Randy Pitchford a réagi au review bombing des deux jeux Borderlands sur Steam qui lui donne presque envie de se retirer de la plateforme.
Comme si protester allait changer quoi que ce soit #GiletsJaunes
Ça ne vous a sûrement pas échappé, les fans de Borderlands vivent un peu dans une ambiance de guerre civile. Comme on pouvait s’y attendre, beaucoup de joueurs sont très mécontents du fait que Borderlands 3 sera une exclusivité Epic Games Store sur PC, et le review bombing sur Steam a été un moyen de protestation en vogue ces derniers temps (depuis l’annonce des premiers deals d’exclusivité sur l’EGS, en fait).
En fait, Gearbox aussi s’y attendait, surtout après avoir pris la température quelques semaines avant l’annonce de Borderlands 3, mais la virulence de la réponse du public a quand même de quoi finir sur le cul. Un membre de l’équipe ira même accuser Steam de laisser faire cette pratique. Randy Pitchfor, le patron, ira même en rajouter une couche :
Ironically, that this misuse is possible and that Steam has no interest in correcting this misuse makes me kind of happy about 2k’s decision and makes me want to reconsider Gearbox Publishing’s current posture on the platform.
— Randy Pitchford (@DuvalMagic) April 5, 2019
C’est pas cool d’abuser du système d’évaluation comme ça et honte à Steam de le tolérer.
— Ironiquement, le fait que cette utilisation abusive soit possible et que Steam n’ait aucun intérêt à corriger cette utilisation me rend plutôt heureux de la décision de 2k et me donne envie de reconsidérer la position actuelle de Gearbox Publishing sur la plate-forme.
Si le review bombing est quand même une pratique malheureuse, le jeune homme va quand même un peu trop vite en besogne. Si, d’un point de vue logique, cela va dans le sens de Valve puisque cette attaque est dirigée vers un concurrent direct, le système d’évaluation a été largement enrichi ces dernières semaines pour justement éviter ce genre de pratique, comme la possibilité d’ignorer les évaluations pendant un laps de temps, ne dégradant pas la note finale du jeu.
Mais on peut quand même comprendre la frustration de l’équipe qui a bossé pendant plus de 5 ans sur le jeu dont tout le monde rêve, pour se faire chier dessus par une minorité vocale qui devra faire l’incroyable effort de créer un compte sur un launcher différent de celui qu’ils utilisent habituellement. Je me considère psychorigide, mais là, ça tient de la psychose.
Crise sociétale
Toujours dans la même affaire, d’autres acteurs de l’industrie se sont exprimés sur ce cas extrême (alors qu’il y a quand même eu le drame Metro Exodus, auparavant). À commencer par Rami Ismail, le cofondateur de Vlambeer (Luftrausers, Nuclear Throne) qui estime que le review bombing est devenu un tel problème qu’il remet l’utilité du système tout entier en question.
Quand on voir un joueur qui a passé 856h sur Borderlands 2 mettre un pouce rouge, il y a quand même de quoi se poser des questions. Autre exemple, il suffit de voir des évaluations de jeux comme CS:GO ou DOTA 2, tous variables, alors que les joueurs restent pendus à leur souris pour y jouer, n’hésitant pas à mettre un pouce rouge juste pour un simple patch bugué ou un nerf mal encaissé, faussant le résultat sur la vraie valeur du jeu. Et non, arrêtez avec “je changerais quand tel problème sera résolu”, vous ne le faites pas.
Du coup, le problème semble plus profond qu’il en a l’air, et Chet Faliszek, ancien scénariste chez Valve, propose sa propre interprétation du problème :
Counterpoint: Review bombing is making it clearer and clearer that players have no effective means of communication with developers where they feel their voices will be heard so they use the one avenue available to them.
We can throw out reviews or we can fix communication. https://t.co/y8IdydAyOl
— Chet Faliszek (@chetfaliszek) April 3, 2019
Le review bombing des premiers Borderlands suite à la décision de Take Two de publier sur l’Epic Game Store en premier est ridicule. Les évaluations des utilisateurs deviennent de moins en moins défendables en tant que mesure de la qualité du jeu, et les plates-formes sans elles représentent un pari plus sûr pour le lancement.
— Contre-argument : Le review bombing signifie de plus en plus que les joueurs ne disposent d’aucun moyen de communication efficace avec les développeurs où il seront certains d’être entendus, alors ils utilisent l’unique voie à leur disposition.
Nous pouvons rejeter les avis ou nous pouvons améliorer la communication.
À première vue, cette remarque est gratuite, puisqu’il n’a jamais été aussi simple de faire un pont entre les développeurs et les joueurs avec des plateformes de communications dédiées comme les hubs Steam, Discord voire Twitter. On peut alors tout de même comprendre que les fans se soient senti ignorés, alors qu’une partie visible avait demandé expressément à ce que Borderlands 3 ne soit pas publié exclusivement sur l’Epic Games Store. Ils ont simplement l’impression que leur demande est tombée dans l’oreille d’un sourd et que leur avis ne compte pas dans l’équation. On est donc face à un exemple de tentative désespérée de communication.
De manière rationnelle, l’exclusivité sur l’Epic Games Store ne mérite pas toute la haine qu’elle génère, mais on ne peut pas nier que 2K a volontairement outrepassé la volonté des joueurs qui sont de potentiels acheteurs. C’est un peu le reflet de notre société en fait : personne n’a tort, personne n’a raison ; il n’y a que des débats stériles et tout le monde trinque.
Borderlands 3 sera disponible le 13 septembre sur PC, Xbox One et PS4.
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