ESWC 2014 – Just Dance est-il un jeu eSport ?

Comme tous les ans se déroulait, en marge de la Paris Games Week, l’ESWC (Electronic Sports World Cup, ou coupe du monde de jeux-vidéo).

Pourtant, la compétition de cette année a beaucoup fait parler pour un événement inhabituel. En effet, à côté des classiques CS Go, COD ou FIFA, un jeu un peu particulier était également au programme : Just Dance !

Si à première vu ce choix nous a paru très surprenant compte tenu des jeux considérés habituellement comme eSport, nous ne sommes par sur France Inter ou le Grand Journal pour tirer à boulet rouge sur un événement qui nous interroge. C’est pourquoi nous allons chercher de la façon la plus objective possible à savoir si oui ou non Just Dance a sa place sur la scène eSport.

Just Dance permet une vraie compétition sportive

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la compétition, qui a vu la Française Amandine « Dina » Morisset terminer à la 3ème place derrière deux Brésiliens, a suscité beaucoup de réactions. Si dans ce débat les trolls avaient la part belle à base de réflexions philosophiques telles que « Just Dance = eSport, Hahaha !!! » ou autre « Au moins ils travaillent autre chose que leur poignet déjà suffisant entraîné par d’autres activités » quelques argument intéressants ont pu ressurgir.

L’argument principal des pro-Just Dance est implacable, il s’agit du seul jeu de la scène qui demande une vraie performance physique, que l’on associe le plus souvent au sport. Là où les FPS et MOBA demandent surtout de la stratégie, de la concentration et des reflexes, Just Dance serait donc le seul jeu réellement eSport !

Si on ajoute à cet aspect l’existence d’une véritable scène compétitive internationale et l’attrait d’un certain public pour cette compétition (la salle n’était pas aussi remplie que pour les autres jeux mais l’affluence était quand même importante), il semblerait que la présence du célèbre jeu de dance à l’ESWC ne souffre d’aucune contestation. Pourtant … Just Dance est donc une compétition sportive d’un jeu vidéo, mais est-ce pour autant un eSport ?

Pour certains, ce qui fait la particularité du sport électronique est la possibilité de réaliser des choses impossibles dans la vraie vie. En effet, si vous pouvez rejoindre les forces du GIGN grâce à un entraînement intensif, il vous sera difficile de revenir à votre respawn après avoir encaissé une balle. De même pour FIFA qui vous permet de contrôler 11 joueurs à la fois, tout en jouant également le rôle de coach. Dans Just Dance quoique vous fassiez, vous pouvez également le faire sans aucun support électronique.

Et, effectivement, le plus gros défaut que l’on peut trouver à Just Dance, quand on parle d’eSport, c’est la quasi absence de la dimension électronique. Si les joueurs dansent bel et bien devant une console celle-ci n’a quasiment aucune utilité, les joueurs connaissant les chorégraphies par cœur. Plus grave encore, le score annoncé par le jeu n’a aucune espèce d’importance ! Le vainqueur est désigné par un jury de trois personnes, le joueur ayant réalisé le meilleur score peut donc perdre son match !

L’intérêt de la console se résume donc à celui d’un prompteur lors d’une pièce de théâtre. La compétition n’a donc pas grand chose de différent d’un concours de danse, si ce n’est qu’une console permet au public de suivre la chorégraphie s’il veut la reproduire chez lui en même temps que les compétiteurs.

Enfin, alors que pour les joueurs professionnels la pratique de leur jeu est un travail  à plein temps (et pas aux 35 heures !), Amandine « Dina » Morisset, 3ème de la compétition, confiait il y a quelques jours son programme d’entraînement aux journalistes du Parisien : « Je m’entraîne une heure par jour depuis quelques semaines pour travailler les dix morceaux imposés et je suis même passée à quatre heures quotidiennes ces derniers jours ». Un temps de jeu réduit qui interroge sur le niveau de compétition réel.

Un choix qui n’a pas fini de diviser

Au final, je ne pense pas que Just Dance ait sa place dans une compétition de sport électronique. Pas parce qu’il ne s’agit pas d’un  jeu de vrai gamer, pur et dur, mais parce que la dimension Electronique, à la base de l’eSport, est trop marginale pour rentrer dans la catégorie eSport.

Néanmoins, vu le succès qu’a rencontré la compétition cette année, il y a fort à parier que Just Dance soit du nouveau à la Paris Games Week l’an prochain, pour une nouvelle danse.

Et vous, quel est votre avis sur la présence de Just Dance dans des compétitions de sport électronique ?

Pour vous aider à vous faire votre propre avis, voici la vidéo de la finale de cet ESWC 2014, mise en ligne par Mateus Barbosa :