La Saison 2 d’Apex Legends est disponible depuis deux jours et apporte de nombreuses nouveautés plus que bienvenues… et ça fait du bien de replonger.
Légende vivante
On vous voit tous là, à râler parce que le contenu ne vient jamais assez vite, avec vos “dead game” en commentaire à chaque fois qu’on parle d’un jeu que vous n’avez pas lancé depuis 12 jours. Véritable phénomène lors de sa sortie surprise en début d’année (largement expliqué par son budget opé spé faramineux pour payer les streameurs), le succès du titre de Respawn Entertainement (Titanfall) est bien loin de son apogée. Les audiences Twitch ont chuté de 90% et les revenus du jeu avec. Pourtant, je pense que le Battle Royale n’a jamais été aussi bien qu’aujourd’hui.
Je n’arrête pas de me plaindre que les jeux multi me bouffent un temps fou alors que je pourrais attaquer ma liste de jeux en retard ou à faire (ne bouge pas Outer Wilds, j’arrive), et pourtant, il y a ce truc addictif qui ne vous lâche pas.
Voilà quelques semaines que j’avais lâché Apex (un comme tout le monde, je suppose). Pas parce que le jeu ne me plaisait plus, mais parce qu’il était difficile de jouer avec des étrangers qui refusent de faire les choses correctement ou d’utiliser leur cervelle un minimum (tiens, un peu comme Overwatch). Sans compter sur le fait que tes potes préfèrent toujours jouer à des jeux tout pourris comme Rainbow Six: Siege ou Battlefield 5 plutôt qu’avec toi (on n’oublie pas la Loi de Poe).
L’autre souci, c’est que la Saison 1 avait déçu pas mal de monde. En dehors de quelques skins pas vraiment inspirés, il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent en dehors d’Octane. Je fais partie des rares gars qui n’en ont rien à foutre du cosmétique (mais vraiment rien à foutre, du genre à garder les apparences de base), mais il faut avouer qu’avec un marché en saturation, c’est difficile de rester sur un jeu sur le simple fait qu’on s’amuse. On est plus à la grande époque de Counter-Strike, Quake 3 ou UT99. Les joueurs ne sont plus habitués à se contenter d’un jeu pour ce qu’il est.
Pourtant, Respawn Entertainement prie les joueurs d’êtres patients. Pire, le studio leur a prié de ménager leur impatience, car les managers préfèrent prendre leur temps plutôt que de brusquer les développeurs qui travaillent déjà assez dur pour nous apporter du contenu significatif et de qualité, là où un Fortnite est mis à jour toutes les semaines. Ce dernier presse ses développeurs comme des citrons pour espérer étancher la soif de nouveauté des joueurs. Bien qu’on soit sur des saisons de 3 mois et non de 10 semaines, pour moi, ça fait toute la différence. Parfois, moins, c’est mieux.
Fait comme les autres, mais pas trop
Pourtant, Apex Legends semble parti pour ressembler un peu au jeu d’Epic Games. La Saison 2 apporte quelques trucs qu’on retrouve chez le voisin, comme une modification de la carte à certaines zones clés. À certains endroits, le paysage est radicalement transformé, avec de nouveaux bâtiments ou l’invasion des Léviathans.
C’est aussi l’occasion pour le spin-off de Titanfall de vouloir se la jouer avec un scénario de fond, en teasant un personnage mystérieux (qu’on suppose être une future légende) dans le trailer de lancement de la saison. Vous savez, le genre de générateur à théories farfelues qui alimentent en intraveineuse des milliers de YouTubers. Il faut que les joueurs se sentent obligés soient présents quand les changements surviennent, sinon ils auront l’impression de manquer un truc. Il est très probable que des nouveautés de cette nouvelle saison seront absentes lors du déploiement de la saison 3, et ainsi de suite. C’est sur genre de truc que Fortnite entretient son buzz.
Pourtant, ça fonctionne bien. Après un léger pincement au coeur lorsque se rend rend compte que certaines zones qu’on avait mémorisées ont disparu (piétinés par les fameux Léviathans), on prend ses marques avec les nouveaux points d’intérêt comme la Cage ou la zone de Confinement.
Ces nouvelles zones apportent une certaine variété dans le level design déjà réussi du Canyon des rois. Le Confinement offre une configuration de bâtiments entrevêchés encore inédite et le sommet de la Cage offre une vue imprenable sur la rivière en bas de la colline. Les affrontements à cet endroit sont assez verticaux. D’ailleurs, le site semble être encore en construction, ce qui annoncerait de nouvelles évolutions futures.
