Parmi les jeux indépendants atypiques à venir, Dark Light avait éveillé en moi une certaine curiosité. Son esthétique post-apo soignée aux allures de Metro et son approche DarkSoulesque l’avait propulsé instantanément dans ma liste de jeux à faire. Après quelques heures manette en main, le résultat est mitigé. Dark Light embrasse pleinement son statut d’accès anticipé et nous livre une expérience mi-figue mi-raisin durant 3 petites heures de jeu.
Le Metro-id indé
Développé par le petit studio indépendant Mirari & Co, Dark Light est un action-RPG de type plateformer disponible depuis le 8 mai dernier en accès anticipé sur Steam. Le titre nous propose d’incarner un chasseur des ténèbres qui devra dégommer des créatures surnaturelles à la chaîne afin de pouvoir sauver le monde (classique). Et croyez-moi, ça ne va pas être simple.
En effet, notre héros — déguisé en cosplay de Metro 2033 — va se faire malmener par la moindre créature environnante dans la pure tradition des productions From Software. Les monstres tapent fort et lâchent des “Shards” à chacune de leur mort (l’équivalent des âmes de Dark Souls). Shards que vous allez pouvoir utiliser pour améliorer vos statistiques (santé, endurance) ou comme monnaie d’échange pour les marchands.
Les différents portails du jeu vous serviront de feu de camp et vous permettront de voyager aux endroits déjà visités, tandis qu’une mort vous fera bien évidemment perdre toutes vos Shards. Bref, on est dans un Souls-like.
La premier point qui frappe lorsqu’on lance le jeu — et qui est probablement la raison première de l’intérêt de beaucoup de joueurs pour le titre — ce sont ses graphismes. C’est beau, très beau même. La direction artistique est au top et participe grandement à renforcer l’atmosphère horrifique et oppressante du titre.
C’est beau, très beau même.
On sent que Mirari & Co a mis le paquet à ce niveau-là et on ne peut que les féliciter du résultat. Dark Light fera le bonheur de tous les amateurs de dark fantasy et d’horreur. Le studio ne perd d’ailleurs pas de temps et vient de sortir, il y a quelques joueurs, une première mise à jour qui améliore grandement une grosse partie des plaintes des joueurs. À savoir : certaines animations (comme celle du saut qui a complètement été revu), plus de variété dans les sons du personnage lorsqu’il effectue des actions ou encore l’ajout d’une musique dans le menu principal.
Bref, un premier patch extrêmement positif (même si certaines transitions d’animations sont encore à revoir, je pense notamment au tir en plein saut) qui montre bien l’importance que le studio accorde à son bébé… et aux retours des joueurs.
Un gameplaie asphyxiant
Cependant — et malgré la mise à jour — tout n’est pas rose dans le monde merveilleux (et complètement en ruines) de Dark Light. Oui, on va maintenant parler des choses qui fâchent — et il y en a un paquet.
Tout d’abord, il est bon de préciser que l’accès anticipé est très court, vraiment très court. Il faut compter environ 4 heures de jeu pour en faire le tour, une durée de vie qui peut facilement se réduire à 3 heures pour peu qu’on soit habitué au genre (en gros, notre degré de galère).
Il faut compter entre 3 et 4 heures pour faire le tour de Dark Light.
On sent que le titre n’en est qu’au début de son développement — et de son potentiel. Je ne parle pas forcément que de son contenu (qui est à l’heure actuelle rachitique, il faut bien l’avouer), mais également de son gameplay — et c’est plutôt con, car dans ce style de jeu, le gameplay, c’est un peu l’élément principal. Dark Light se cherche, c’est évident, mais il ne parvient jamais vraiment à trouver sa place.
Étant donné que le titre se veut une sorte de Souls-like, son gameplay est lent et méthodique. La jauge d’endurance se vide très rapidement à chacune de vos actions — jusque-là, rien de choquant. Le problème, c’est que les ennemis, eux, sont rapides et agressifs. On a envie de sauter partout, d’esquiver les attaques et de taper rapidement à la manière d’un Dead Cells, mais on ne peut simplement pas.
Le temps de faire une esquive et de se retourner, les ennemis sont déjà sur nous, et en général on n’a plus assez d’endurance pour les tuer. On passe donc la majeure partie de son temps à courir dans le sens opposé le temps que son endu se recharge.
La gestion du soin dans Dark Light est également l’un de ses points négatifs.
