En manque d’expérience coop ? PayDay 3 est encore loin et l’avenir d’un Left 4 Dead 3 est encore incertain. Si vous comptez partir en expédition avec des copain·ines où seules l’entraide et la collaboration comptent, GTFO pourrait être un bon remède. De toute façon, vous n’aurez pas vraiment le choix.
Test d’amitié, niveau hardcore
10 Chambers Collective est un petit studio qui vient de Suède. Le nombre est étrange, puisque l’équipe n’est constituée que de 9 membres, mais avec si peu de ressources humaines on peut faire des merveilles, surtout quand on a un type comme Ulf Andersson aux commandes. Si vous avez passé beaucoup trop de temps sur la série Payday à braquer d’innombrables banques entre copains, c’est sûrement de sa faute.
Seulement, les shooters coopératifs ont bien changé. Il faut que ça plaise au plus de monde possible et il y a toujours une carotte pour motiver les joueurs à continuer de jouer (souvent associé à un système de progression absurde). Le plaisir de jeu et la satisfaction d’avoir relevé un défi avec un groupe soudé — et vaguement coordonné — sont devenus trop secondaires. Souvenez-vous de la première fois que vous avez réussi une campagne de Left 4 Dead 2 en mode Réaliste. N’était-ce pas un moment merveilleux ? Pour moi, ça l’était.
Avec GTFO (Get The Fuck Out), l’équipe de Ulf Andersson veut revenir à des temps où les choses étaient plus simples… mais pas plus faciles. Premier filtre à noter pendant cette première phase d’Accès anticipé, GTFO est dépourvu de matchmaking. Eh oui. Si vous voulez jouer avec des inconnus, il va falloir sociabiliser, notamment sur le serveur Discord officiel du jeu prévu à cet effet.
Bien entendu, ce n’est que temporaire, afin que les premiers joueurs soient suffisamment motivés pour jouer en groupe. C’est rare qu’un jeu exige un tel effort de la part des joueurs, mais c’est finalement pour son propre bien : la communication et la coordination sont des éléments essentiels de GTFO, et le studio n’exagère pas quand il déclare vouloir créer des “jeux en coop hardcore”. C’est même clairement écrit sur leur page Steam :
GTFO n’est pas un jeu pour tout le monde ! Ne l’achetez que si ce qui suit ne vous dérange pas :
- Un jeu extrêmement difficile, probablement trop pour la plupart des joueurs
- Tous les niveaux seront mis à jour et remplacés au fil du temps
- Aucune recherche de partie, vous pourrez uniquement jouer avec vos amis Steam
- Aucune discussion vocale intégrée (nous vous recommandons d’utiliser Discord)
- Uniquement en anglais pour le moment
Pour l’instant, le titre n’a pas énormément de contenu : arsenal tout juste varié, quelques gadgets utiles pour la progression, mais le game design est au courant de ça. Le titre est facile à prendre en main, mais difficile à maîtriser, accompagné d’une courbe de progression assez faramineuse qui risque d’en laisser plus d’un sur le bord de la route. Mais si vous vous prenez au jeu avec des coéquipiers aussi fêlés que vous, le jeu en vaut la chandelle.
Le titre est facile à prendre en main, mais difficile à maîtriser avec courbe de progression assez faramineuse.
GTFO a surtout une putain d’ambiance. Oh, oui.
Git Gud or GTFO
De son interface intradiégétique à son moteur maison qui permet de générer des éclairages volumétriques du plus bel effet, GTFO arrive à scotcher par son atmosphère. Une sacrée prouesse pour une si petite équipe. Largués dans un complexe industriel abandonné et bien sombre à souhait, les joueurs doivent explorer le bâtiment à la recherche de divers objectifs avant de retourner à leur point de départ, souvent poursuivis par des mutants particulièrement dégueu’.
Pour trouver la bonne marche à suivre, on compte également sur cet environnement où il faudra faire preuve de bon sens : relever les numéros des zones sur les murs et celles connectées aux différentes portes. À l’instar de Left 4 Dead, les niveaux sont agencés à la main pour une meilleure expérience, mais l’emplacement des objets et monstres est généré aléatoirement. Si vous échouez, vous devrez quand même vous adapter pour la prochaine tentative.
Les niveaux sont agencés à la main, mais l’emplacement des objets et monstres est généré aléatoirement.
Il faudra ensuite errer à la recherche d’indices sur la destination en accédant à un terminal et en entrant les bonnes commandes et mots clés, littéralement, comme dans une invite de commandes Linux. C’est le genre de petits ajouts qui donne de la personnalité au jeu et met l’emphase sur la coopération : “Merde, quelqu’un peut me dire le numéro de l’objectif ? C’est quelle porte qu’on doit ouvrir, déjà ?”. Avec une carte interactive qui permet de tracer des pénis un plan d’action directement à la souris, tout est pensé pour une expérience PC sans concession.
Le combat est largement déconseillé dans GTFO. Déjà parce les munitions sont aussi rare que dans un Resident Evil, mais parce que la moindre claque dans la tronche se paie cher. Vos ressources permettent généralement d’affronter un combat non préparé, mais pas deux. Pas de niveau de difficulté réglable non plus, une énième décision assumée de la part du studio.
