Sorti des fourneaux de Gunfire Games, Remnant: From the Ashes apporte le fun et la poudre à travers un souls-like pas des plus mauvais.
Un fragment d’inspiration
Un an après le timide, mais sympathique Darksiders III, Gunfire Games revient avec une création de son propre cru et se joint par la même occasion à la mode des Souls-like. Mais heureusement pour Remnant: From the Ashes, l’inspiration qu’il tire des œuvres de From Software n’est pas son seul argument de vente. Il propose aussi un univers aux mécaniques procédurales, que l’on parcourt armée jusqu’aux dents, dégommant à coup de fusils à pompe et de canons aliens nos maléfiques opposants.
Toujours est-il que lorsqu’il s’agit de résumer en quoi consiste Remnant, nombreux sont ceux qui répondent sans sourciller : Dark Souls avec des flingues. Une comparaison inévitable quand on s’attaque à un genre aussi populaire ; il en devient alors d’autant plus difficile d’arriver à tirer son épingle du jeu.
Qu’à cela ne tienne, Gunfire Games a décidé de relever le défi. Les bases sont là : des objets de type “fiole d’estus”, des points de passages (alias “feux de camp”), une difficulté prononcée ainsi que des armes diverses et variées. Ajoutez-y une pincée de combats de boss trépidants et vous avez là la désormais classique recette du Soulsborne. Le but premier est alors d’apporter ses propres ingrédients, le principal étant bien entendu les jolis flingues.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le jeu nous propulse très vite dans l’action. La cinématique d’introduction fait dans le concis, tandis que la phase tutoriel nous attend de pied ferme. Munie d’une simple épée et avec quelques petites potions à ramasser, on commence à tâter du vilain monstre jusqu’à arriver devant le Service 13 (ou à jusqu’à qu’on passe de vie à trépas), lieu de départ d’une histoire bancale.
Il était une fois l’apocalypse
Qui dit post-apocalypse, dit humanité au bord de l’extinction. Une entité maléfique, nommée La Racine, s’en est venue d’un autre monde pour jouer à l’exterminateur, poussant les quelques survivants à se terrer dans les sous-sols des villes dévastées.
Globalement, le scénario de Remnant: From the Ashes est plutôt convenu. Les enjeux posés restent du simple “sauver le monde d’une terrible menace”, alors qu’on se récupère l’étiquette de l’élu qui va s’en charger — ce n’est pas aussi explicite, mais l’idée est là.
Alors oui, le jeu part sur une histoire banale au possible. Cela dit, le véritable problème s’avère sa claire envie d’en faire quelque chose de profond sans vraiment se donner les moyens d’y parvenir. On se retrouve bien souvent avec des objectifs peu clairs, et les soi-disant rebondissements ne nous apparaissent que très rarement comme tels.
Au final, toute la partie scénaristique s’avère au mieux anecdotique.
En parallèle, Remnant tente tout de même d’étoffer son lore. Quelques éléments descriptifs à trouver/récupérer sont disséminés à divers endroits du monde, histoire de justifier un peu plus l’exploration. Dommage que cet aspect soit assez négligé dans l’ensemble ; à défaut d’avoir un scénario trépidant, le titre se découvre rapidement un fort potentiel dans la conception de son univers. Aussi, il aurait eu tout à gagner à renforcer ces petits — mais important — détails qui combleraient sans grand mal les déboires de son fil narratif.
Au final, toute la partie scénaristique s’avère au mieux anecdotique, le jeu la mettant très vite sur le banc de touche. Au moins, l’histoire mise en place parvient à remplir son objectif premier : servir d’excuse à nos mortelles péripéties.
La mort a un petit goût sucré
Bon, certes, nous ne sommes pas transportés par une narration dantesque ni guidés par un but très précis — si ce n’est tuer tout ce qui bouge. Pour autant, on n’en apprécie pas moins le voyage dans cette apocalypse enracinée.
