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Comme à l’école, faut des bonnes notes
La nouvelle de l’annulation du projet Days Gone 2 a fait beaucoup de malheureux, mais aussi et peut-être avant tout des surpris. Présenté comme une œuvre majeure tout droit sortie de Bend Studio, Days Gone avait de nombreuses qualités. Sauf que pour Sony, ce serait loin d’être suffisant.
C’est John Garvin, lead writer et creative director (scénariste et directeur créatif) sur la licence, qui l’affirme au micro du podcast de David Jaffe. C’est là que Jeff Ross, co-director, a témoigné il y a quelques jours, en se montrant toutefois un peu plus timide. Il est des propos qui peuvent peser lourd dans une carrière.
Là où Ross expliquait que les licences solo sont le fer de lance de Sony et qu’elles coûtent très cher tout en rapportant moins – les joueurs ne sont pas bombardés de contenu additionnel toutes les 5 minutes pour leur faire cracher leur pognon –, on sent un John Garvin bien plus amer.
Les 2 hommes ont quitté le studio juste après la sortie de Days Gone, invoquant des raisons personnelles. À travers les propos de Garvin, on comprend à demi-mot que ces départs n’étaient sans doute pas complétement volontaires :
C’est ça la réalité de Sony. Le score Metacritic, c’est tout ce qui compte. Si vous êtes creative director sur une franchise et que votre jeu s’en sort avec 70, vous ne resterez pas creative director sur cette franchise bien longtemps.
Le score Metacritic, c’est un agrégat de nombreuses notes accordées par la presse jeu vidéo à travers le globe. Le score donne une moyenne censée être représentative de l’avis de ladite presse. Or ce score est largement tenu en estime, et Garvin estime qu’il influerait donc massivement sur les décisions de Sony qui, selon Ross, doit faire des décisions très stratégiques sur l’investissement, n’ayant pas l’argent d’un Microsoft.
Mais Garvin n’en a pas fini et accuse les joueurs d’être responsables de “l’échec” Days Gone.
Si vous aimez un jeu, achetez-le à son putain de prix maximal. Je ne sais pas combien de fois j’ai entendu des joueurs dire : “ouais, j’ai eu ça en solde, j’ai eu ça sur le PS Plus, etc.”
Ne venez pas vous plaindre si un jeu n’obtient pas de suite s’il n’a pas été soutenu au lancement. Genre, God of War a fait je ne sais combien de millions de ventes au lancement et, enfin, pas Days Gone. [Je] parle juste en mon nom en tant que développeur, je ne travaille pas pour Sony, je ne connais pas les chiffres.
Ben du coup… quand on sait pas… on fait quoi déjà ?
Je peux vous dire que quand on a fait [Syphon Filter] Dark Mirror [sur PSP], on a été tellement baisés parce que le piratage avait cours et Sony n’était pas vraiment au fait de ce que ça entraînait sur les ventes. Et on leur montrait des torrents. Un site de torrents avait 200 000 téléchargements de Dark Mirror. Si je m’en rappelle bien… je peux me tromper dans les chiffres. Mais peu importe, j’étais vraiment énervé de ça à l’époque, je me disais : “c’est de l’argent qui ne va pas dans ma poche.”
Donc je pense qu’une légère hausse dans l’engagement envers un jeu n’est pas aussi importante que d’avoir acheté le jeu plein tarif. Parce que si vous l’avez fait, alors vous avez soutenu les développeurs directement.
Je suis perdu moi, c’est la faute de Metacritic, de la presse directement, ou des joueurs trop pauvres/radins, John ?
Une chose est certaine, ces propos ne mettent pas le creative director en bonne lumière. Ces pleurs ne tiennent pas compte d’un certain nombre de choses, comme par exemple le calendrier global des sorties, plus chargé que jamais et qui de fait rend la vie des porte-monnaie plus compliquée, mais aussi de la dimension marketing, déterminante. Ils manquent également de la retenue et de la relativisation de Jeff Ross, qui met en avant des éléments très importants à prendre en compte pour Sony : des jeux solo qui doivent très bien se vendre (et donc avoir une très bonne image) pour être rentables sans se la jouer Fortnite. Parce que les superproductions, c’est plutôt connu, c’est super cher.
Et puis bon, peut-être n’es-tu pas infaillible mon cher John ? Pas plus que Bend Studio d’une manière globale, ni aucun autre studio. Ce n’est pas forcément la faute des autres, ou tout du moins pas complétement. Mauvaise conjonction des sphères, Geralt de Riv pourrait t’en parler.
Shit happens, comme on dit par chez toi.