ATTENTION : SPOILERS – RENDEZ-VOUS EN PAGE 1 POUR LA PARTIE SANS SPOILERS
C’est péché
Shazam ne doit pas seulement vaincre un super-vilain, il doit battre un super-vilain accompagné des 7 péchés capitaux, et quels péchés ! Déjà moi, y’a un truc qui me grignote les roustons d’emblée : les fameux péchés sont statufiés dans la salle du trône de Shazam (le vieux). Ils sont littéralement prisonniers. Bon ok, alors ça veut dire que sur Terre, nous vivons tous entourés de licornes et d’arcs-en-ciel, et quand on se lève le matin, un petit nuage vient nous porter jusqu’à notre tasse de café goût barbapapa.
Sauf que non, visiblement c’est toujours autant la merde : les humains sont toujours en proie aux fameux péchés. Ben pourquoi le vieux glandu garde enfermés ce qui, à l’évidence, est des imposteurs ? Parce qu’il fallait des monstres au super-vilain, voilà pourquoi. Et c’est littéralement tout ce qu’ils sont, des monstres. Ils ont beau s’appeler luxure, envie, avarice & co, ça n’a strictement aucun intérêt : aucun ne se comporte en fonction de son patronyme. Lorsque le Dr. Sivana (monsieur méchant) déboule dans la salle de réunion de son enfoiré de père et qu’il lâche les péchés capitaux sur tout le conseil d’administration, je m’attendais à ce que tous les hommes présents se mettent à agir en fonction des péchés invoqués. Genre Johnny, assis dans le coin se serait mis à déchirer les vêtements de Jack, à côté, pour lui faire éprouver la luxure jusqu’à la mort. Ce bon vieux Jean-Michel (bah quoi), quant à lui, serait devenu avare d’organes vitaux et aurait récupéré celui de Josie, assise en face de lui, etc. En fait, les péchés capitaux leur pète la gueule.
Ah si ! Ça sert à la fin parce que sinon Shazam peut pas dégommer le super-vilain. Il manipule le péché d’envie pour qu’il sorte de Sivana et laisse ce dernier vulnérable. Quand ça arrange les scénaristes, on peut rendre à au moins 1 péché capital sa nature.
À côté de ça, l’histoire de Billy Batson démarre de manière un peu décousue et on est vite paumé. Heureusement cela s’arrange par la suite, mais le scénario propre à Batson et sa famille d’accueil est très, très classique. Batson est un garnement qui se fout de sa famille d’accueil, mais pour une fois il va s’attacher à eux et se comporter “comme un vrai frère”. Il n’y a rien d’original mais le procédé est efficace. L’éternel message d’amour familial passe et, si j’avais été gosse, j’aurais probablement trouvé ça parfait. En tant qu’adulte, je me dis que l’intérêt est à aller chercher ailleurs, car ce message ne m’est à l’évidence pas destiné. Ainsi, même si je l’apprécie dans son classicisme, je me concentre davantage sur l’aspect humour.
Votre portable est chargé !
Comme dit dans la 1e partie, Shazam présente beaucoup, beaucoup de vannes, et purée que c’est bon. Tout y est : l’écriture, la mise en scène, le visuel… Même tout le délire de Batson qui cherche ses pouvoirs m’a beaucoup fait rire alors qu’il n’est pas spécialement novateur. Quand je croyais être déçu, je riais juste après. Par exemple lorsque Freddy encourage Billy à tenter de voler. L’évidence même se produit : il saute depuis un toit de voiture et se vautre. Fait et refait. Mais l’instant d’après, Freddy mentionne l’invisibilité et Billy se concentre puissance mille. Alors Freddy lâche un truc du genre : “ouah mais c’est dingue, je te vois plus, comment tu fais ?!” Et forcément l’autre commence à faire son cake, jusqu’à ce que des ados passent dans la rue et le vannent sur son costume.
La rencontre entre Billy et Shazam est aussi un grand moment, en particulier quand ce dernier lui demander de toucher son gourdin pour que ses pouvoirs se répandent en Billy. Bon, celle-là ne vole pas haut, mais sur le moment c’est très bien tourné.
Côté gag visuel on a aussi ce qu’il faut, en particulier lorsque Billy et Freddy se disent qu’ils vont se mettre à la bière et qu’ils recrachent instantanément ce qu’ils boivent. Et ça fonctionne parce que mine de rien, Freddy est un ado – et que bon, à cet âge-là il arrive qu’on test des trucs – et Billy est dans sa version Shazam. Du coup l’expulsion de l’alcool passe très bien. Cut, la même scène de sortie du magasin est rejouée, mais cette fois-ci ils ont des bonbons et autres conneries ras-la-gueule.
Ce qui fonctionne probablement le mieux, c’est véritablement le fait que les personnages sont bien écrits. Chacun a sa personnalité propre et bien trempée, et du coup on s’attache facilement à ces ados très naturels, pas franchement Hollywood. Évoquons tout de même au passage le petit gamer qui hurle de rage sur ses adversaires et fait beaucoup de références (FATALITY !). Bon, une part de moi se dit que Sandberg aurait pu abandonner le stéréotype du nerd/geek asiatique, mais je ne veux pas voir le mal partout.
Et puis il y a des vannes qu’on attendait depuis longtemps, comme lorsque Shazam fait face à Sivana dans les airs et qu’il n’entend absolument rien du discours épique du super-vilain. En fait, ce qu’il y a de bien avec Shazam, c’est que la bande-annonce contient les vannes les moins drôles.
La puissance de la foudre
Shazam est une réussite en tant que comédie. Il m’a souvent pris là où je ne m’y attendais pas et sans temps mort. Sans être exceptionnelle, la photographie et la mise en scène offrent quand même quelques jolis moments, comme l’accident de voiture ou tout ce qui précède avec les couleurs annonciatrices de l’avenir du jeune Thaddeus. Le casting est efficace, avec un Zachary Levy fidèle à lui-même – en revanche, les versions adultes de ses frère et sœurs… oh là là que ça pue. DC redresse la barre, reste plus qu’à espérer qu’il le fasse aussi pour les vrais films de super-héros.