Quantic Dream vient de céder une part au géant chinois NetEase pour financer de futurs projets multiplateformes. David Cage et Guillaume de Fondaumière restent à la tête du studio.
Des rêves quantiques
Après plus de 12 ans de partenariat fructueux avec le constructeur Sony, Quantic Dream s’apprête à faire des infidélités avec un autre éditeur. Variety révèle que le numéro deux chinois NetEase vient d’acquérir une partie du studio parisien pour un pourcentage gardé secret, mais David Cage reste encore l’actionnaire majoritaire de la société et son pote Guillaume de Fondaumière continuera de gérer le studio.
La direction de la société ne changera pas, l’objectif de NetEase étant de nouer un partenariat constructif avec nous. [L’investissement servira à concrétiser] la vision de la société à devenir une entreprise de divertissement multifranchise mondiale et à développer des technologies de pointe et des jeux pour l’avenir.
Avec cet argent, Quantic Dream compte redevenir totalement indépendant (même s’il l’était déjà techniquement) et développera de nouvelles franchises pour divers éditeurs. Les fonds permettront aussi de créer un nouveau moteur maison et des studios de performance capture.
Chloe has an important message she wants to share with you all: pic.twitter.com/dFxPkXV7ll
— QUANTIC DREAM #DetroitBecomeHuman (@Quantic_Dream) January 29, 2019
Dans une interview chez VentureBeat, Cage indique que la boîte cherche actuellement à augmenter le nombre de ses employés, dont le nombre actuel tourne autour de 150, ce qui est peu pour un studio AAA moyen.
Même si la taille de la société va certainement croître, nous ne voulons pas devenir une «chaîne de montage de jeux». Nous voulons garder l’esprit d’un «atelier d’artisanat», avec une structure dont la taille reflète sa passion, où nous sommes fiers de créer quelque chose d’unique.
Bien sûr, la plus grosse info à retenir, c’est que Quantic Dream “laisse tomber” Sony. Même si les fans d’Asiimov ont roulé des yeux jusqu’à les décoller de leurs orbits en jouant au jeu, avec 3 millions de copies vendues, Detroit: Become Human est le plus gros succès commercial de leur collaboration depuis Heavy Rain sorti en 2009 sur PS3, mais le studio de David Cage compte désormais voir bien plus loin. Même la question du mobile est sur la table :
Notre objectif est d’être présents sur toutes les plateformes où un public peut profiter de nos expériences. Nous allons bien entendu continuer à développer sur PlayStation, une plate-forme que nous connaissons très bien après 12 années de collaboration avec Sony, mais nous serons également présents sur toutes les autres plates-formes pertinentes.
Ça paiera les frais d’avocat
Bien sûr, difficile de ne pas revenir sur les problèmes d’image que le studio de David Cage a essuyés au début de l’année 2018. Après la révélation conjointe de trois médias français à propos de magouilles financières, d’heures supplémentaires intensives et d’une ambiance de travail toxique et discriminatoire, drivé par la direction, Cage et De Fondaumière continuent de nier fermement les faits. Sur trois procès menés aux Prud’hommes, un dépositaire a été débouté, un deuxième a fait appel et le troisième a gagné (à propos de l’affaire des photomontages).
Si le studio s’est refusé à tout commentaire à propos des procédures judiciaires en cours, Quantic Dream a voulu être clair à ce sujet :
Quantic Dream est un studio où chacun, quels que soient sa nationalité, sa race, son genre, son orientation sexuelle ou ses convictions, peut s’exprimer librement. Et c’est pourquoi nous avons une ancienneté moyenne aussi élevée (8 ans) et une équipe très diversifiée qui reflète ces valeurs.
Cette question importerait apparemment beaucoup pour NetEase. Simon Zhu, le manager général de l’investissement de l’éditeur chinois indique que ce critère a été pris en compte lors de l’investissement dans la boîte parisienne :
Une entreprise de notre taille et de notre stature ne fait pas d’investissements à la légère, et nous avons bien sûr pris le soin d’analyser tous les aspects de Quantic Dream, en particulier la culture des studios. Ceci est très important pour nous, car nous prenons grand soin de ces questions au sein de notre propre entreprise. Nous avons pu passer du temps avec l’équipe de Quantic Dream pour faire connaissance avec la culture des studios, et nous n’avons rien vu qui puisse indiquer les allégations publiées par certains médias.
Dans tous les cas, Quantic Dream avait déclaré à l’époque des révélations qu’il comptait attaquer en justice ces “certains médias”, Pixels et Mediapart, mais n’a finalement jamais engagé de procédure. Étrangement, Canard PC n’avait pas été inquiété par les menaces judiciaires du studio. Il y a peut-être un lien avec l’article sur les photomontages et le fait que l’ex-employé victime de ces derniers ait gagné son procès, qui sait ?