À une époque où les plateformes de téléchargement sur PC prolifèrent au point de provoquer des réactions épidermiques, CD Projekt a peut-être trouvé une solution pour clore le débat. Ou au moins rendre la vie un peu moins contraignante.
Le dernier launcher à télécharger
Voilà quelques semaines que j’utilise la toute fringante version 2.0 de GOG Galaxy et je dois avouer que je suis… charmé.
L’ouverture de l’Epic Games Store et sa politique agressive d’acquisition d’exclusivités a généré beaucoup de discussions houleuses sur le subreddit PCMasterRace, mais la communauté est d’accord sur un point : il y a désormais trop de launchers et c’est rapidement devenu le Bronx pour gérer sa collection. Déjà un souci de longue date avec Origin et Uplay, l’EGS a été la goutte d’eau.
C’est sûrement cette frustration qui a donné l’idée aux Polonais de CD Projekt de vouloir rassembler tout le monde dans le même bateau, et pourquoi pas faire cohabiter PUBG, Fortnite, Apex Legends et Overwatch dans la même liste de jeu. L’idée du remaniement de son propre launcher afin de cohabiter avec les autres est né.
Qu’on se mette tout de suite d’accord : GOG Galaxy 2.0 n’effacera pas comme par magie le calvaire de navigation entre les nombreuses plateformes, mais il faut avouer que la solution de GOG est plutôt élégante et fonctionnelle.
Personnellement, je m’en fous un peu, je fais même partie des rares personnes qui pensent que l’arrivée de l’Epic Games Store n’a pas que des côtés négatifs, la rémunération des studios en tête. Mais entendre le cri de douleur de Papachaï à l’annonce de l’exclusivité de Borderlands 3 a fendu mon petit cœur de pécéiste (on habite à 600 km l’un de l’autre, c’est pour dire à quel point). C’était la motivation qu’il me fallait pour chercher un remède à son malheur et voir si GOG Galaxy 2.0 est la solution miracle.
Ludothèque d’Alexandrie
Bon, on récapitule : si vous êtes un joueur PC convaincu, combien de comptes différents avez-vous (les jeux avec launcher unique comme League of Legends à part) ? Dans mon cas, entre Steam, Origin, Uplay, Battle.net et l’Epic Games Store, ça fait une bonne demi-douzaine. Et encore, c’est sans compter votre compte GOG qui espère bien organiser un peu tout ce foutoir.
La mise en place peut rapidement être fastidieuse si vous avez beaucoup de comptes, mais heureusement, on ne le fait généralement qu’une fois. Double peine si vous êtes un maniaque de la sécurité avec de la double authentification dans tous les sens (j’ai toujours un Digipass physique pour mon compte Battle.net).
Si vous voulez pousser le délire un peu plus loin, il est même possible d’ajouter son compte PlayStation Network ou Xbox (la version Windows n’est pas encore supportée). Il est bien sûr impossible de lancer un jeu console sur son PC via Galaxy 2.0, mais cela permet de centraliser toutes les infos tirées vos différentes plateformes de jeu.
En effet, Galaxy 2.0 ne veut pas seulement être un hub central pour tous vos jeux PC, mais également une fenêtre sur toutes vos activités vidéoludiques, et les comparer avec celles de vos amis (à condition qu’ils aient synchronisé les comptes des mêmes plateformes).
Il est évidemment impossible de supporter tous les launchers de la Terre, comme celui de League of Legends en tête ou d’autres programmes de niche comme Itch.io. GOG a alors eu la bonne idée de mettre la communauté à contribution et a déjà partagé une API afin qu’elle puisse développer le support d’autres launchers moins populaires en attendant — peut-être — une solution officielle.
Maintenant que vous avez récupéré vos mots de passe oubliés et que tous vos comptes sont synchronisés, on se retrouve avec une liste de jeux issus de tous les horizons… et ça fait bizarre. Mais c’est cool !
Pour peu que la jaquette officielle d’un titre existe dans la base de données de GOG, c’est très classe, et si vous êtes patient (et un brin maniaque), il est même possible de modifier les miniatures, icônes et arrière-plans de chaque jeu. C’est assez lisible et personnalisable à souhait.
“Séquence de lancement initialisé”
Bon, c’est sympa de mettre sa collection en avant, mais on n’est pas là pour comparer ses collections. On veut surtout lancer ses jeux sans passer par des milliards de manipulations, c’est tout ce qu’on lui demande… et ça fonctionne.
C’est très sommaire : on clique sur la page du jeu qui nous intéresse et on clique sur “jouer” puis… le jeu se lance. Voilà, la révolution est en marche.
Pour ceux qui ont peur pour les performances de leur machine, GOG promet également que Galaxy 2.0 sera capable d’arrêter un launcher quand le jeu lancé associé aura été quitté. Fini la corvée de couper les launchers manuellement un par un, mais ce n’est pas encore le cas.
Galaxy 2.0 n’est pas le premier programme qui s’enorgueillit de pouvoir centraliser tous vos jeux au même endroit, mais GOG promet de nouvelles fonctionnalités bientôt.
Par exemple, il est déjà possible de récupérer les informations sommaires de vos statistiques et celles de vos amis inscrits sur Galaxy, mais à terme, la liste d’amis devrait être interconnectée avec tous vos comptes, et c’est ça finalement le Saint-Graal promis par Galaxy 2.0.
Si tout se passe bien, vous pourrez discuter avec vos amis Steam ou Epic Games Store dans la même fenêtre de discussion. Pas sûr que la totalité des fonctionnalités de chaque launcher sera supportée, mais ça serait un bon début.
Il est impossible de dire quand cette version 2.0 sera disponible au grand public, mais cela ne devrait plus trop tarder. Peut-être quand les fonctionnalités promises énoncées plus haut seront proches de l’implémentation.
Pour résumer, GOG Galaxy 2.0 est une belle promesse qui peut déjà séduire les amateurs de solutions propres, mais n’est pas encore le launcher fédérateur que l’on mérite. La bêta fermée fait déjà le café et donne un bon aperçu de ce qui nous attend, mais ce n’est que quand les fonctionnalités phares seront développées qu’on pourra vraiment juger de l’intérêt de Galaxy 2.0 et savoir si le chef d’orchestre sera en mesure d’accorder tous ces violons chaotiques. J’aime quand c’est carré.
Cependant, il y a quand même des zones d’ombres à prendre en considération, notamment sur les mises à jour des jeux. Galaxy n’est là que pour lancer l’exécutable d’un jeu dont il connaît l’emplacement sur votre machine, mais un soft qui aura besoin d’être mis à jour nécessite toujours que son launcher d’origine soit lancé.
J’ai découvert les joies de la fibre récemment et attendre 6 minutes pour une mise à jour de 30 Go ne me dérange pas, mais les joueurs avec des connexions en cuivre devront accepter d’avoir leurs launchers principaux en arrière-plan, sinon ils risquent de gâcher leur soirée PUBG via une MAJ intempestive. Un système de notification sur la disponibilité d’une mise à jour sur tel ou tel launcher serait déjà un gros plus.
GOG doit donc relever de gros défis techniques pour que sa solution soit réellement viable, tout en espérant que les sociétés qui gèrent les launchers en question soient coopératives et ne mettent pas intentionnellement des bâtons dans les roues. Pourtant, Galaxy 2.0 est déjà la meilleure proposition de centralisation à l’heure actuelle, et ne peut que s’améliorer.
Pensez à ce pauvre Papachaï, ne le laissez pas tomber.