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Nouvelle sensation de Twitch propulsée au top des ventes Steam, Phasmophobia a tout du shovelware early access qu’on retrouve un peu partout sur la plateforme. Pourtant, grâce à une magie ésotérique et malsaine, il s’agit en réalité d’une des expériences horrifiques les plus impressionnantes de ces dernières années.
“Croyez aux histoires de fantômes, vous en vivez une”
Le titre dont on va aborder aujourd’hui se déroule dans un plan d’existence parallèle : un monde où les émissions et chaînes YouTube de chasse au fantôme ont raison. Un monde où le moindre asile psychiatrique abandonné devient un nid à esprits frappeurs qui aiment faire grincer les portes, jouer avec les robinets ou écrire des gros mots sur une tablette de Ouija. Et si on utilisait tous ces clichés pour en faire un jeu d’enquêtes à faire avec des copains ? C’est exactement ce que je propose Phasmophobia.
Au premier lancement, le titre ne paye clairement pas de mine : la réalisation est assez pauvre, l’interface est bien nulle, les décors sont sommaires, les animations des personnages sont portées disparues et la moitié des assets semblent êtres des éléments temporaires. Le statut d’accès anticipé ne semble pas usurpé et ce n’est pas pour sa beauté qu’on retiendra Phasmophobia.
Le titre dont on va aborder aujourd’hui se déroule dans un plan d’existence parallèle : un monde où les émissions et chaînes YouTube de chasse au fantôme ont raison.
Mais sous cette carcasse décharnée, il y a un concept qui vit. Vous et 3 autres chasseurs de fantômes êtes appelés pour traquer un ectoplasme nuisible qui a investi un lieu. Vos premiers contrats vous emmèneront dans des maisons de banlieue américaine, mais vous redouterez bien vite les explorations nocturnes de vieilles bicoques perdues dans la brousse ou d’écoles.
Armés d’un tas de capteurs en tout genre, vous essayez d’abord de déterminer à quel type de fantôme vous avez à faire. Lampe UV, radio, détecteur de champ magnétique, thermomètre, caméra infrarouge, les joueurs ont accès à toute la panoplie du Petit Chasseur de Fantômes™. Leur inventaire étant limité, ils devront se départager les tâches pour être plus efficaces dans leurs recherches.
Vos premiers contrats vous emmèneront dans des maisons de banlieue américaine, mais vous redouterez bien vite les explorations nocturnes de vieilles bicoques perdues dans la brousse ou d’écoles.
En fonction des indices trouvés, vous vous mettez d’accord sur son espèce : esprit, poltergeist, banshee ou démon, voire des ectoplasmes plus exotiques comme un jinn ou un oni. Chaque type de fantôme réagit différemment aux actions des joueurs et tous ne sont pas agressifs de la même manière. Oui, vous pouvez mourir dans Phasmophobia, et vous ne voulez pas que cela arrive, car vous perdriez alors tout le matériel dans lequel vous avez investi.
Certains trouveront également le jeu lent, très lent, ce qui peut rendre le titre un peu ridicule quand vous devez sortir d’une zone dangereuse rapidement. C’est volontaire, afin d’éviter que les joueurs sprint dans tous les sens et renforcer l’aspect oppressant, mais c’est souvent plus frustrant qu’autre chose.
Chasseur de fantômes, un métier comme un autre
Exposé comme ça, Phasmaphobia est un bête jeu de chasse au trésor saupoudré de jump scares, où il suffit de pointer le bon outil au bon endroit pour gagner. Ce n’est que la face visible de l’iceberg.
Là où ce jeu d’horreur est fascinant (et terrifiant), c’est qu’il met à contribution votre microphone (vous ne pouvez pas jouer sans). Avec un système de reconnaissance vocale qui fonctionne plutôt bien (et en français), vous vous adressez directement aux fantômes. D’un coup, on se sent tout de suite plus impliqué. Vous pouvez même vous amuser à appeler un esprit par son nom, mais pas trop : ça a le don de les énerver .
Avec un système de reconnaissance vocale qui fonctionne plutôt bien, vous vous adressez directement aux fantômes.
Le jeu n’indique pas vraiment les phrases qu’il est possible de dire, mais vous pouvez laisser libre cours à votre imagination. Si le fantôme est du genre communicatif, vous pouvez même lui poser des questions ouvertes : “êtes-vous une femme”, “êtes-vous dans cette pièce”, “quel âge avez-vous”, “me voulez-vous du mal”, “devrions-nous partir”, etc.
La plupart des commandes ont déjà été référencées, mais il y a énormément de possibilités. Certaines réactions sont subtiles, d’autres moins, comme l’utilisation d’une tablette de Ouija qui facilite grandement les échanges. Voir le curseur bouger après une requête vocale contribue énormément à l’immersion, l’impression d’interagir réellement avec une étrange présence éthérée.
Avec un système de reconnaissance vocale qui fonctionne plutôt bien, vous vous adressez directement aux fantômes.
Le pire vient sûrement du fait que certains fantômes refusent de se montrer si vous vous déplacez à plusieurs. Vous séparez par fameux groupes de 1 est souvent la bonne façon de procéder avant d’appeler les copains en renfort via talkie-walkie (il est conseillé de passer par le chat intégré). Forcément, c’est quand on est seul que la pression monte le plus.