La gestion du soin dans Dark Light est également l’un de ses points négatifs. En effet, notre personnage n’embarque aucune potion de soin dans son paquetage, mais propose au lieu de ça un système à base de butin à ramasser. Exit donc les fioles d’estus, le seul moyen de remonter sa barre de santé sera de tuer des ennemis en boucle jusqu’à ce qu’ils lâchent des fioles de soin. Ce qui signifie que l’issue de votre partie dépendra principalement de votre chance aux jets de butin.
Et je ne parle même pas des créatures invisibles qui s’accordent plutôt mal avec le gameplay du titre. Les mécaniques des Souls reposent avant tout sur de la méthodologie et de l’anticipation. Cependant, il est impossible d’anticiper quoi que ce soit quand on ne voit les ennemis qu’au dernier moment et seulement devant nous. Une autre composante aléatoire qui rejoint finalement le banc des mauvaises idées aux côtés du système de soin.
“Vous êtes mort”
Autre point important : la mort. En effet, lorsque l’on meurt dans un Souls, c’est (la plupart du temps) de notre faute. C’est la nuance entre un jeu difficile et un jeu exigeant. Dans Dark Light, on meurt à cause de plein de choses ; ça va des ennemis trop rapides aux problèmes de hitbox en passant par de gros problèmes de lisibilité.
C’est d’ailleurs ce qui m’a fait préférer les armes à distance plutôt que le corps-à-corps. Entre les effets visuels qui vous empêchent de bien voir les coups ennemis ou le petit pas en avant à chaque attaque à l’arme blanche qui vous fait passer dans le dos des ennemis sans le vouloir, l’utilisation des armes de mêlée est un véritable enfer.
Le titre souffre de gros problèmes de lisibilité au corps-à-corps.
Et croyez-moi, vous n’avez pas le luxe de mourir bêtement. Vous pensiez la mort dans Dark Souls punitive ? Attendez de voir Dark Light. Ici, plus question de retourner à son corps pour récupérer ses âmes/shards. Oh que non. Si vous mourez dans Dark Light, vous perdez définitivement toutes vos ressources. Il existe bien des PNJ disséminés un peu partout qui permettent de stocker vos shards, mais la plupart du temps, vous allez tout perdre.
De même, on ne retrouve pas le level design labyrinthique propre à ce genre de jeu. Malgré son côté plateformer metroidvaniesque (oui, j’invente des mots), le titre ne vous invitera à aucun moment à farfouiller les 4 coins de la carte, comme pouvait le faire Salt and Sanctuary par exemple (que je vous recommande au passage). Non, Dark Light ne propose aucun objet à ramasser au détour d’un couloir, ni aucun raccourci à débloquer — et c’est bien dommage.
C’est comme si les développeurs s’étaient dit : “Ouais, mais on ne va pas faire comme les autres, nous, on est différent.” Sauf que les autres ont fait les choses de cette manière pour une bonne raison. À trop vouloir se démarquer, Dark Light en oublie de nous livrer une expérience cohérente dans les fondements mêmes de son game design.
Pas vraiment une lumière
En définitive, Dark Light est un projet ambitieux et prometteur, mais qui manque cruellement de substance en l’état. Le titre fait office de prologue et laisse amèrement un goût d’inachevé dans la bouche. Alors certes, il s’agit d’un accès anticipé et c’est tout à fait “normal” de se retrouver avec un jeu pas fini. Mais à l’heure actuelle, j’aurais bien du mal à convaincre qui que ce soit de débourser une douzaine d’euros pour un simple prologue au gameplay bancal, aussi joli soit-il. Cependant, le studio Mirari & Co semble à l’écoute de sa communauté et commence déjà à sortir les rustines. Il ne reste plus qu’à espérer que ses défauts les plus gênants seront très vite balayés.
Ce qu’on a aimé :
- Les graphismes
- L’ambiance horrifique
- La difficulté
- Les combats de boss
Ce qu’on n’a pas aimé :
- Un gameplay le cul entre 2 chaises
- Un contenu rachitique
- La durée de vie de 3 heures
- L’exploration inexistante
- Un manque de profondeur dans les mécaniques de jeu
Ce jeu est fait pour vous si :
Les graphismes comptent plus que le gameplay.
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
Vous cherchez un gameplay profond et bien huilé.
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Configuration de test :
- AMD Ryzen 5 1600X
- Nvidia GTX 1080
- 16Go RAM
Dark Light est disponible en accès anticipé sur Steam.