall, alors qu’on a longtemps senti le studio frileux à ce sujet. En effet, les joueurs ont pu croiser le simulacre en tant que boss de la campagne de Titanfall 2, et la Pilote de Titan n’a visiblement pas perdu la main avec un sabre, même si ce dernier est à taille humaine.
En réalité, Ash est une cyborg dont le cerveau est bel et bien organique, appartenant à la personne à l’origine des malheurs d’Horizon, autre Légende du roster. On se doute que tout ce background n’existait pas lors de l’écriture de Titanfall 2, et que Respawn s’est démené pour raccrocher les wagons comme il a pu pour continuer à proposer une narration qui intéressera les fans du Battle Royale et de l’univers Titanfall en général… mais il faut avouer que la caractérisation des personnages d’Apex Legends est toujours aussi plaisante, sans partir dans certains excès (contrairement aux nouveaux skins toujours aussi… moches).
Pourtant, voilà l’excès : ce qui différencie Ash d’un autre simulacre dénué d’empathie (à tout hasard, Revenant) est une petite part d’humanité enfouie sous ce corps froid de métal, incarné par la prise en charge d’un rat tout mignon… laissé volontairement sans nom par Respawn pour ne pas que la communauté se l’approprie trop. On n’est plus à un mème d’initié près.
Pour ceux qui apprécient ce genre d’exercice, l’écriture en surface du jeu n’est pas en reste : si certaines synergies pouvaient déjà s’entendre en fonction des personnages d’un même groupe, c’est toute une dynamique qu’il y a à découvrir entre Ash et Horizon. La scientifique au fort accent écossais habituellement enjouée se retrouve d’un coup très déprimée à l’idée de collaborer avec celle qui a gâché sa vie, et cela s’entend dans toutes ses répliques d’ambiances et de gameplay.
J’en conviens que ce genre de détail peut être considéré comme dénué d’intérêt, mais cela montre que Respawn tient beaucoup à l’univers et les personnages qu’il a créés, renforçant par petites touches une cohérence globale… et alimentant les chaînes YouTube spécialisées dans ces trucs.
Oh, pardon. Vous êtes sûrement intéressés par son gameplay : Ash est une Légende qui devrait plaire aux joueurs qui devraient travailler sur leur agressivité (en jeu comme dans la vraie vie), car son kit est complètement tourné par ce style.
En tant qu’ancienne Pilote de Titan, Ash profite d’un authentique data-knife qui lui permettra de pirater des caisses de frag trouvées durant la partie. Après quelques secondes, le joueur saura où se trouve le tueur (qui sera averti au même moment), lui permettant d’aller chercher la prochaine bagarre, où de mieux situer sa cible en combat si le corps est encore frais. Oui, elle peut même pirater les caisses de ses coéquipiers, histoire de mieux les venger.
Autre gadget de Pilote croisé dans Titanfall 2, sa capacité active est un Piège à arc qui permet de clouer un adversaire sur place avec un peu de doigté. Pas la peine d’expliquer que dans Apex Legends, si vous n’avez pas la capacité de bouger, vous êtes dans de beaux draps.
Enfin, sa capacité ultime s’inspire directement de son ancien Titan, le Ronin (et rappelle peut-être un peu trop des capacités de Wraith). Ash ouvre une faille dimensionnelle et se téléporte à la zone ciblée, de préférence dans le dos d’adversaires. Comme la majorité des capacités ultimes d’Apex Legends, n’importe qui peut ensuite entrer dans la faille (alliés comme ennemis), qui ne présente donc pas vraiment comme un outil de fuite… sans failles.
Il est bon à noter que la téléportation n’est pas instantanée et particulièrement visible : il faudra la jouer fine si vous comptez prendre vos adversaires par surprise.
Sur une autre note, Évasion compte également revoir un peu les capacités de Wattson, une Légende particulièrement portée sur la défense. Comme Apex Legends est clairement un shooter assez rapide, son style ne se prête pas trop face à des joueurs compétents, alors un coup de pouce n’est clairement pas de trop pour la voir briller plus souvent.
Sans entrer dans les détails, l’efficacité de ses barrières a été doublée, tandis qu’il est bien plus facile de les poser avec des cooldowns réduits de moitié et la possibilité de déployer des nœuds sans être ralenti. Sa capacité ultime, Pylône d’interception, est désormais limitée à un seul exemplaire, avec une réserve de 250 points de bouclier à distribuer entre les joueurs, mais sa durée de vie est désormais illimitée, tandis que les boucliers proches se rechargeront bien plus rapidement. Cela devrait inciter les joueurs de Wattson à utiliser leur capacité ultime plus souvent en situation de combat, sachant qu’il est toujours possible de la recharger instantanément avec des accélérants d’ultime.
L’autre vieille amie
Enfin, une arme prisée des joueurs de Titanfall 2 fait enfin son entrée dans Apex Legends : la mitraillette C.A.R.
Plutôt que de proposer une énième mitraillette qui aurait fait doublon avec la R-99 ou le Prowler, Respawn a eu la bonne idée d’un twist : la C.A.R. sera pile entre les deux. Présenté comme une arme de départ assez puissante et polyvalente, l’arme pourra basculer entre des munitions légères ou lourdes, avec la possibilité d’utiliser n’importe quel chargeur étendu pour ces deux types de munitions.
Selon la munition utilisée, la C.A.R. aura un comportement bien différent à maîtriser : les balles légères vont plus loin, mais les balles lourdes frappent plus fort (logique). À vous de choisir le bon mode selon la situation, bien qu’une arme spécialisée devrait faire un meilleur travail dans le même domaine.
De leur côté, les fusils à double action reçoivent un accessoire particulièrement intéressant : la munition double. Ainsi, le Mastiff et le Répéteur 30-30 pourront décharger deux balles à chaque tir. De quoi rendre leurs dégâts plus constants, bien que vous aurez deux fois moins d’occasions de tirer avant de recharger.
Épreuve de confort
Une nouvelle carte, une nouvelle Légende et une nouvelle arme, la saison 11 d’Apex Legends remplit parfaitement le cahier des charges de ce qu’on attend d’une mise à jour majeure de Battle Royale. Toutefois, les choix de design et la créativité du studio tombent toujours juste pour un vrai plaisir de jeu renouvelé. Il se peut que vous ayez perdu intérêt dans le free-to-play conçu par Respawn, mais les joueurs curieux et/ou récurrents risquent de rempiler pour 3 mois de plus.
La saison 11 d’Apex Legends, Évasion, sera déployée le 2 novembre sur PC, consoles Xbox, PlayStation et Nintendo Switch.