Alors que Breath of the Wild a cassé tous les codes de la licence Zelda, le remake de Link’s Awakening veut être un véritable doudou pour les nostalgiques. On a pu jouer quelques heures à l’un des épisodes préférés des vrais fans.
“Link, réveille-toi…”
La licence Zelda a toujours eu ce petit truc en plus, un peu comme l’incarnation parfaite du jeu d’aventure et d’exploration. J’ai commencé personnellement cette série un peu sur le tard, mon premier étant Ocarina of Time sur N64, mais les fans hardcores s’accordent à dire que A Link to the Past est le meilleur représentant de la licence. Les fans encore plus hardcores préfèrent Link’s Awakening.
Les fans hardcores disent que A Link to the Past est le meilleur représentant de la licence. Les fans encore plus hardcores préfèrent Link’s Awakening.
Pourtant, c’est un jeu Game Boy sorti en 1993, quoi. Il n’y a que deux boutons et un écran monochrome. En plus, ça ne se passe même pas en Hyrule. Pourtant, ce Link’s Awakening avait ce truc bizarre en plus qui a fait la renommée du titre, tout en restant un Zelda pur jus assez dense. Je n’ai jamais touché à Link’s Awakening, à mon grand regret. De ce fait, ce remake qui s’apprête à débouler sur Nintendo Switch sera l’occasion parfaite pour beaucoup de joueurs de réparer ce tort.
En effet, le terme de remake n’est pas pris à la légère. Le jeu a été recréé case par case, tel quel. La vraie différence majeure vient dans le fait qu’en dehors des donjons, le titre n’est plus découpé par différents écrans adjacents. L’île de Cocolint peut enfin être explorée sans transition et de manière très fluide, ce qui rend l’expérience moins rigide.
Les joueurs qui ont saigné la version Game Boy ne vont donc pas être dépaysés. Ils vont redécouvrir leur titre préféré sous un nouvel angle, c’est certain, mais ils connaissent déjà la solution du jeu. Il suffit de comparer un walkthrough sur YouTube avec ce qu’il se passe sur le Switch pour s’en convaincre.
Si je pense que Zelda: Breath of the Wild est un des jeux les plus importants à être sortis ces dix dernières années, cela fait quand même du bien de retourner sur un Zelda classique. À peine Link se réveille de son naufrage, l’aventure commence et le titre évite de vous prendre par la main.
Cela fait quand même du bien de retourner sur un Zelda classique.
Bien sûr, il y a un toujours un cheminement logique et linéaire : chercher à accéder au prochain donjon, battre le donjon, utiliser l’objet du donjon pour progresser, recommencer. Malgré la taille limitée de Cocolint, il y a beaucoup de choses à faire et à découvrir, avec des cheminements de moins en moins évidents et des éclairs de génie à avoir. Malgré un gameplay à priori simple, l’univers du jeu étoffe l’expérience de manière graduelle et satisfaisante.
Même si le titre original était un jeu Game Boy, le titre n’était pas dénué d’ambitions pour apporter des choses neuves qu’on n’a jamais vues ailleurs dans la série. On retrouve — entre autres — ces courtes phases de gameplay en 2D qui rappellent le mal aimé Zelda 2 paru en 1987 sur NES, avec des invités surprise comme des goombas et des plantes piranhas.
Oui, il y a même des — méchants — kirbys, des Boos et même le Dr. Wright de SimCity qui se tape un feat. Le plus Nintendo des jeux vidéo avant l’arrivée de Smash Bros.
Remake, mais pas que
Après s’être fait la main sur Link’s Awakening sur Switch, on se rend compte que ce remake n’est pas fainéant pour un sou. Si on ressent bien que le titre était quand même un poil limité techniquement à l’époque de sa conception (c’est quand même un miracle de faire rentrer tout ce bordel dans une cartouche Game Boy), le titre profite des capacités de la Switch pour faciliter la vie du joueur.
Désormais, les boutons X et Y sont mis à contribution pour assigner des objets, et le bouclier est utilisé uniquement avec la gâchette droite. Fini les allers-retours incessants dans les menus, on se concentre un peu plus sur l’action.
Fini les allers-retours incessants dans les menus, on se concentre un peu plus sur l’action.
Le remake de Link’s Awakening apporte d’autres mécaniques de qualité de vie non négligeables, comme la possibilité de se remémorer les dialogues des PNJ qui sont censés nous mettre sur la bonne voie. Chose qui pouvait frustrer un brin si on n’est pas très attentif dans les anciens titres.
De même, comment parler de ce remake sans aborder sa patte graphique particulière ? Pour le coup, l’aspect du jeu peut diviser : certains trouvent que l’aspect jouet en plastique fait trop enfantin. Je pense qu’ils voient trop loin, et que Nintendo a voulu garder la direction artistique la plus pure possible, comme une incarnation des premiers pas de la saga mythique créés par Miyamoto (même s’il n’a pas participé au développement du premier Link’s Awakening).
Il fallait absolument que tous les objets et personnages tiennent sur une case, même si on est dans un espace 3D plus libre que sur Game Boy. Dans un environnement avec une logique de quadrillage, cela reste extrêmement cohérent. Et puis… c’est vraiment trop choupi et c’est très bien comme ça. Voilà, le mot est lâché.
On peut tout de même regretter quelques trucs, comme un flou étrange sur le bord des écrans qui pique un peu les yeux si on y prête trop attention, cette drôle de décision de faire tourner Link sur lui-même instantanément (ça enlève du charme au côté rondouillet des animations), ainsi qu’un framerate qui chute de manière aléatoire et donc désagréable. Heureusement, le titre est à 60 FPS la plupart du temps, ce qui fait un jeu de plus à 60 boules par seconde sur Switch que sur les autres consoles. Rage donc dans les commentaires.
J’ai également pu tâter un peu la création de donjons avec ce bon Igor Le Fossoyeur. Ce n’est pas Super Zelda Maker, mais ça fait suffisamment le taf pour que son introduction soit justifiée. À chaque fois que vous battez un donjon, vous gagnez ses salles en tant que dalles de conception. À partir de là, vous pouvez tout mélanger pour créer ce qu’il vous plaît, et résoudre quelques énigmes au passage. Un bon moyen de se faire des rubis et assouvir ses pulsions d’architectes de donjons.
Le seul bémol, pour l’instant, et qu’il n’y a pas vraiment de salles inédites, ce qui limite un peu la sensation de découverte et les énigmes. Il sera possible de partager ses créations, mais uniquement via l’utilisation des amiibos à prêter avec ses copains lors de la récrée.
Une légende reste une légende
Link’s Awekening semble être parti être un vibrant hommage à l’un des meilleurs Zelda tout en étant un des moins populaires. La recréation du jeu à la virgule près peut décevoir les aficionados (et risque de raccourcir la durée de vie), mais cette transposition sur console moderne permet de (re)découvrir un titre plein de charmes et de bonnes idées, sans oublier de lisser l’expérience de manière bienvenue au passage, avec quelques nouveautés bonus. Après un Breath of the Wild qui a cassé tous les codes, cela fait du bien de retrouver un game design plus classique. Et on ne peut pas écrire “classique” sans “classe”.
Bilan : très bon
The Legend of Zelda: Link’s Awakening sera disponible le 20 septembre sur Nintendo Switch.
Merci pour l’aperçu, ça me conforte dans mon futur achat. Je ne l’ai pas encore fait celui-ci !