On a vite fait de parler fort pour s’assurer qu’un coéquipier soit toujours à portée de voix, mais sachez que le fantôme vous entend… tout le temps. Difficile de parler de cet aspect sans spoiler ou démystifier ce qui fait le sel de Phasmophobia, mais le titre réagit aussi avec ce que vous pouvez dire à vos amis.
Certaines réactions sont subtiles, d’autres moins, comme l’utilisation d’une tablette de Ouija qui facilite grandement les échanges.
Malgré des mécaniques qui s’apprennent assez rapidement et des décisions efficaces via l’expérience, n’importe quelle partie peut se révéler extrêmement imprévisible. On ne sait pas trop si la réalisation parfois bancale du jeu fait que le fantôme ne réagisse pas toujours de manière logique, mais il y a de sacrés passages à vide où il ne se passe juste rien.
Qu’il s’agisse d’un malentendu ou d’un acte délibéré des développeurs, c’est dans ces moments-là que l’imagination carbure à fond ; où les réflexions à base de “il est derrière moi, c’est ça ?” fusent. Le titre laisse beaucoup de place à l’interprétation et la suggestion à partir de données plus ou moins rationnelles, et c’est clairement sa plus grande force.
Esprit vengeur
C’est parce que Phasmophobia tourne autour de mécaniques de jeu intéressantes qu’il en devient une excellente expérience horrifique. Au fil des contrats, les joueurs gagnent de l’argent qui permet de mieux s’équiper et multiplier les façons et opportunités de détecter le fantôme. Mourir par la main du fantôme entraîne irrémédiablement leur perte. Maintenant, vous avez deux fois plus peur d’être chassé par l’ectoplasme.
C’est parce que Phasmophobia tourne autour de mécaniques de jeu intéressantes qu’il en devient une excellente expérience horrifique.
Le camion a tout de la petite base d’opérations mobile. Si vous avez un pote vraiment trouillard (c’est généralement moi), vous pouvez le laisser en retrait pour qu’il consulte la carte des lieux, le niveau d’activité du fantôme et la santé mentale des membres du groupe.
Un joueur dans le camion est également un avantage tactique, puisqu’il peut aussi surveiller les caméras de sécurité ou tenues par ses coéquipiers (comme une “Go Pro” sur le front), indispensables pour repérer certains indices invisibles à l’œil nu. Il est aussi le seul à savoir quand un détecteur de mouvement a été déclenché. Même à l’abri dans le camion, il arrive de stresser, avec la sale impression d’assister à un film d’horreur found footage tourné en direct.
Même à l’abri dans le camion, il arrive de stresser. L’impression d’assister à un film d’horreur found footage en direct.
Parce qu’il faut bien y venir un jour : Phasmophobia prend en charge la réalité virtuelle. Certes, elle est très sommaire et pas toujours pratique à utiliser, mais l’immersion s’en retrouve multipliée par 1000. Si jouer devant un écran rend l’expérience de plus en plus sage avec le temps, tout change avec un casque sur la tête.
Comme dit plus haut, la jouabilité en est encore à ses balbutiements, ce qui comprend aussi la gestion de la réalité virtuelle. Malgré quelques options de confort, on s’embrouille dans l’utilisation des objets et on a vite fait de les lâcher par accident dans les pires moments. Toutefois, vos amis seront jaloux de votre capacité à utiliser un lecteur EMF et un thermomètre en même temps.
Si jouer devant un écran rend l’expérience de plus en plus sage avec le temps, tout change avec un casque sur la tête.
On espère que la prise en charge de la VR sera améliorée rapidement, car le titre a le potentiel d’être un indispensable pour tout possesseur de casque de réalité virtuelle. 4 joueurs VR dans le même groupe doit être quelque chose qui mérite d’être vécu.
Pour une fois, les streamers n’exagèrent pas
Phasmophobia est moche comme un cul, mais ses idées de gameplay en font un jeu d’épouvante diablement efficace. Très prenant avec un groupe d’amis, les mécaniques d’enquête mettent en avant la coopération pour une trouille partagée. En effet, malgré son aspect ludique, le titre n’oublie pas d’être terrifiant. C’est surtout l’utilisation de la reconnaissance vocale qui en fait un titre unique et immersif. Il y a encore une marge de progression énorme pour que le titre délivre toutes ses promesses, mais ses imperfections contribuent étrangement à son côté imprévisible. Le jeu parfait pour Halloween, en somme.
Ce qu’on a aimé :
- Plein de mécaniques de jeu différentes servent l’enquête
- Reconnaissance vocale étonnante et fonctionnelle
- Un joueur peut servir d’opérateur/coordinateur
- Reste imprévisible, même avec de l’expérience
- Terrifiant en VR
Ce qu’on n’a pas aimé :
- Réalisation très brouillonne
- Choix de cartes assez pauvre pour l’instant
- Mécaniques de jeu encore hésitantes
- Vitesse de déplacement un peu ridicule
- Support de la VR pas tout à fait au point
- Système d’objectifs secondaires à revoir
Ce jeu est fait pour vous si :
Vous aimez les bonnes grosses flippes entre amis ; n’ayez pas peur qu’on vous retrouve raide mort d’une crise cardiaque, un casque VR sur la tête.
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
Les jump scares, c’est un “non” catégorique ; vous êtes timide à l’idée de parler tout seul dans un micro.
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA RTX 2080 Ti
- CPU : Intel Core i9-9900k
- RAM : 32 Go DDR4
- Installé sur SSD
- Valve Index
Phasmaphobia est disponible en accès anticipé sur PC.