Andrzej Sapkowski, l’auteur de la série des romans du Sorceleur, réclame 14 millions d’euros de royalties à CD Projekt sur les jeux vidéo The Witcher.
On ne peut pas défaire une mauvaise décision
Alors qu’on pensait que tout allait bien entre le créateur de The Witcher et CD Projekt qui a contribué à rendre sa série de romans célèbre dans le monde entier, la tension vient subitement de monter d’un cran entre les deux parties. Andrzej Sapkowski réclamerait pas moins de 14 millions d’euros, en raison des droits qu’il possède sur la licence.
En apprenant la nouvelle, les sourcils de beaucoup de monde ont fait un bond. En effet, on se souvient tous de cet entretien accordé à Eurogamer où le monsieur ne trouvait aucun intérêt au jeu vidéo et avait décidé de vendre ses droits à CD Projekt plutôt que de percevoir un pourcentage des ventes :
J’étais assez stupide pour leur vendre les droits. Ils m’ont pourtant offert un pourcentage de leurs bénéfices. J’ai dit: «Non, il n’y aura pas de profit du tout – donnez-moi mon argent maintenant ! C’était stupide. J’étais assez stupide pour tout laisser entre leurs mains, car je ne croyais pas à leur succès. Mais qui pourrait prévoir leur succès? J’en ai été incapable.
De ce qu’on comprend, il n’y a pas de lézards. CD Projekt a voulu la jouer réglo, mais M.Sapkowski se rend bien compte aujourd’hui que cela a été une bêtise. S’il ne remet pas en cause la qualité du jeu (loin de là), il estime pourtant que cela fait un moment qu’il aurait dû avoir droit à quelque chose de plus. Le premier The Witcher est déjà sorti il y a plus de 10 ans et The Witcher 3 est sûrement l’opus qui a rapporté le plus.
Dura lex sed lex
Dommage pour CD Projekt, il semblerait que la loi soit du côté d’Andrzej Sapkowski. Un article de la loi des droits d’auteurs en Pologne autoriserait l’auteur de déclarer que les revenus qu’il a reçus pour la vente des droits soient bien inférieurs aux bénéfices perçus par CD Projekt et qu’il y a donc injustice.
De plus, il n’a pas été précisé dans le contrat original que la vente des droits concernait l’adaptation de plusieurs jeux. Certes, il y a un peu de mauvaise foi derrière tout ça, surtout qu’on a l’impression qu’il se réveille après la bataille, mais c’est difficile de blâmer le monsieur, tant la différence entre le prix d’achat des droits d’il y a dix ans et ce qu’à récolté CD Projekt entretemps est grande. L’auteur qui a fêté ses 70 ans cette année réclame donc 60 millions de zlotys à CD Projekt, soit presque 14 millions d’euros.
Pourtant, les représentants de Sapkowski ont envoyé une lettre à CD Projekt qui les déclarent prêts à régler le souci à l’amiable. Drôle de façon de demander un service à un ami après tout juste de l’avoir menacé de l’attaquer en procès.
Évidemment, le studio a répondu positivement à l’invitation de régler ça de façon civilisée. Ce dernier n’aimerait pas entacher la relation particulière qu’il partage avec l’auteur en raison de leur lien avec la licence The Witcher. Seulement, CD Projekt estime tout de même qu’il faille se calmer un peu et faire ça dans les règles :
La volonté de l’entreprise est de maintenir de bonnes relations avec les auteurs d’œuvres qui ont inspiré les créations de CD PROJEKT RED. Par conséquent, le conseil fera tout son possible pour assurer le règlement à l’amiable de ce différend. Toutefois, une telle résolution doit respecter les intentions précédemment exprimées par les deux parties, ainsi que les contrats existants.
14 millions d’euros représentent tout de même 6% des profits enregistrés par CD Projekt depuis le début du contrat, ce qui n’est pas rien. Étant donné que la boîte ne vit pour l’instant qu’avec les ventes de The Witcher, un peu de Gwynt et les frais de fonctionnement de GOG.com, tant que Cyberpunk 2077 n’est pas à l’horizon, cela peut vite être assez compliqué pour la boîte polonaise d’avoir de gros frais inopinés.
M.Sapkowski a tout de même l’air de vite oublier que sans CD Projekt, la vente de ses bouquins n’aurait sûrement pas décollé à l’international et qu’Henry Cavill n’aurait jamais incarné Geralt dans la future série produite par Netflix, dont il est tout de même le consultant principal. Ce serait malhonnête de dire que l’auteur vit mal.
money is money …