Sur l’ensemble du jeu, on parcourt 4 mondes aux environnements bien distincts. De véritables tableaux qui dépeignent une direction artistique inspirée, aidée par une réalisation soignée. Et si on oublie les faciès qui partent en sucettes lors des dialogues, les animations apparaissent on ne peut plus sympathiques.
[Les environnements] dépeignent une direction artistique inspirée
L’une des autres particularités de Remnant est son système procédural, ici une génération “aléatoire” des zones. En règle générale, le procédural n’emballe pas plus que ça les masses, notamment dues au fait que l’équilibre entre imprévisibilité et éléments fixes se veut quelque peu fastidieux à trouver.
À ce compte-là, le titre s’en tire plutôt bien. On est appelé à refaire quelques tours de pistes au sein des différentes régions. Parfois pour dégoter de nouveaux butins, parfois pour carrément se retrouver face à une grosse bébête inédite.
À noter qu’à la différence d’un Souls, les ennemis ne restent pas nécessairement au même endroit. Un bon moyen d’être dépaysé entre deux sessions de jeu. On peut aussi découvrir de tout nouveaux donjons lors de nos différents passages.
L’aspect aléatoire se veut donc plutôt plaisant et nous laisse nous pavaner dans des ruelles qui conservent leur familiarité. Peut-être même un peu trop. En effet, le titre base sa rejouabilité sur ce même système procédural — un peu à la manière de certains diablo-like — sauf qu’il manque de substance pour tenir en haleine sur la durée. Surtout que le hasard faisant bien les choses, il n’est pas si rare de tomber plusieurs fois d’affilée sur un même agencement de la zone, coupant net tout l’intérêt de refaire le parcours.
Aussi, même en allant chercher le 100 %, une trentaine d’heures de jeu tout au plus suffisent. Fort heureusement, les développeurs se montrent plutôt actifs dans le suivi post-lancement, ce qui devrait vite venir à bout de ce défaut.
On n’est jamais mieux traité que par les Traits
Comme je le mentionnais un peu plus haut, le début de notre aventure nous mène au Service 13, lieu qui va ainsi servir de HUB tout au long du jeu. C’est ici que l’on vient renforcer nos armes et armures auprès d’un mécano et/ou quémander l’ingénieure/forgeronne pour transformer les matériaux durement acquis sur les boss contre des objets spécifiques.
Ce HUB va aussi servir à se réapprovisionner en consommables, et à partir d’un certain moment du jeu, augmenter les charges du Cœur draconique (aussi connu sous le nom d’Estus -like). Se rendre dans le charmant endroit qu’est le Service 13 est possible à partir des points de passages, de gros cristaux rouges qui initient également la réapparition des différents ennemis de la zone.
Outre ces améliorations et autres ajustements typique de l’aventurier, Remnant dispose d’un principe bien particulier dans la progression des niveaux. D’ailleurs, il s’agit sans aucun doute du point fort de son gameplay : les Traits. Au même titre que les statistiques dans un RPG (force, dextérité, endurance, etc.), les Traits sont des caractéristiques que l’on peut augmenter à mesure que l’on engrange de l’expérience.
Et alors là, il y en a pour tous les goûts. Avec pas moins d’une trentaine de Traits, les possibilités quant à la manière de jouer sont considérables. On peut s’orienter vers un gameplay basé sur la longue distance (sniper, par exemple), le tir rapide, le critique… il est même possible d’optimiser la vitesse d’utilisation des consommables (Cœur draconique compris).
Avec pas moins d’une trentaine de Traits, les possibilités quant à la manière de jouer sont considérables
Sur ce plan-là, on peut dire que le titre fait des merveilles. Non seulement ce système laisse une liberté conséquente au joueur sur sa façon d’appréhender le jeu, mais il réussit à le faire d’une manière aussi simple qu’originale. En effet, débloquer un trait n’a rien de compliqué ; il suffit d’effectuer la bonne action afin de le voir apparaître dans sa liste. On en obtient à terrassant des boss, en tuant un certain nombre d’ennemis précis ou même en aidant ses coéquipiers.
