Sanctuaire ouvert à tous
Diablo IV sort cette semaine pour tous les joueurs ayant précommandé le dernier jeu de Blizzard, mais la presse et certains créateurs de contenu ont déjà pu mettre les mains dans les entrailles des démons qui sévissent de nouveau à Sanctuaire.
Le moindre que l’on puisse dire, c’est que la majorité des tests sont extrêmement positifs à propos du hack’n’slash, sécurisant un joli score de 90/100 sur OpenCritic qui agrège pas moins de 81 critiques. Sur Twitter, le responsable de la franchise Rod Fergusson s’en félicite.
The team is still buzzing with excitement over the #DiabloIV reviews!
And did you know that in only 3.5 hours you can preload the game!
What class are you creating first? pic.twitter.com/c9kMOPXv4f
— Rod Fergusson (@RodFergusson) May 30, 2023
Lauren Bergin de PCGamesN aime à croire que Diablo IV est l’opus de la franchise le plus important de tous les temps, tandis que Jez Corden de Windows Central estime que le titre représente un pivot au moins tout aussi important que World of Warcraft pour Blizzard, ce qui est une réflexion pas si farfelue quand on aligne les difficultés de différentes natures rencontrées par le studio ces derniers temps. Sortir un jeu aussi ambitieux dans un contexte assez tendu relève peut-être de la prouesse.
Ce n’est un secret pour personne que Blizzard s’est pris les pieds dans les racines, et que sa base de fans est souvent divisée quant à la direction dans laquelle ses franchises devraient aller. Vous savez, comme avec Diablo: Immortal et son fameux “vous n’avez pas de téléphone ?” . Je pense que Diablo 4 prouve que le studio a toujours quelques chose à offrir aux fans de l’ancien, tout en embrassant les aspects du nouveau. Nous avons vu de nombreuses franchises de longue date lutter pour plaire aussi bien aux anciens qu’aux nouveaux [joueurs], et Diablo 4 fait plus que la plupart pour maintenir cet équilibre. Sa qualité cinématographique stupéfiante transcende le genre et aidera les RPG d’action à trouver un nouveau pied dans un monde dominé de manière inquiétante par des jeux de tir mignons et colorés, et des pseudo-RPG bourrés de mécanismes gacha. – Jez Corden
Au plus bas dans son capital confiance après pas mal de déboires, même récentes avec Overwatch 2, l’idée de voir un nouveau jeu signé par Blizzard qui s’ancre dans ce que le studio sait faire de mieux a de quoi être aussi rassurant qu’inquiétant. Plus de 10 ans après la sortie de Diablo 3, forcé de constater que le core gameplay a toujours cette gouache propre à la licence, et que le retour à un ton plus proche du second épisode, couplé à un moteur graphique au poil, fait qu’on retrouve un côté gore et viscéral qui a tant manqué à la franchise.
En France, Charlanmhg de chez JV note Diablo IV 17/20, tandis que le test de la nouvelle rédaction de Gamekult, signé par Kyujilo, délivre la rare note de 9/10. Un point récurrent souligne que Blizzard sait toujours autant caresser les vétérans dans le sens du poil, tout en mettant un point d’honneur à l’accueil des néophytes. Ces derniers pourront d’ailleurs se laissaient aisément embarquer par la narration et l’impressionnante mise en scène qui constituent le fil rouge des 6 actes de la campagne principale.
L’enfer est pavé de bonnes intentions
Toutefois, il est bon de préciser le contexte qui entoure les tests de Diablo IV : les journalistes et créateurs de contenu n’ont pas joué sur leur compte personnel, mais sur des comptes jetables prêtés par Blizzard, destinés à être utilisés sur des serveurs privés en ligne depuis 15 jours.
Même si Blizzard semble confiant dans sa capacité à accueillir les joueurs du 2 et 6 juin dans de bonnes conditions, histoire de ne pas réitérer le long cauchemar de l’erreur 37, rien ne vaut la brutalité du réel pour se faire un véritable avis, chose que l’on ne rappellera jamais aux pauvres journalistes et créateurs de contenu qui se sont retrouvés à faire de la publicité gratuite pour Battlefield 2042, couvert de bonnes critiques, parce que l’environnement de test était idéal… à l’opposé de ce que les fans ont eu à la sortie.
C’est d’ailleurs en partie pour cette raison que PC Gamer n’a publié qu’un avis provisoire, signé par Tyler Colp, attendant d’expérimenter l’environnement live pour donner un avis définitif. Parce qu’en réalité, le journaliste a des réserves sur sa composante en ligne, devenue désormais partie intégrante de la franchise. Et plusieurs critiques partagent un avis similaire sur la question.
En clair, Diablo IV lorgne plus du côté du MMO que du hack’n’slash, avec d’autres joueurs que l’on croise furtivement et des événements mondiaux générés de façon régulière. Cela risque de diviser une partie de la fanbase, tout en accentuant pas mal de contradictions sur le long terme, comme cette boutique de cosmétiques que certains aimeraient ne pas à avoir sous le nez en permanence.
C’est certes l’apanage des hack’n’slash, mais Diablo IV se révèlerait bien plus répétitif que souhaitable, avec un manque de flexibilité flagrant sur la façon de concevoir son personnage et ses builds. La motivation pour créer un nouveau personnage pourrait ne pas être au rendez-vous, tandis que la narration, même soignée, ne fait malheureusement pas tout.
Diablo 4 est un jeu live service qui déploie des efforts insultants pour essayer de vous convaincre que ce n’est pas le cas. Il fait tout à l’envers ; essayant de se construire jusqu’à la partie la plus robuste de lui-même, au lieu de commencer par elle. Quand entrer dans un nouveau donjon est plus comparable à une corvée qu’à une attraction, c’est le moment où Diablo me perd, et j’ai été très proche de ce sentiment jusqu’à présent. – Tyler Colp
De son côté, c’est ExServ, pourtant très fan du genre et de la licence, qui estime dans son test vidéo que Blizzard a tout simplement perdu la recette qui fait un bon Diablo. Un avis donné après avoir arpenté Sanctuaire pendant plus de 40 heures.
Le découpage des actes en régions préconçues retire paradoxalement une certaine sensation de liberté, comparée aux précédentes cartes générées de façon procédurale, tandis que le niveau des démons qui s’adapte à celui du joueur lisserait de façon bien trop prononcée l’un des points forts de la franchise depuis ses touts débuts, si ce n’est LE point fort : le sentiment régulier de montée en puissance.
Pour le youtubeur, certains choix de designs et le manque d’ergonomie général seraient les symptômes d’un développement qui s’est cherché bien trop longtemps et dans la douleur. À sa sortie, le titre risque d’être de se mettre quête d’une réelle identité profonde, à l’instar de Diablo III comme à une certaine époque.
Depuis 2012, les actions-RPG qui ont surfé sur l’héritage de Diablo sont nombreux, avec d’excellentes propositions comme Path of Exile ou Last Epoch, chacun innovant dans son domaine. Reste à découvrir si les joueurs habitués au genre seront impressionnés par le retour du tôlier, ou si Blizzard risque de devoir tâtonner encore quelque temps pour trouver la recette miracle.