Parlons ensuite de “l’éléphant dans la pièce” (comme disent les anglophones) : les Léviathan. Ils sont réellement immenses et changent radicalement la paysage. Ils ne sont pas très actifs et bougent leurs énormes pieds seulement de temps en temps (ce qui peut quand même vous tuer !), mais la première rencontre est assez fascinante. On a du mal à regarder ailleurs qu’en l’air. D’ailleurs, ces créatures sont tellement grandes qu’elles peuvent très bien gêner votre vol selon la trajectoire du vaisseau de largage et votre destination.
Apparues quelques jours avant le début de la saison, les créatures volantes de Titanfall ont envahi le Canyon des rois. Certains transportent des caisses de morts avec du matos souvent de bonne qualité (voire des armes dorées). Pour la récupérer, il suffit de tirer sur le volant, mais cela implique un risque tactique, car vous tirez en l’air, ce qui est très visible. Sans parler du fait que le moteur sonore a été amélioré pour mieux entendre les tirs au loin. Un bon moyen d’accélérer la rencontre des joueurs et intensifier les affrontements.
D’une autre façon, Respawn n’hésite pas à changer quelques règles du jeu établies depuis le premier jour. La zone chaude a disparu pour laisser place à deux caisses de ravitaillement qui atterissent avant que les joueurs touchent le sol. Chacune contienne une L-STAR, une arme de poing et un mod de munition pour cette dernière. Il faut être bien plus malin lors de ses drops pour en tirer avantage, vu que la caisse a été pensé pour équipé une seule personne, mais débarquer avec une L-STAR dans une zone de fouille quand tout le monde est en train de s’équiper donne un avantage non négligeable. Le risque en vaut souvent la chandelle, et avec deux caisses disponibles, il y a moyen de faire des choix tactiqes intéressants.
“Nathalie, mon amour des JMJ”
Forcément, qui dit nouvelle saison dit nouvelle légende. On aimerait que Respawn en sorte un peu plus souvent, mais il faut avouer qu’il y a un sacré travail de conception pour ne pas casser l’équilibre voulu par le studio quand il s’agit des capacités des personnages. On n’est pas dans Overwatch.
Nathalie “Wattson” Paquette aime l’électricité, et cela risque de faire un… choc à ceux qui auraient le malheur de la sous-estimer. Elle est redoutable dès qu’il s’agit de combat en milieu confiné. Ses barrières sont très visibles et il est dur de surprendre un adversaire avec, mais avec la bonne dextérité, on peut se donner un temps de répit rapidement. Contrairement à Caustic, il y a vraiment moyen d’en foutre partout et de se créer un véritable périmètre de sécurité. Si vous réagissez vite, un ennemi pris dans le champ électrique est condamné, incapable de se défendre.
Je ne sais pas si c’est fait exprès, mais la barrière se désactive quand Wattson passe devant le flux. Il y a donc moyen de créer de véritables embuscades en s’éloignant de la barrière au dernier moment, mais je n’ai pas encore réussi un tel exploit. Je suis nul pour tendre des pièges…
C’est surtout son ultime qui est intéressant. Toujours à but défensif, sa bobine a plusieurs fonctions : elle accélère la récupération de la barrière de Wattson, recharge les boucliers alliés à proximité et détruit surtout les grenades et attaques aériennes en approche. Beaucoup se sont plaints des ultimes de Gibraltar et Bangalore. Wattson est alors un contre parfait. Le pire, c’est qu’un accélérateur d’ultime le recharge entièrement.
Le souci, c’est qu’Apex Legends est un poil trop rapide pour le gameplay tactique de Wattson. Piéger un joueur est vraiment rare et les pylônes sont suffisamment à découvert pour s’en débarrasser facilement. En plus, si vous vous accrochez avec d’autres joueurs en extérieur, vous serez plus occupé à tirer qu’à poser des barrières qui ne vous serviront pas à grand-chose. Cependant, j’attends de voir si de bons joueurs sauront utiliser ses capacités de manière créative.
Oh, il faut quand même parler de son design : elle est juste trop mignonne. Sérieusement, vous avez déjà vu une machine à tuer aussi joviale ? Apex Legends continue de proposer des personnages féminins variés et intéressants, loin des clichés. C’est ça qu’on aime.
Sa voix fluette, son accent français maladroit et son langage corporel sont adorables. La voir tapoter des mains d’excitation quand elle pose une barrière me transforme en guimauve. C’est simple, j’aime tout dans ce personnage. J’ai dit que je n’avais pas grand-chose à foutre du cosmétique, mais il faut avouer que le skin Licorne proposé par Twitch lui va à ravir.
