Il est peu aisé de se faire une place dans le monde du Hack’n Slash sauce Diablo. L’ampleur toujours plus grande de Path of Exile et l’ombre d’un imminent Diablo IV pèsent lourd sur ceux qui empruntent le chemin du carnage & du loot en folie. C’est pourtant la voie qu’a choisie Stitch Heads Entertainment avec Superfuse, un action RPG hack’n Slash aux atours de comics super héroïques.
Beau comme une corpo
Concocté par un jeune studio néerlandais, Superfuse cherche en premier lieu à se démarquer par sa direction artistique et sa thématique principale. On incarne les “Enforcers”, des individus à qui l’on a accordé des super pouvoirs, en vue de terrasser la “Corruption”, protéger le système solaire, mais aussi et surtout servir la Corporatocracy. Les dragons, gobelins et engeances démoniaques, laissent place à de la bestiole mutante, des monstres corrompus et du super vilain. La science-fiction supplante la fantasy, à coup de super héros dans un bel estampillage comics.
Un changement de paysage appréciable, loin des tons lugubres habituels : de la violence tout en couleur. Les petites mains de chez Stitch Heads ont su donner du cachet à leur superbébé : des personnages aux interfaces, en passant par les décors et les grosses bébêtes, la DA façon comics fait un gros BAM! dans les mirettes. Au même titre qu’un Borderlands, Superfuse affiche une forte identité sur le plan artistique. D’ailleurs, lui aussi ne se laisse pas adoucir par ses jolies couleurs et donne à foison dans les effusions de sang.
Des personnages aux interfaces, en passant par les décors et les grosses bébêtes, la DA façon comics fait un gros BAM! dans les mirettes.
Il faut bien le dire, Superfuse a de quoi pavané avec ses beaux pixels crayonnés. Certains éléments manquent de clartés, notamment les quêtes à récupérer, perdues au milieu de la dizaine de choix des pnj concernés, sans réel moyen de les distinguer. Rien de bien méchant en l’état et qui saura être amélioré d’ici la sortie du jeu.
Bref, il s’agit là d’un univers qu’on explore avec plaisir : je n’ai pu en apprécier qu’une petite partie, mais l’envie d’en découvrir plus est bien d’ores et déjà présente. Par ailleurs, le jeu promet d’être entièrement doublé ; du peu que j’ai pu entendre, les acteurs délivrent une belle performance, parfaitement dans le ton du monde corporate.
La science in Fuse
Au premier abord, Superfuse s’en tient à un gameplay relativement classique lorsqu’on parle d’un hack’n slash en vue isométrique. Pour cet aperçu, ainsi que pour le début de l’accès anticipé, on trouve 2 personnages — cela devrait être poussé à 5 d’ici la 1.0 — avec chacun 2 à 3 sets de compétences. L’élémentaliste, celle avec qui j’ai réalisé la majeure partie de mon temps de jeu dispose d’un arbre de talents spécialisé Feu, et l’autre glace. On est en mesure de se spécialiser dans l’un ou dans l’autre, voire de partir sur quelque chose de plus hybride, en allant chercher des compétences dans les 2.
D’ores et déjà, la proposition de build se veut plutôt alléchante ; plusieurs approches sont possibles pour un même personnage, de par ses nombreuses capacités. On retrouve bien entendu un système d’équipement lui aussi conventionnel, avec les différentes statistiques et les niveaux de raretés.
Chacun des pouvoirs a matière à voir ses effets, son utilisation, complètement modifiés
Jusque là, Superfuse se montre bon élève, presque conservateur dans le concept diablo-like. Mais là où le titre vient remuer les sentiers battus, c’est avec ses modificateurs de capacité, le cœur même de son gameplay, qui nous permet d’apprécier toute la saveur du building. Outre le butin, bleu, violet ou orange qu’on aime toujours voir apparaître par dizaines, on récupère aussi ces « fuse», que l’on peut apposer sur les compétences de nos héros. Et je ne parle pas uniquement de simple booster de stats : chacun des pouvoirs à matière à voir ses effets, son utilisation, complètement modifiés.
