Sorti tout droit des esprits ayant présidé à la création de Masters of Anima, Curse of the Dead Gods renouvelle le hack ‘n’ slash avec de très bonnes idées.
J’ai mal aux temples
Je suis un peu comme Indiana Jones. Non pas que je sois particulièrement habile dans le maniement du fouet. Non, c’est plutôt que dès qu’on me parle d’un donjon obscur, la salive commence à envahir ma cavité buccale. Justement, Curse of the Dead Gods nous invite à découvrir les profondeurs d’un temple maudit dans la peau d’un aventurier malchanceux et pris au piège.
À peine le pas de la porte franchi que cette dernière se referme lourdement et qu’une sombre corruption commence à ronger le bras de notre explorateur. À partir de là, la seule possibilité est d’avancer et se frayer un chemin à travers les pièges et créatures mortels, mais aussi les fameux “dieux morts” qu’évoque le titre du jeu de Passtech Games (et j’en profite pour clamer haut et fort que j’adore le nom de ce studio, c’est dit).
Nous avons affaire à un hack ‘n’ slash plus vitaminé qu’un bol d’Ovomaltine proposant des runs de donjons en mode répétition. C’est-à-dire que notre héros revient toujours au hub initial quel que soit son sort. À partir de là il choisit une branche du temple maudit ainsi qu’un donjon plus ou moins long au sein de celle-ci. Pour l’heure, 1 seule section du jeu est disponible, à savoir celle du Jaguar. Celle du Serpent sera la prochaine, et la dernière demeure inconnue à ce jour.
Chaque section est censée proposer son expérience avec des atmosphères distinctes et des mécaniques de jeu propres.
Détournement de sang
Petite précision fort utile : notre explorateur a certes une barre de santé, mais on trouve aussi une jauge de corruption présentant un maximum de 100 points. La mécanique essentielle de Curse of the Dead Gods consiste à vous infliger des malédictions. Ben ça s’appelle pas un temple maudit pour le plaisir, hein. Un donjon est découpé en une succession de niveaux délimités par des portes. Passer l’une de ces portes permet de progresser, mais vous écoperez automatiquement de 20 points de corruption.
Vous prendre une beigne dans la tronche inflige de la corruption. Boire du sang à une fontaine de sanctuaire pour restaurer votre santé aussi. Ah, et ça arrive aussi si vous décidez d’acheter des objets au prix de votre sang. Je crois qu’on a grosso-modo fait le tour, mais vous comprenez à présent que la fameuse jauge de corruption risque de se remplir fort rapidement. Il existe des possibilités de faire baisser ce compteur, mais elles sont plus rares et relativement limitées. On parle surtout de damage control plutôt que de remède.
On parle surtout de damage control plutôt que de remède.
Vous devrez ainsi développer votre skill pour éviter les coups, mais également faire des choix cruciaux : cette arme est très puissante, mais vous n’avez pas assez d’or pour l’acheter. Vous pouvez vous la jouer sataniste, mais n’ayant pas de chèvre à disposition, ce sera votre sang qui paiera le prix. Sauf que vous voulez une arme très puissante… allez on part sur 80 points de corruption dans les dents en complément.
Il sera ainsi possible d’emmagasiner jusqu’à 5 malédictions, mais 1 seule pourra déjà vous faire amèrement regretter sa présence. Elles sont variées et épicent intelligemment le gameplay. Il m’est arrivé plusieurs fois de pousser un petit “ha !” d’exclamation satisfaite à leur découverte. Pour vous donner un exemple : tout l’or que vous voyez vaut plus, sauf que dès l’instant où vous le voyez un compteur s’enclenche et lorsqu’il est écoulé l’or disparaît. Encore un petit : vous devenez intangible lorsque vous esquivez, mais du coup votre torche disparaît avec vous et les alentours s’obscurcissent.
Lumière au bout du dédale
Puisqu’on parle d’obscurité, j’en profite pour saluer l’excellente idée de Passtech Games de jouer avec la lumière. Vous démarrez l’aventure avec 3 slots d’équipement :
- 1 torche
- 1 épée et 1 pistolet
- Emplacement d’arme à deux mains vide
La torche est très utile puisqu’elle permet de dévoiler les alentours et, surtout, elle révèle les pièges à pointe au sol. Sans lumière, ils disparaissent tout bonnement du décor, mais croyez-moi quand je vous dis que vous marcherez quand même dessus. Il existe au passage une malédiction qui applique la même règle aux ennemis, ce qui fait que vous ne les verrez pas avant de les avoir éclairés.
Dans la plupart des salles, vous pourrez allumer des braseros histoire d’être plus tranquille pour vous battre, mais vous reprendrez régulièrement la torche pour allumer des jarres explosives et faire de lourds dégâts aux adversaires.
Les combats de Curse of the Dead Gods sont électrisants et vous prendrez plaisir à coller de bonnes grosses mandales. Chaque kill reçoit une emphase avec un ralentissement extrême mais momentané qui procure une impulsion de satisfaction. Pour échapper aux attaques, vous pouvez compter sur une esquive et une parade qu’il faut réaliser au poil de popotin pour qu’elle fonctionne.
Les combats de Curse of the Dead Gods sont électrisants.
Mais c’est loin d’être tout puisque notre explorateur dispose d’une jauge d’endurance représentée par 5 diamants. La vider complètement vous prive d’esquive et ralentit vos attaques brièvement – mais bien sûr dans un jeu si dynamique cela paraît une éternité. Réaliser une esquive au dernier moment permet de regagner un point d’endurance, boucler un combo en fait perdre un. C’est avec ce genre de savants mélanges que Curse of the Dead Gods instille une puissante dynamique à son titre.