Hey now, you’re a L-STAR
On parlait de la L-STAR tout à l’heure, et ça fait du bien de la retrouver après Titanfall 2. Elle fait énormément de dégâts, les projectiles sont gros mais sont plutôt lents et l’arme à tendance à surchauffer, ce qui n’est pas l’idéal dans le feu de l’action. Un joueur avec une bonne discipline peut faire des ravages avec.
Elle est uniquement disponible dans les caisses de ravitaillement, mais comme dit plus haut, elle est garantie dans les deux premiers largages de la partie. Contrairement à Titanfall 2, ses munitions ne sont pas infinies. Ça part vite ces conneries et il est hors de question de la ravitailler. Presque une arme jetable, elle servira à deux escarmouches et puis c’est tout.
Mais le plus intéressant reste les nouveaux mods de munitions pour les armes de poings telles que le P2020, le RE-45, l’Alternator et le… brrr, le Mozambique. Apex Legends a un équilibre des armes vraiment intéressante et chacun peut trouver flingue à son holster, mais je trouve que les armes légères auraient dû être plus plus prédominants. Quitte à être un connard, je pense que les joueurs auraient dû être limités à une seule arme principale et une seule arme lourde… comme Titanfall, quoi. Mais comme il s’agit d’un Battle Royale avec un TTK plus élevé, c’est sûrement un concept plus compliqué.
Les mods permettent alors de rendre les armes de poings largement plus intéressantes voire des options viables. L’Alternator fait fondre le bouclier d’un ennemi en un éclair et le Mozambique… one shot. Non, je ne rigole pas. Cette merde peut maintenant tuer un joueur à distance raisonnable d’un seul tir s’il n’a plus de bouclier. Avec un bon combo, c’est l’humiliation ultime.
Say hello to my little friend
Quelques armes ont également été rééquilibrées (le Flatline est plus que correct) mais l’addition des chargeurs améliorés pour les armes énergétiques reste assez étrange, enlevant d’une certaine manière leur côté unique. Mais bon, comme ça, elles sont bien plus viables en fin de partie.
Passe-moi le sel
Respawn avait promis, Respawn a tenu sa promesse. Le Battle Pass de la Saison 2 est bien plus intéressant que la première saison. Les récompenses sont nombreuses, parfois d’un type nouveau et pas toujours de bon goût.
En fait, c’est surtout la progression qui est bien moins frustrante. À l’instar d’un Fortnite ou d’un PUBG, on retrouve un système de défis journaliers et hebdomadaires. Le gros avantage, c’est qu’ils sont assez faciles à réaliser et n’exigeront pas aux joueurs de jouer d’une certaine façon ou de risquer leur partie pour la simple motivation de terminer leurs quêtes. Sérieux, qu’est-ce que ça peut m’énerver dans Fortnite.
Chose intelligente, chaque joueur possède ses propres défis. Comme ça, si un défi hebdomadaire vous demande de jouer Bloodhound, les autres joueurs ne devraient pas batailler pour choisir le perso à votre place (les rage-quits sont encore fréquents).
La progression du Pass est également bien plus rapide qu’avant. Résoudre une quête hebdomadaire peut se régler en deux ou trois parties et vous offrez directement un niveau de progression. Le déblocage des récompenses est bien plus rapide et plus gratifiant.
Au niveau des cadeaux, Respawn n’a pas fait les choses à moitié. Les skins excentriques sont toujours là, mais les emotes de saut sont une vraie nouveauté, seulement disponibles dans le pass. Ça rend tout de suite la phase de saut un brin moins monotone.
Si vous aimez personnaliser votre interface, des écrans de chargement alternatifs peuvent être débloqués, mais c’est surtout les nouvelles musiques écrites par le compositeur historique de Titanfall, Stephen Barton, que je veux collectionner. Chaque personnage a désormais sa propre variation du thème principal du jeu, et c’est tout de suite très classe. Je ne sais pas si ça parlera à beaucoup de monde, mais c’est ce genre de truc que j’apprécie beaucoup.
En clair, la saison 2 apporte beaucoup de choses nouvelles, inédites, voire surprenantes. Avec l’expérience que l’équipe a accumulée jusque là, on espère que la Saison 3 qui débutera en octobre sera au moins aussi réussie. Pas sûr que je serais encore scotché au jeu d’ici là, mais revenir de temps en temps sur un titre qu’on apprécie avec un bon équilibre entre nouveautés et contenu solide existant fais quand même plaisir à voir. À l’ère des jeux-service qui tirent souvent la tronche, ce n’est pas rien.
Cette saison 2 m’a également remotivé à relancer le jeu, le gameplay est toujours aussi fun par contre je n’accroche pas au nouveau perso que je trouve trop statique, du bon boulot en tout cas de la part de Respawn !