Les jeux vidéo, c’est bien. Mais parfois, il est nécessaire de redéfinir le terme “jeu”. Qu’est-il ? D’où vient-il ? Est-il possible de prendre le premier jeu populaire venu et de le mettre sous format vidéo pour le rendre intéressant d’un point de vue vidéoludique ? Je ne sais absolument pas où je vais avec cette réflexion, mais vous allez comprendre où je veux en venir.
Jeux: le Jeu
Le jeu vidéo est rentré des les mœurs. C’est indéniable. Bon, il reste encore pas mal de boulots sur certains points, mais qu’on soit sur PC, console de salon, console portable, un smartphone (même si on aime parfois s’en moquer), une Casio ou un vieux jeu électronique Tiger, tout le monde joue.
En fait, l’humanité a toujours joué. Il paraît que le premier jeu de société (dont on a des traces) daterait même de 3000 avant notre ère. On connait tous un jeu classique sans vraiment y jouer de façon régulière. Ces jeux dont ces règles sont tellement simples et qui suffisent pourtant à elles-mêmes.
Qu’on soit sur PC, console de salon, console portable ou un smartphone, tout le monde joue.
Un paquet de 52 cartes et vous voilà prêt à affronter 3 semaines de vacances au camping à ne rien faire au delà de descendre des bières en tongs, un bob sur la tête et un t-shirt “carpe diem” absolument dégueulasse. Pas grave, on fera la lessive après une dernière partie de Tarot.
Au delà d’une meilleure présentation et d’une certaine interactivité, les jeux vidéo n’ont finalement pas apporté grand chose : il y a des règles à apprendre et respecter, des subtilités à maîtriser pour mieux vaincre l’adversaire, il n’est même pas nécessaire d’avoir un adversaire pour tuer un peu le temps et même le Mancala possède une narration via son gameplay. Si si, je vous jure.
Au delà d’une meilleure présentation et d’une certaine interactivité, les jeux vidéo n’ont finalement pas apporté grand chose.
Si dans les années 90 vous avez connu ces petits jeux de société conçus pour le voyage qui ont sauvé la vie à pas mal de parents (mais également gâché des vacances à force d’engueulades dans la fratrie), vous savez qu’on finissait par perdre des pièces dans la voiture et la collection finissait par prendre la place dans le sac à dos.
C’est là qu’intervient Nintendo avec 51 Worldwide Games, la suite spirituelle du très curieux 42 Jeux indémodables paru sur DS en 2005. Imaginez tous ces petits jeux de société et de cartes (et quelques curiosités bonus), tout ça dans une seule cartouche de jeu, à jouer de façon conviviale via une multitude de méthodes qui prennent sens selon le contexte d’utilisation. Ce n’est clairement pas pour les hardcore G@M3Rs, mais il y a de quoi être bluffé quand on comprend ce que peut offrir cette compilation.
Jouez comme vous êtes
Au premier abord, on peut trouver la présentation du jeu très austère, mais il se révèle avant tout fonctionnel. Très Nintendo, l’interface n’en fait ni trop, ni pas assez. On peut parcourir les jeux qu’on veut sur un globe en fonction de leur provenance géographique ou via une liste dynamique qui se met à jour en fonction du nombre de joueurs et de la manière dont on veut jouer : sur la télé, en mode portable, via les joy-cons ou directement sur l’écran (même en multi local). Enfin un jeu qui se sert des fonctions tactiles de la Switch.
Et c’est ça qui est vraiment cool avec 51 Worldwide Games, c’est qu’on peut jouer dans n’importe quelle configuration. Bon, les Switch Lite seront défavorisées par le fait qu’il n’y a pas de manettes détachables et que l’écran tactile est clairement trop petit pour une battle de Air Hockey avec deux gros doigts boudinés qui se baladent sur la dalle, mais dans l’ensemble, il y a toujours un jeu qui conviendra à quelqu’un.
Ce qui est vraiment cool avec 51 Worldwide Games, c’est qu’on peut jouer dans n’importe quelle configuration.
Et ce, même si vous ne possédez pas la jeu ! C’est moins pratique que la fonction intégrée à la DS de l’époque (c’était quand même cool), mais un joueur avec une autre console peut télécharger la version compagnon sur l’eShop (51 Worldwide Games: Local Multiplayer Guest Edition) qui servira à se connecter à celle qui possède la cartouche ou la licence complète. C’est très sport de la part de Nintendo.
Au delà de pouvoir jouer avec plusieurs consoles, cela permet aussi de revisiter une fonction de Super Mario Party qui n’avait pas fait l’unanimité, justement parce qu’il était nécessaire plusieurs copies du jeu. Ainsi, la surface de certains jeux comme l’incontournable bataille de tanks, la pêche et même un piano (très basique) peut s’étendre sur plusieurs écrans, très facile à mettre en place. Très sympa pour les groupes de potes qui ont plusieurs consoles, surtout pour les activités qui nécessitent une main comme un jeu de carte ou une partie de dominos.