Au bout de seulement 2 ou 3 niveaux, j’ai donc vu ma petite boule de feu se scinder en 3, traverser les ennemis et doubler de volume, ou même devenir un mortier. La glacier, des pics de glace lancés droit devant en temps normal, pouvaient partir en zigzag, devenir tête chercheuse, voire exploser en bout de course. Comble du bonheur, les fuse sont interchangeables à la volée : pas besoin d’un pnj, de monnaie spécifique ou autre les placer et déplacer. On les équipe, on les essaie et on change (ou non) comme bon nous semble, avec comme seule limitation une capacité de stockage, liée au niveau du personnage.
Les développeurs délivrent un système astucieux dans la construction du personnage, tandis qu’ils encouragent à la recherche du build qui fait vibrer notre cœur de grinder, tout en évitant soigneusement de ne pas nous effrayer avec des limitations sur la respécialisation.
Reste à savoir si cette philosophie de design maintiendra sa solidité dans les hautes sphères de l’endgame, voire s’il est aussi permissif qu’il le laisse entendre au premier abord. Il va sans dire que pour l’aperçu d’un jeu attendu en accès anticipé, je n’ai pas pu ne serait-ce qu’effleurer cet aspect-là. Malgré tout, entre les fuse, l’arbre de talents et les différents skills, Superfuse démontre une profondeur de gameplay excitante, que j’ai hâte d’expérimenter davantage.
L’Enforcer enforcé
Comme le veut l’adage de ce genre de jeu, on a droit à des hordes d’ennemis à dézinguer, allant des simples bestioles infectées aux types « élites ». En ce sens, Superfuse se montre plus corsé qu’il n’en a l’air. Certains ennemis peuvent réanimer leurs congénères, d’autres les soignent ; on peut rapidement se retrouver submerger, jusqu’à faire face au bel écran « game over”.
Superfuse démontre une profondeur de gameplay excitante, que j’ai hâte d’expérimenter davantage
Avec ma frêle élémentaliste, il m’est bien souvent arrivé de finir en charpie, au milieu d’un troupeau plus hargneux qu’escompté, ou faute d’avoir repéré à temps le vilain du fond qui faisait apparaître ses petits potes. À plus d’un titre, et peut-être davantage que ses congénères diabloesque, Superfuse nous demande d’être efficace quand il s’agit de contrôle de foules. Très vite, il m’a fallu prendre en main les skills de “murs” comme le mur de flamme et le rempart de glace, et surtout bien gérer mes potions.
Le jeu sait se montrer exigeant – et ce des les premières heures de jeu – sans pour autant tomber dans l’absurde (en tout pas, pas jusque là). Les checkpoints sont nombreux tandis que bidouiller ses skills a vraiment de quoi changer la donne.
A savoir que Superfuse promet de la coopération jusqu’à 4 joueurs, ce qui, sans être une marque de facilité, promet en tout cas de la tuerie de masse dans la joie et la bonne humeur.
22 v’là les supes !
Sur cette dizaine d’heures de jeu, Superfuse respire le superfun. Il y a boire et à trucider pour tout le monde, aficionados du hack ‘n’ slash à la diablo comme nouveau venu, attiré par le bel atour comics d’un titre qui remplace les vieux mages aigris par du justicier (un peu trop) proche de son employeur. Le système de “fuse”, simple et bien pensé, détonne de possibilités au sein d’un gameplay à la fois profond et maîtrisé. Mais n’allons pas vendre la peau du corrompu avant de l’avoir fumé. Superfuse, en dépit de ses qualités certaines, a encore beaucoup à prouver, surtout pour un genre où la rejouabilité et le endgame sont des pièces maîtresses. Il se montre en tout cas très prometteur, et j’ai personnellement très hâte d’embrigader 3 victimes amis pour continuer à découvrir cet univers d’une somptueuse violence.
Superfuse est attendu en accès anticipé sur PC (Steam) le 31 janvier 2023.