Pour tout l’or du dieu mort
Vous pourrez en plus de cela compter sur un compteur de kills appelé “Greed Kill” (Meurtres d’avidité). Plus vous enchaînez, plus vous gagnez d’or sur chaque ennemi dégommé. Après un temps, ce compteur disparaît, il ne faut donc pas traîner.
“L’avidité vous tuera. L’avidité vous sauvera.”
Mais on parle d’or depuis tout à l’heure alors qu’on ne sait même pas quoi en faire. Chaque donjon se présente au joueur sous la forme d’une carte détaillant une succession de symboles. Cela indique ce qu’on est le plus susceptible de trouver dans une salle : or, reliques, armes, etc. La plupart du temps, les objets devront être achetés à un autel et c’est là que l’or durement gagné entre en jeu… mais rappelez-vous que vous pouvez passer par le sang et la corruption à la place. C’est la raison pour laquelle Curse of the Dead Gods vous avertit : “L’avidité vous tuera. L’avidité vous sauvera.”
Vous pourrez ainsi perfectionner votre équipement, obtenir de puissantes reliques qui vous octroieront des bonus comme des soins sur les coups critiques ou des augmentations de stats, et booster les fameuses statistiques. Celles-ci sont au nombre de 3 :
- Constitution : santé maximale
- Dextérité : dégâts
- Perception : or récolté
Visite guidée
Et là où Curse of the Dead Gods pousse le bouchon encore plus loin, c’est que ces stats ne sont pas “figées” dans leur utilité. Il est par exemple possible de trouver des armes dont les dégâts augments de x% par point de perception.
La synergie entre les équipements est excellente
En plus de ça, la synergie entre les équipements est excellenteet permet de construire de véritables builds en l’espace d’un run. L’un des plus courants consiste à se concentrer sur le feu : tel bouclier crée des dégâts de feu quand on l’utilise avec le clique droit, telle massue fait 30% de dégâts en plus sur les ennemis enflammés, vous voyez l’idée. Mais il y a des tas d’autres possibilités. Je pense par exemple aux armes qui font plus de dégâts dans les ténèbres.
Tout cela est soutenu par un très chouette level design façon roguelike : chaque run proposera une carte différente et une distribution aléatoire des salles. D’un run sur l’autre, telle salle dédiée à l’or se présentera différemment par rapport à la partie précédente. Le petit regret que j’ai à évoquer de ce côté-là, c’est que l’aspect rogue-like ne se retrouve que dans la carte elle-même et l’interversion des salles entre elles. Ce que je veux dire, c’est qu’une salle dédiée aux armes ne sera jamais dédiée à l’or par la suite. Aucun problème jusque-là. Le souci, c’est que la construction même d’une salle ne changera pas. Autrement dit, après quelques parties, on sait dès l’entrée dans le niveau par quoi on va passer.
La construction même d’une salle ne changera pas
Les ennemis peuplant ces salles sont relativement peu variés : on note pour le moment 6 ennemis avec leurs versions “élite” qui commencent à débouler après avoir déquillé le premier boss. Les boss, justement, sont plutôt cool et offrent des combats exigeants avec des stratégies à développer. La courbe de difficulté du jeu est vraiment très bonne et accompagne bien la progression du joueur, qui débloquera au fur et à mesure les 4 donjons permettant d’aller toujours plus loin jusqu’à enfin rencontrer le boss final.
Explorateur crâneur
Pour en finir avec le level design, ajoutons que la construction des niveaux est tout de même très sympathique, avec en particulier des passages secrets à explorer grâce à des fissures apparentes. Si l’on possède un marteau on peut les exploser soi-même, sinon il faut attirer l’attaque d’un ennemi puissant pour cela.
Certains niveaux proposeront 2 chemins, ce qui vous permettra de pousser l’exploration histoire de récolter davantage de récompenses, les risques allant avec bien entendu. L’avidité, tout ça, je vous ai déjà expliqué.
Notre explorateur maudit reviendra à chaque fois au hub initial et pourra échanger des points sous forme de crânes, récupérés sur les cadavres des ennemis, afin de bénéficier de quelques bénédictions. Tout de même, le tableau n’est pas complètement noir.
On trouvera ainsi des avantages plus ou moins puissants, mais qui donneront un bon coup de pouce comme par exemple la possibilité de démarrer avec 1000 pièces d’or ou alors de faire lâcher aux champions 5 pièces d’équipement au lieu de 2.
Bénédiction
Curse of the Dead Gods est une excellente surprise. Fort de mécaniques de gameplay novatrices et incitant à la réflexion, le titre de Passtech Games propose de surcroît une superbe direction artistique avec des ombres dures et de chouettes animations. Un titre à suivre de près et qui risque fort de vous scotcher à l’écran pendant de nombreuses heures.
► Points forts
- Beaucoup d’objets à récupérer
- Très grosse rejouabilité
- Bonne synergie des objets pour créer des builds
- Courbe de difficulté maîtrisée
- Superbe direction artistique
- Level design intéressant
- Système de corruption et malédictions intelligent
- Progression globale via des bénédictions à débloquer
- Combats de boss intenses et exigeants
► Points faibles
- Bestiaire peu varié
- Les ennemis peuvent vous attaquer à travers les murs (heureusement ils en ont peu l’occasion)
- La construction des niveaux eux-mêmes ne varie pas
Les dieux sont morts, vive les dieux !
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA RTX 2080
- CPU : Intel Core i7-9700k @5GHz
- RAM : 16Go DDR4
- Installé sur SSD
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Curse of the Dead Gods est disponible en accès anticipé sur PC.