Quantic Dream revient sous les projecteurs de la Justice française suite aux affaires des photomontages injurieux envers un groupe de salariés. Le studio écope d’une amende.
“Supprime”
[Mise à jour 03/12 8h10]
Quantic Dream s’est exprimé officiellement via Twitter et a partagé un communiqué de presse, en Français.
— QUANTIC DREAM (@Quantic_Dream) December 2, 2019
Le studio présente l’affaire plutôt comme une victoire, mais il faut avouer qu’une bonne partie des revendications du plaignant n’ont pas abouti. Reconnaissant tout de même une partie de ses fautes, le studio ne fera pas appel sur la décision de payer un dédommagement.
[article original]
Souvenez-vous, janvier 2018, trois médias (Le Monde, Mediapart et Canard PC) avaient collaboré pour découvrir les travers du monde du développement dans le secteur du jeu vidéo, et notamment en France. Considéré comme un mauvais élève, Quantic Dream avait été pointé du doigt pour ses conditions de travail éreintantes et un environnement qui favorisait le harcèlement moral et sexuel. Aujourd’hui, Mediapart rapporte que Quantic Dream a perdu un procès aux Prud’hommes. Il semblerait que cela soit un appel de l’affaire des photomontages.
Le dossier en question concerne les fameux photomontages caricaturaux et injurieux qui mettaient en scène des employés de l’entreprise dans des situations et des postures pas très glorieuses, le plus souvent à caractère misogyne et/ou raciste (il y a des nazis, tant qu’à faire). Pour ne rien arranger, il semblerait que le chef du département informatique, ainsi que quelques collègues, étaient particulièrement visés. La personne qui fabriquait la majorité de ces photomontages serait un “responsable important de Quantic Dream” et s’amusait à les laisser traîner sur les serveurs communs de la société, à la vue de tous.
Ne supportant plus les brimades dégradantes (et malgré de nombreuses demandes d’arrêter, semble-t-il), le chef du département informatique et trois collaborateurs quittèrent la boîte, mais le premier décida d’attaquer Quantic Dream en justice. Il a reproché à son ancien employeur d’avoir laissé le fameux cadre faire comme bon lui semble.
Le tribunal des Prud’hommes estime en effet que les photomontages étaient clairement d’un goût plus que douteux et que Quantic Dream est en faute d’avoir laissé faire (pendant un temps, en tout cas). Pour cela, le studio français doit verser 7000€ à la victime (dont 2000€ de frais de justice) à titre de dédommagement.
Oui, mais non
En parallèle, la victime estimait que cette forme de harcèlement était un moyen pour Quantic Dream de le licencier de façon détournée, ce qui est donc illégal. Malheureusement pour lui, le tribunal ne lui donne pas gain de cause, estimant que le préjudice n’était pas assez sévère pour appuyer cette théorie.
De plus, il semblerait que Quantic Dream ne fut pas aussi passif qu’on pourrait le croire. En effet, peu de temps après avoir reçu les premières plaintes de la victime, la direction du studio aurait réprimandé le responsable des photomontages avec un blâme à la clé. Cette démarche de bonne foi donne raison à l’ancien employeur. Malgré le verdict, la victime désire faire appel.
Cependant, il semblerait que l’affaire ne s’arrête pas là. Quantic Dream désire attaquer la victime à son tour, puisque la société a découvert une intrusion informatique dont elle est la principale suspecte. Des documents internes auraient été téléchargés sans autorisation avant avoir d’avoir été hébergés pendant un temps sur le serveur d’une autre entreprise, nouvel employeur de l’ancien chef du département informatique.
Pour revenir sur les différentes accusations de harcèlement et d’environnement de travail toxique, Quantic Dream avait attaqué Mediapart et Le Monde pour diffamation, mais aucune nouvelle depuis. Canard PC n’avait pas été inquiété, car l’existence des photomontages était irréfutable, preuves à l’appui.
Il est fort possible que Quantic Dream ne soit pas 100% responsable des problèmes soulevés par les médias en question, mais il existe un réel malaise dans le monde du jeu vidéo lié à la sécurité et le bien être des employés. C’est un combat important, mais qui attaque sur tous les fronts et tous les studios connus semblent plus ou moins touchés. Avec de premiers résultats encourageants dans certaines entreprises, il ne faut rien lâcher et montrer du doigt les mauvais élèves.