Salut, mon pote !
Énième coup de tonnerre dans l’univers Ubisoft, Michel Ancel, le papa de Rayman, annonce qu’il arrête le jeu vidéo. Pas de communiqué de presse ni de tweet longer, mais un post Instagram à la cool où le montpelliérain nous fait découvrir un renard facétieux. Il y a un lien, puisque Michel Ancel consacrera sa retraite pour la préservation de la vie sauvage, avec pour projet d’ouvrir une réserve naturelle.
Ce petit bonhomme a beaucoup de choses à apprendre à Sam Fisher ! Aujourd’hui est très spécial pour moi. Après plus de 30 ans, j’ai décidé d’arrêter de travailler dans les jeux vidéo et de me concentrer pleinement à ma deuxième passion : la vie sauvage ! Mon nouveau projet se déroule dans le monde réel et consiste en un sanctuaire de la vie sauvage dédié à l’éducation, aux amoureux de la nature et … aux animaux. Partie jeux vidéo : beaucoup d’entre vous veulent peut-être savoir ce qui arrivera à Wild et Beyond Good & Evil 2. Ne vous inquiétez pas, depuis plusieurs mois maintenant, les équipes sont autonomes et les projets se développent super bien. De belles choses à voir bientôt.
Plusieurs fois désigné comme le “Shigeru Miyamoto français”, le créateur des Lapins Crétins (avant que ça ne dérape), Rayman et de Beyond Good & Evil est une figure emblématique de l’industrie du jeu vidéo française depuis presque 30 ans. On se souvient encore quand ce dernier, tout ému sur scène, annonçait le vaste chantier de Beyond Good & Evil 2 à l’E3 2017. Depuis, malgré un programme insider dédié aux fans, Ubisoft Montpellier peine à montrer des progrès convaincants.
Et pourtant, si on en croit Ancel, le développement se passerait bien. Tellement bien qu’il ne serait plus nécessaire dans le processus de développement. Quelque chose de tout à fait considérable, confirmé par Guillaume Brunier, producteur chez Ubisoft Montpellier, via un communiqué de presse… qui semble avoir été rédigé en réaction au post d’Ancel :
Comme Michel l’a souligné, il n’a pas été directement impliqué dans BGE2 depuis un certain temps maintenant, car l’équipe a travaillé d’arrache-pied sur la base créative solide qu’il a contribué à façonner. La force collective de l’équipe est en bonne voie pour développer un jeu d’action-aventure phare de nouvelle génération. Nous avons récemment franchi une étape interne importante, offrant une build qui prouve que notre Space Pirate Fantasy offre d’heures de jeu et un niveau de liberté incroyable dans un bac à sable en ligne sans transition, en s’appuyant sur la promesse de nos démos technologiques présentées à l’E3. Je suis incroyablement fier de la persévérance, du dévouement de l’équipe et de son engagement continu à développer un jeu incroyable.
Ah, et Wild ne serait pas mort. À la bonne heure, car le jeu annoncé en 2014 et financé par PlayStation se fait décidément trop rare, malgré un signe de vie qui remonte à avril 2020. Depuis le temps, on veut bien croire que le développement chez Sheep Studios soit sur la fin.
Retraite de sportif
Michel Ancel qui arrête le Jeu vidéo, c’est une nouvelle importante, voire capitale. Pourquoi annoncer ça entre deux clichés de poire et de fromage filtrés sur Instagram ? Est-ce qu’Ubisoft était au moins au courant de cette décision ? Comme dit plus haut, le billet sur le blog d’Ubisoft Montpellier semble avoir été rédigé en réaction du post de Michel Ancel sur Insta.
Du coup, les motivations derrière ce départ peuvent également être remises en question. Oui, Michel Ancel est un amoureux de la nature, et il est bien possible que ces dernières années à travailler sur Beyond Good & Evil 2 l’aient fait comprendre qu’il était temps d’arrêter les frais afin de se consacrer à sa passion, convaincu qu’il n’avait plus rien à dire ou apporter à l’industrie.
Mais il y a également eu un silence assourdissant à propos des 25 ans de Rayman : pas d’événement, pas un massage lors du dernier Ubisoft Forward, pas de remaster du premier épisode, pas de Rayman Legends offert, rien, que dalle, que tchi. À côté, on a le droit à un remake des Sables du temps bien cheum. Ubisoft n’aurait-il donc aucun respect pour ses vieux succès ? De quoi dégoûter une figure emblématique comme Ancel. Si, pardon : un jeu Lapins crétins… pour navigateur.
Ou alors, vu la vitesse de développement de Beyond Good & Evil 2, il se peut que la réalité ait rattrapé les ambitions d’Ancel et qu’Ubisoft ait voulu accélérer les choses. L’ambiance chez l’éditeur n’est pas au beau fixe, et il serait temps que le titre d’Ubisoft Montpellier vienne à la rescousse pour redorer le blason et renflouer les caisses après une année catastrophique. Se sentant floué, Ancel aurait bien pu claquer la porte.
Avec tous les déboires qu’a connus Ubisoft cette année, on peut aussi se demander si le papa de Rayman ne voulait tout simplement s’éloigner de l’entreprise française et de ses mauvaises ondes, bien que Yves Guillemot ait affirmé à deux reprises — sauf la première fois où c’était pour du beurre — vouloir reprendre les choses en main au niveau de la culture d’entreprise (sans agressions et harcèlements sexuels).
Ce qui m’amène à ma pire crainte : les nouvelles mesures prises par l’éditeur auraient poussé Ancel vers la sortie pour un truc bien plus moche. C’est une supposition en l’air, mais s’il y a bien un truc que ces dernières années nous ont appris, c’est qu’il est toujours bon d’avoir de quoi déboulonner sous la main. Une belle statue a vite fait de gâcher le paysage.