Vos ressources permettent généralement d’affronter un combat non préparé, mais pas deux.
De ce fait, GTFO fait tout pour jouer avec vos nerfs. Pour le moment, il n’existe qu’un seul vrai type de monstre, mais c’est déjà une belle saloperie. Les Sleepers sont répartis un peu partout mais ne vous attaqueront pas tant que vous ne faites pas trop de bruit ou les éclairez directement avec votre lampe. De temps en temps, leur cœur battront de manière visible et… “PLUS PERSONNE NE BOUGE, BORDEL DE MERDE”, une phrase que l’on entend très régulièrement dans le casque.
À partir de là, il faut décider si vous voulez vider la pièce en les tuant discrètement (de manière coordonnée, par pitié) ou passer en douce en tâtant des itinéraires. Un peu punitif par moment à cause de comportements étranges, le titre vous oblige à vous concerter et à prendre des décisions d’approche. De ce fait, le titre est assez lent (trop pour certains), une mission peut être très longue : entre 30 minutes et plus d’une heure.
Par contre, quand ça pète, ÇA PÈTE. L’ouverture de certaines portes activera une alarme qui rameutera des vagues de monstres sur la gueule et un bon positionnement est essentiel pour s’en sortir sans trop de bobo, avec placement de tourelles automatiques et canon à mousse pour ralentir la progression des ennemis (une autre vision du Disco).
Comme le jeu est taquin, le groupe devra se séparer pour désactiver l’alarme en se plaçant à divers endroits de la pièce du combat, offrant quelques scènes de chaos et désespoir paradoxalement assez hilarantes avec de bonnes injections d’adrénalines bienvenues.
Par contre, quand ça pète, ÇA PÈTE.
Seul vrai gros bémol au titre pour l’instant (à l’instar d’un Payday), les sensations de tir ne sont pas vraiment au beau fixe, d’autant plus que les monstres bougent de façon bien trop erratique pour que l’expérience de shoot soit vraiment agréable, partiellement du à un netcode encore trop hésitant. Il y a clairement matière à peaufiner dans cette matière-là.
Collez au plan
GTFO peut être considéré comme trop classique dans son approche global, mais 10 Chambers Collective a peut-être trouvé une solution intéressante pour lutter contre l’aspect répétitif du titre : le Rundown.
Le Rundown est une série d’expéditions qui sera régulièrement renouvelée pour garder l’attention des joueurs. Les premières sont —relativement — faciles et permettent de se familiariser avec le jeu avant que les choses se corsent salement. Les environnements ont du mal à se diversifier, mais en manipulant la position des différentes pièces, la densité des monstres et certains éléments de gameplay (comme un épais brouillard qui nécessite un objet spécial pour être dissipé), chaque carte offre ses propres défis et approches de manière assez brillante. Un Level Design qui change complètement l’expérience est signe que le titre est mené par des gens compétents.
Un Level Design qui change complètement l’expérience est signe que le titre est mené par des gens compétents.
Cependant, cette première version de l’Accès anticipé est assez rachitique. Un seul Rundown est disponible depuis son lancement le 9 décembre, car le studio est encore très attentif sur le comportement des joueurs et les choses urgentes à régler. Le titre n’est pas encore prêt à dévoiler tout son potentiel, bien que cela soit très encourageant.
Sur un autre registre, il n’y a pas moyen de personnaliser son bonhomme ou de débloquer du matériel supplémentaire (perso, ça me va très bien), mais le studio promet plancher sur un système de progression pour ceux qui aiment avoir une carotte au bout du bâton autrement que la simple joie de triompher d’un jeu particulièrement corsé, mais — à chaud — juste.
“Me renvoyez pas en bas !”
Toujours en phase de rodage, GTFO est pourtant déjà tout ce dont l’équipe d’Ulf Andersson a promis : un FPS en coop basé sur la communication et la coordination, et sans concession. Soyons clair, GTFO n’est pas à mettre entre toutes les mains. Son ambiance à la Aliens en fera trembler plus d’un et terminer une simple mission est une véritable récompense en soi. Certaines mécaniques et aspects techniques sont encore largement perfectibles, mais sa manière d’approcher la répétitivité du genre pourrait à terme en faire une valeur sûre… à condition que vous soyez potes avec trois personnes aussi acharnées que vous. Le titre risque de mettre vos nerfs (et votre amitié) à rude épreuve.
► Points forts
- Une ambiance au service du gameplay, et vice-versa
- Fait beaucoup avec peu
- Planifiez-moi tout ça
- De grands moments de stress
- Un sound design immersif
- Un level design qui se renouvelle
► Points faibles
- Quatre joueurs, point barre
- Pas de matchmaking
- Pas pour les énervés de la gâchette
- Faut aimer prendre son temps
- Le reste du contenu a intérêt à se pointer rapidement
“Le premier qui gaffe, je vous jure que…”
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA RTX 2080 Ti
- CPU : Intel Core i9-9900k
- RAM : 32 Go DDR4
- Installé sur SSD
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
GTFO est disponible en accès anticipé sur PC.