Bien entendu, certains d’entre eux se veulent plus retord à acquérir que d’autres. Partir à leur découverte en devient alors d’autant plus intéressant.
Loué soit mon gros canon
En plus des Traits, on peut évidemment affiner notre manière de jouer à travers notre équipement. L’arsenal se décompose en 5 catégories : arme d’épaule, arme de poing, arme de mêlée, armure et bijoux. Ici aussi, il y a de quoi s’amuser au niveau des combinaisons. Chacune des pièces est propice à un style de jeu unique. Certains sets d’armures viennent offrir des bonus de dégâts critiques, tandis que d’autres augmentent les dégâts infligés en mêlée.
De la même manière, le titre propose un panel d’armes assez conséquent. Du simple pistolet au sniper en rafale en passant le canon à trou noir, les options ne manquent pas pour de varier les plaisirs.
Qui plus est, les nuances de gameplay ne s’arrêtent pas aux différents types d’équipement à notre disposition. On trouve aussi de quoi s’amuser avec les modificateurs d’armes, des sortes de gadgets apposés sur nos joujoux, qui donnent accès à des capacités bien pratiques. Invocations, balles enflammées, résurrection, téléportation… là encore les possibilités sont nombreuses et chacun peut y trouver son compte.
Canarder du mutant post-apo nous transforme en véritable amoureux de la gâchette.
Armes-en main, les sensations dépotent pas mal. Canarder du mutant post-apo nous transforme en véritable amoureux de la gâchette, en partie dû à un remarquable effort des développeurs sur la partie sound-design. On ressent bien l’impact sur les ennemis en fonction du calibre utilisé et, quel que soit le flingue, on ne repart jamais sans sa petite dose de satisfaction.
Chaque monstre possède un point faible, qu’il devient vite crucial de trouver — notamment dans les difficultés élevées. Indiqué par des dégâts en rouge, le point faible se situe la plupart du temps au niveau de la tête, mais pas que. Certains adversaires vont l’avoir au torse, d’autres au dos, il est même possible de les stopper dans leur course en tirant dans les jambes.
À côté de ça, on a les armes de mêlée, et de toute évidence, le jeu ne leur porte pas autant d’amour qu’au reste de l’arsenal. Pire, il est même très difficile d’en faire son atout principal. Rien que les monstres basiques peuvent donner du fil à retordre une fois passé au corps à corps, et la grande majorité des boss sont tout bonnement infaisables.
Certes, Remnant est avant tout un jeu de tir. Par conséquent, il s’avère normal que la partie mêlée soit subsidiaire. Toutefois, on regrette de ne pas être en mesure d’en profiter davantage ; même en y concentrant ses efforts, il faut se résoudre à sortir les gros calibres, sous peine de souffrir plus que nécessaire.
L’union fait la pétarade
Au-delà des qualités et défauts susmentionnés, s’il y a bien un aspect sur lequel Remnant brille, c’est sur le multijoueur. Si l’expérience solo se veut agréable, l’aventure prend tout son sens avec une bonne dose de franche camaraderie. Que ce soit en matchmaking ou avec des amis, on peut aller jusqu’à 3 joueurs dans une même partie.
L’aventure prend tout son sens avec une bonne dose de franche camaraderie.
A contrario des péripéties solitaires, mourir ne signifie pas la fin. Pour peu que vos coéquipiers soient sympas, ces derniers sont en mesure de vous réanimer en utilisant une charge de Cœur draconique. Jouer accompagné permet aussi de débloquer des Traits particuliers, à commencer par “Travail d’équipe”, doté de bonus non négligeable (gain d’expériences, de dégâts, résistances, etc.).
Ce qui ne veut pas pour autant dire que le jeu en devient plus aisé. En fait, c’est même le contraire. Les ennemis deviennent plus costauds et tapent bien plus fort, en fonction du nombre de joueurs et du niveau global de leur équipement.
