Des témoignages de développeurs de chez BioWare lèvent le voile sur un Dragon Age 4 dont EA exige qu’il soit orienté jeu-service.
Les nerds de service doivent rentrer dans le moule
Après les échecs cuisants de Mass Effect: Andromeda et Anthem, Dragon Age 4 semble le dernier bastion de la fameuse magie de BioWare et est donc largement attendu au tournant. Dans le sillage des témoignages concernant les conditions de travail désastreuses du studio mises en exergue par Kotaku, des voix se sont faites entendre concernant le nouvel opus d’une des séries de RPG les plus populaires de ces dernières décennies.
Dans un nouvel article, le média américain évoque les mésaventures de la saga depuis Inquisition : des conditions de développement rocambolesques marquées par une définition des objectifs vaporeuse et un manque d’organisation manifeste couplé à des contraintes techniques très importantes (sortie simultanée sur 5 supports, obligation de se taper le moteur Frostbite pour la première fois), le tout ayant conduit à une intense période de crunch l’année de la sortie de Dragon Age: Inquisition. Suite à cela, le creative director Mike Laidlaw et l’executive producer Mark Darrah promirent qu’ils essaieraient de mieux faire pour le prochain projet.
Ce qu’ils firent. Mais la pression d’EA, cherchant à optimiser les rentes financières de ses produits, ne colle pas avec les méthodes du studio et ce depuis sont rachat par l’éditeur en 2008. Ainsi, si Dragon Age: Inquisition est miraculeusement passé entre les mailles du filet et que son succès critique est commercial a été assuré, cela s’est fait au prix d’une vague massive de burn-outs au sein de l’équipe, et un tel miracle ne pouvait se produire.
Mass Effect: Andromeda, un projet que Kotaku décrit comme n’excitant “pas grand-monde”, avait à ce moment besoin de soutien, aussi une bonne partie de l’équipe Dragon Age est allé prêter main forte pendant que Laidlaw, Darrah et une poignée d’autres démarrèrent le projet Joplin – nom de code pour Dragon Age 4. L’équipe fut ensuite réunie et Joplin se profilait alors comme un véritable modèle de développement pour BioWare : les leçons d’Inquisition avaient été tirées, tout était parfaitement clair, correctement établi dès le départ, les outils et processus étaient déjà maîtrisés grâce à l’expérience acquise sur le précédent opus et les idées qui présidaient à la création de ce nouveau jeu enthousiasmaient tout le monde.
Il était question de prendre la tête d’un groupe d’assassins dans le Tevinter Imperium, une contrée dirigée par des sorciers à l’extrémité septentrionale du continent principal du monde de Dragon Age. Le monde devait être plus restreint mais le gameplay proposerait un focus massif sur les choix et les conséquences, un peu à la manière d’un Divinity: Original Sin 2. De nombreux embranchements étaient prévus, jusqu’au point où des “fins de partie hors standard” pourraient se manifester. Il aurait par ailleurs été possible de persuader ou extorquer les gardes sans que les rencontres doivent toutes êtres entièrement écrites par les scénaristes. En bref, des grosses ambitions et des idées novatrices.
Sauf que…
Sauf que, comme évoqué plus haut, depuis le rachat par EA, BioWare était dans une véritable fuite en avant, et la démesure d’Anthem a été la goutte d’eau. Bien entendu, le projet était beaucoup trop gros pour un studio dont les développeurs étaient considérés par EA, selon les témoignages de certains, comme des nerds du RPG – ils avaient la sensation de ne pas avoir autant d’importance – et donc de moyens – que les studios réalisant de grosses franchises de l’écurie EA vendues par palettes.
Le développement d’Anthem est au plus mal et, comme beaucoup le sentaient venir, l’équipe de développement de Dragon Age 4 doit lâcher son projet pour aller assister les copains. EA et BioWare ont été jusqu’à dissoudre le projet Joplin, qui de toute façon ne rentrait absolument pas dans la catégorie des produits jeux-services qu’EA s’évertuait déjà à démocratiser encore davantage – il fallait que les joueurs continuent de jouer et surtout de raquer longtemps après la sortie du jeu.
Puisque Joplin cristallisait tant d’espoirs grâce au véritable renouveau des processus de développement de BioWare après la catastrophe Inquisition, c’est à ce moment que de nombreux développeurs se sont barrés, y compris Mike Laidlaw, qui en a profité pour lever le voile sur la situation de Dragon Age 4. Car si Joplin était mort, Morrison était né : une refonte de Dragon Age 4 faisant table rase.
C’est ce projet qui est aujourd’hui élaboré dans les locaux de BioWare et il intégrera des éléments de jeu-service, aucun doute n’est permis là-dessus. Nous en savons bien peu sur celui-ci, mais beaucoup de gens chez BioWare le décrivent comme “Anthem avec des dragons“. Kotaku rapporte toutefois que 2 développeurs avaient des versions différentes :
- L’idée était qu’Anthem serait le jeu en ligne et que Dragon Age et Mass Effect, bien qu’ils expérimentent des portions en ligne, ce n’est pas ce qui les définit en tant que franchises.
- Je ne pense pas que vous nous verrez changer complètement ces franchises.
Quelques développeurs sont d’accord pour dire qu’une variante du code d’Anthem pourrait permettre de créer un jeu présentant une branche hors ligne, mais il n’est pas sûr que Dragon Age 4 en aura une. Une personne proche du projet confie que l’histoire principale est prévue pour une aventure solo et que des éléments multijoueurs sont prévus pour tenir le public en haleine afin qu’il se tourne vers le contenu post-lancement.
Dragon Age 4 paraîtra à une date indéterminée.