Et London Studio ferme ses portes
Sony Interactive Entertainment vient d’annoncer le licenciement de 8% de son personnel, soit environ 900 employés. Ce sont des travailleurs tout autour du monde qui vont être touchés, afin que la firme puisse se “préparer pour l’avenir” et s’assurer de pouvoir continuer à “apporter la meilleure expérience de jeu à sa communauté.” Ce qui fait quand même beaucoup de mots pour dire “faire grossir sa marge“, on vous l’accorde.
Le mail envoyé aux employés pour les notifier de cette purge a été dans le même temps partagé par Jim Ryan, le Président et CEO de Sony Interactive. On ne va pas vous retranscrire l’intégralité de son jargon corporate, empathique et désolé, mais on y apprend tout de même quelques détails de choix. D’importants studios PlayStation connaîtront ainsi une réduction de leurs effectifs, notamment Firesprite, acquis par Sony en 2021. Pire encore, London Studio, va lui être carrément fermé. Quant au destin réservé à leurs projets, eh bien, rien de très joyeux : selon les informations de Jason Shreier (journaliste pour Bloomberg), Firesprite va abandonner le développement d’un jeu-service Twisted Metal dans la foulée, et difficile d’imaginer un bien meilleur avenir pour le titre coopératif sur lequel planchait London Studio.
Pour rester en Europe, Guerrilla (Horizon: Forbidden West) va également connaître une cure d’amincissement, et aux Etats-Unis, ce sont Naughty Dog (The Last of Us), Insomniac Games (Marvel’s Spider-Man), ainsi que diverses équipes créatives, de techos et d’assistance, qui vont morfler. Et évidemment, on ne cite que les plus gros, Sony indiquant que d’autres réductions de moindre envergure impacteront également le reste de ses équipes. On notera tout de même l’ironie d’indiquer dans le même courrier le caractère à la fois “inévitable” de ces sacrifices et le fait qu’ils n’impliquent absolument pas de difficultés pour la compagnie, la marque PlayStation, ni son business. Rien de mieux pour faire passer la pilule.
Du reste, il faut bien admettre que c’est d’ailleurs entièrement vrai. L’argent engrangé par la compagnie tient du record : c’est simplement que sa marge opérationnelle (loin d’être négative) n’est pas aussi élevée qu’elle avait pu l’être auparavant. Et si on peut imputer cet état de fait à des coûts de production en hausse, il s’agit avant tout d’une conséquence des mauvaises décisions et investissements pris par la direction. Comprenez par là que les costards à la tête de la compagnie ne licencient pas à contrecœur parce que Sony va mal. Ils font juste le choix de détruire la carrière de 900 personnes parce qu’à leurs yeux Sony ne va pas suffisamment bien. Mais on ne mimera pas la surprise : les bourgeois ne sont pas humain.
On parle beaucoup de crise dans l’industrie du jeu vidéo en ce moment, je rappelle quand même que la division jeux vidéo de Sony, qui vient d’annoncer 900 licenciements, connaît un bénéfice 63% supérieur à ce qu’elle gagnait à la même époque dans le cycle de la PS4.
— Oscar Lemaire (@oscarlemaire) February 27, 2024