Après avoir annoncé le report de ses trois prochains jeux majeurs suite aux mauvais résultats de The Division 2 et Ghost Recon: Breakpoint, les actions d’Ubisoft ont perdu plus de 25% de leur valeur à la Bourse de Paris.
État d’urgence
C’est un peu la panique chez Ubisoft. L’éditeur français semble être en pleine crise existentielle. The Division 2 n’arrive pas satisfaire pleinement les attentes de l’entreprise et la réception très froide de Ghost Recon: Breakpoint par la presse (Elrizzt peut confirmer) et le public peine beaucoup l’exécutif de la boîte.
Suite à ce constat, l’éditeur a besoin de comprendre ce qu’il s’est passé afin de ne pas réitérer cet erreur, comme il essait de l’expliquer dans son dernier bilan trimestriel. C’est d’autant plus vrai pour Breakpoint, où Ubisoft ne s’attendait vraiment pas à un tel désastre. Suffisait de jouer au jeu, pourtant.
Nous n’avons pas su capitaliser sur le potentiel de nos deux derniers lancements AAA. Concernant Ghost Recon Breakpoint, alors que de l’E3 à la Gamescom en passant par les previews et nos derniers playtests internes la qualité du jeu semblait se confirmer, la réception critique et les ventes sur les premières semaines ont été très décevantes. Comme nous l’avons fait à maintes reprises par le passé, nous allons soutenir le jeu et rester à l’écoute de la communauté pour y apporter les améliorations nécessaires.
Pour Ubisoft, il est clair que l’écart de sortie entre Wildlands et Breakpoint est beaucoup trop court, d’autant plus que Wildlands a encore reçu du contenu cette année. Il est difficile pour une communauté d’un jeu de passer sur l’opus suivant, surtout quand le prochain propose une expérience moins bien généreuse.
À ce stade, nous avons identifié 3 éléments principaux pour expliquer cette contre-performance :
- Il est plus difficile de créer de l’intérêt pour des suites de jeux Live multijoueurs, quand les précédentes itérations ont bénéficié d’une expérience optimisée sur plusieurs années. En conséquence, il est nécessaire que les suites de jeux Live soient plus espacées dans le temps.
- Notre stratégie d’introduire des innovations dans le gameplay de nos jeux a eu un impact très positif sur nos marques. Pour convaincre les joueurs, ces innovations doivent être parfaitement implémentées afin d’offrir une expérience optimale. Ce n’est pas encore suffisamment le cas sur Ghost Recon Breakpoint. Si le changement de formule a été très apprécié par certains joueurs avec un temps de jeu moyen par jour et par joueur de plus de 3h, il a également été fortement rejeté par une partie importante de la communauté.
- Ghost Recon Breakpoint n’est pas venu avec suffisamment d’éléments de différenciation, et cela a nui à la mise en valeur de ses qualités intrinsèques.
La décision a sûrement été difficile, mais Ubisoft a donc décidé de reporter ses 3 prochains jeux majeurs à une date indéterminée durant l’exercice fiscal 2020-2021 : Watch_Dogs Legion, Gods & Monsters et Rainbow Six: Quarantine.
Et ça fait mal, car les prévisions de chiffre d’affaires pour l’année passe de 2,1 milliards d’euros à 1,45 milliard. Cependant, l’exécutif dirigé par Guillemot se veut rassurant et que les retombées positives devraient être visibles dès le prochain exercice fiscal, soit à partir de mars 2021. Ubisoft pense que c’est un mal pour un bien sur le long terme.
Malheureusement, la Bourse est capricieuse, et une année entière sans jeux majeurs, ça risque d’être compliqué pour les actionnaires. Leur réponse ne s’est pas fait attendre et une action chez Ubisoft a perdu 27% de sa valeur à l’ouverture de la Bourse de Paris, ce matin. Depuis, certains investisseurs ont profité de cette aubaine pour parier sur l’avenir de la société.
Le Figaro nous rappelle que ce n’est pas la première fois qu’Ubisoft connaît une telle correction en bourse. En 2013, la cote en bourse d’Ubisoft avait perdu 25% de sa valeur suite aux retards du premier Watch_Dogs et The Crew.
Ma petite entreprise ne connaît pas la crise existentielle
Pour ma petite analyse personnelle, cela fait maintenant quelques temps que les joueurs se méfient des jeux Ubisoft. Entre The Crew 2 et Far Cry: New Dawn, on a des microtransactions non justifiées, des systèmes de progression incorporés au marteau, une utilisation à outrance de l’open-world sans réelle plus-value, etc. Les joueurs commencent à s’en rendre compte. Si The Division 2 s’en tire à merveilles, Breakpoint n’en récolte que les mauvais côtés jusqu’à corrompre le game design (sans parler des bugs à outrance).
De ce fait, est-ce que les jeux d’Ubisoft qui viennent d’être repoussés étaient partis pour recevoir les mêmes problèmes ? Est-ce qu’un remaniement de ces jeux seraient en cours pour éviter ces désagréments ? Est-ce qu’on pourrait avoir un jeu propre et carré avant de se poser la question : “comment faire dépenser les baleines ?”
On parle quand même d’un glissement d’exercice fiscal, ce qui veut dire que ces trois jeux pourraient sortir un an après leur date de sortie initiale. Il y a de fortes chances que les équipes de développement ne se contentent pas de prendre leur temps pour corriger d’éventuels bugs récalcitrants.
On sait que Cyberpunk 2077 fait peur, mais quand même.