Riot Games annonce avoir embauché un ancien cadre d’Uber afin de changer la culture interne de l’entreprise, très critiquée ces derniers temps.
Une image, ça s’achète
Riot Games est fier d’annoncer qu’il vient de recruter Frances Frei, l’ancienne vice-présidente du secteur “stratégie et leadership” d’Uber, dans le cadre d’une opération “coup de point” afin d’améliorer l’ambiance morose qui semble régner dans la boîte à l’origine de League of Legends.
En effet, il y a quelques semaines, Kotaku avait publié un très long dossier à partir de plusieurs mois d’enquête sur l’atmosphère au sein de Riot Games où le sexisme et la violence psychologique étaient omniprésents, dénoncés par de nombreux anciens employés (majoritairement des femmes, mais pas seulement).
Depuis, l’exécutif de Riot Games a fait son mea culpa et a avoué qu’il existe des dysfonctionnements dans l’entreprise qui doivent être adressés. Les cofondateurs Brandon Beck and Marc Merrill ont déclaré qu’ils veulent transformer Riot Games en un endroit “dont ils peuvent être fiers”.
C’est pour ça que Frei rentre dans l’équation. Très connue dans le monde de l’entreprise pour ses travaux autour du rapport entre le leadership et la confiance entre collaborateurs, son expertise devrait être un premier pas en avant dans cette direction. Elle a déjà animé à une conférence TED sur ce sujet :
À l’occasion de son embauche chez Riot Games, elle s’est exprimé dans un billet posté sur le site de l’entreprise :
Après avoir passé du temps avec le leadership de Riot et beaucoup d’autres dans l’organisation, il est devenu évident que Riot faisait vraiment son possible et s’engageait à faire évoluer sa culture. Dans mes interactions avec les “Rioters”, j’ai constaté des niveaux d’engagement extraordinaires sur ces questions dans toute l’entreprise.
Chaque Rioter que j’ai rencontré se soucie vraiment de l’inclusion, ce qui signifie qu’un véritable changement est possible. Riot ne s’intéresse pas simplement à la résolution des problèmes à la surface, il a l’ambition de devenir un leader du secteur et de fournir une feuille de route à suivre pour les autres. Je partage cette ambition et suis impatient d’aider Riot à naviguer dans ce processus.
Bonne chance, hein ?
Si l’entreprise est très confiante sur le projet, elle est aussi très ambitieuse. Riot Games veut devenir un mètre étalon en la matière, malgré le fait que le papier de Kotaku a largement tendance à prouver l’inverse.
Lors du TED posté plus haut, Frei avoue que son impact chez Uber n’a eu qu’un succès limité, ce qui l’a poussé à déposer sa démission après à peine un an de boîte. Alors quand des collaborateurs qui ne tolèrent que des “hardcores gamers” en tant que collègue, ça peut-être compliqué.
En parallèle, Kotaku est revenu à la charge hier avec un nouvel article qui regroupe de nouveaux témoignages depuis la publication du premier dossier début août. Encore une fois, les exemples sont nombreux et assez évocateurs, comme un manager qui fait tout pour stopper la progression de carrière d’autres collaboratrices, ou d’un autre qui joue à chat-bite avec les collègues qu’il croise dans les couloirs.
Le vrai problème que pointe à présente Kotaku du doigt est surtout le fait que des managers toxiques ont été clairement identifiés (en lâchant des noms au passage), mais qu’aucune sanction n’a été prise à leur égard. En revanche, de nombreux employés auraient démissionné depuis la publication de l’enquête, fautifs, victimes ou simplement dégoûtés. Il existerait alors une vraie différence entre la politique T-Zéro annoncée par le corps exécutif et son application réelle.
On espère alors que la tête pensante de la boîte attend simplement que sa nouvelle responsable soit bien à l’aise dans ses fonctions avant de prendre des mesures.
Apparemment, l’exécutif était au courant des problèmes qui planent sur l’entreprise depuis trois ans et que des discussions avaient été engagées à un certain point, mais en vain, faute d’énergie et de motivation. L’ambiance est décrite pas des sources internes comme une “vraie poudrière” et que les tensions sont à leur comble.