Qu’on se le dise : Remnant est difficile à souhait. Nos personnages tiennent rarement plus de 3 ou 4 coups (même en normal) et le bestiaire s’avère suffisamment varié pour qu’il soit ardu de toujours jouer de la même manière. Le titre ne tombe pas non plus dans la “fausse difficulté”, comme les classiques “barres de vie infinies” ou les morts en un coup inexpliqué (et inexplicable).
Dans l’ensemble, il faut apprendre à gérer l’exécution de nos roulades — cette fois les enchaîner n’aide pas trop — afin d’esquiver au bon moment les coups adverses. Mention spéciale à la gestion de la “Hit box”, étonnement précise.
Comme il est presque coutume dans ce genre de jeu, le clou du spectacle se veut bien entendu être les affrontements face aux boss. Plutôt bien pensés, ces combats ne manquent pas de nous donner des sueurs froides. Les bestiaux sont bien costauds — mais sans être de simple sac à PV — avec quelques mécaniques parfois assez retord à assimiler. Le simple fait de vider ses chargeurs ne suffit pas, il faut alors effectuer ses tirs de manière réfléchie.
Par ailleurs, chaque boss vaincu laisse obtenir un matériau spécifique, permettant la confection d’un modificateur ou d’une arme. Partant de ce principe, les développeurs ont eu la bonne idée d’intégrer des récompenses basées sur le déroulement du combat (souvent la manière dont on terrasse le boss). Un concept plutôt ingénieux, qui en plus d’inciter le joueur à revenir à la charge, le pousse à trouver les différentes façons d’appréhender les affrontements.
Là où c’est un peu plus regrettable, c’est dans la fâcheuse tendance du jeu à appuyer la difficulté des combats de boss par la présence d’autres petits monstres. Dans 80 % des cas, ce sont ses derniers qui posent problème, en dépit des schémas d’attaques du boss en question. On en fait vite l’impasse lorsque d’autres joueurs nous accompagnent, mais en tant que loup solitaire, on se trouve plutôt proche de la saturation.
Cendrier plein de poudre
Loin d’être sans reproche, Remnant: From the Ashes n’en respire pas moins le fun et la racine carbonisée. Les défauts qui peuvent lui être reprochés n’enlèvent rien — ou presque — de son statut de souls-like haletant, aux mécaniques bien huilées et au fort penchant coopératif. Seul ou à plusieurs, le titre propose un challenge bien corsé comme on l’aime, au détour de combats de boss grisants, le tout soutenu par des gunfights non sans panache. Le système de progression (les Traits) s’avère fichtrement bien pensé, aux côtés d’une généreuse quantité d’armes et de modificateurs, pour tout autant de styles de jeux. Maintenant, il ne tient plus qu’à Gunfire Games de perfectionner son nouveau jouet, avec on l’espère, un contenu plus consistant.
► Points forts
- De bonnes sensations sur le gunfight
- Gameplay aussi simple qu’efficace
- Sympa tout seul, diablement fun accompagné
- C’est difficile et on aime ça
- Les combats de boss
- Une DA inspiré qui titille la rétine
- Level design soigné…
- Entièrement doublé dans la langue de molière
- Le système de Traits
- Armes et mods en pagaille
- La rejouabilité par le procédural
► Points faibles
- … bien qu’un peu paresseux par moment
- La rejouabilité par le procédural
- Un scénario qui tient tout juste la route
- Le lore mériterait d’être mieux exploité
- Un contenu au final un peu léger (pour l’instant)
- Une difficulté trop souvent amenée par des Boss accompagnés
- Le corps à corps, un peu trop secondaire
- L’animation faciale qui part en cacahuète
Sang pour sang écolo
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA GTX 1080 Ti
- CPU : Intel I7-7700K 4.2GHz
- RAM : 16 Go DDR4
Remnant: From the Ashes est disponible sur PC, PS4 et Xbox One.