Back to the Gammon
Niveau sélection de jeux, on trouve relativement de tout, afin de contenter une fois de plus tous les contextes possibles. Puissance 4, Backgammon, Dames, Échecs, Petits chevaux (ça s’appelle en fait le Ludo), tous les darons sont là. On pourrait reprocher un gros manque de jeux de cartes (c’est virtuellement infini, et puis bon… la Bataille, quoi), mais la sélection est assez équilibrée et plutôt intéressante. Il y a même un Uno ! Mais pas de licence pour le coup.
La sélection est assez équilibrée et plutôt intéressante. Il y a même un Uno !
On retrouve également des jeux plus exotiques qui devraient être de vraies découvertes pour les curieux, comme le Mah-jong japonais, le Shogi ou le Hanafuda, jeu de cartes traditionnel japonais que fabriquait Nintendo il y a maintenant 100 ans. Joli retour aux sources. Mais également des jeux plus… enfin, ce sont des jeux à proprement parlé, mais des versions ultra simplifiés de Football et Baseball, inspirés de vieux jeux mécaniques du début du siècle dernier.
Si le Bowling de Wii Sport vous manque, vous serez ravis de savoir que le titre possède sa suite spirituelle, et ça se joue de la même manière avec le Joy-Con, avec un jeu de fléchette pas mal fichu. Je ne vais pas m’amuser à énumérer tous les jeux de la compilation, mais vous voyez l’idée. Le motion gaming est présent, mais seulement quand il est souhaitable. Pas de jouabilités mal fichues pour le coup.
Si le Bowling de Wii Sport vous manque, vous serez ravis de savoir que le titre possède sa suite spirituelle.
Les règles du jeu sont accessibles à tout moment, expliqués rapidement par des petites intros rapides qui donnent même des conseils utiles, avec la possibilité de jouer avec des variantes (vous savez que tout le monde a sa propre version des règles du Uno), et les boutons à retenir sont rarement nombreux. Il y a une finesse dans la présentation des jeux vraiment engageant et les activités qui sortent du cadre du jeu de société se contentent d’aller à l’essentiel. Le jeu de golf en est réduit à sa plus simple expression, mais suffit pour s’amuser.
Personnellement, j’avais de vagues souvenirs des règles du Mancala ou du jeu de Go, et j’étais curieux de connaître la différence entre les échecs classiques et japonaises. Résultat des courses, j’ai comblé des trous dans ma culture ludique classique. Et j’ai même pris une pile par ma mère au Backgammon dont je suis pas très expert (qui a trouvé les commandes tactiles bien foutues et intuitives). J’ai honte, c’est le jeu rituel de la famille…
J’ai comblé des trous dans ma culture ludique classique.
Le jeu de boxe possède deux boutons, mais la lutte entre les joueurs est réel avec de vrais combats acharnés une fois qu’on a saisi certaines subtilités qui subsistent malgré tout. On est dans le domaine 300% ludique. Je ne parlerais pas de “fun”, terme béotien pour les gens qui ne savent pas se divertir avec raffinement, mais une science du jeu, minimaliste, élégante mais efficace.
Alors, si EN PLUS vous avez la possibilité de jouer sur le net contre des étrangers à n’importe quelle activité, le ciel devient la limite (les options ne sont pas oufs, mais bon… c’est un jeu Nintendo). Vous ne passerez pas des journées entières à jouer au circuit de voitures électriques ou à le stand de tir, mais certains jeux comme sérieux comme le Poker ou l’Othello (Volte-face) pourraient être votre petit jeu rituel régulier sur le canapé tout en regardant les allocutions du gouvernement à la télévision. Ils multiplient vachement les prises de parole en ce moment, vous ne trouvez pas ?
Je ne parlerais pas de “fun”, terme béotien pour les gens qui ne savent pas se divertir avec raffinement, mais de science du jeu minimaliste, élégante et efficace.
Ludo Tech
51 Worldwide games est une compilation de jeux classiques qui fait très bien le job et qui arrive de surprendre à bien des égards. Avec ne présentation sobre mais élégante et de nombreuses activités qui se prêtent à toutes les situation, la flexibilité de la Switch est parfaitement maîtrisée. Qu’on soit là pour jouer sérieusement à la Crapette ou pour une partie de pêche, seul, avec des amis en local ou en ligne, il y en a pour tous les goûts. C’est l’occasion de dépoussiérer de vieux jeux de votre enfance ou de découvrir comment Nintendo s’est débrouillé pour adapter des jeux plus ambitieux dans un format minimaliste mais qui fonctionne.
Ce qu’on a aimé :
- Une présentation élégante et qui va à l’essentiel
- Les règles de jeux sont accessibles et bien expliquées
- Des jeux classiques sérieux et d’autres curiosités
- Jouable dans toutes les situations
- Une seule cartouche suffit pour 4 joueurs
- Le mode mosaïque
- Du multi en ligne
Ce qu’on n’a pas aimé :
- Certains jeux font vraiment gadget
- Le mode en ligne manque d’options
- L’ergonomie des menus n’est pas foufou en tactile
- On cherche encore l’utilité du globe des Guides
- Peut-être un poil trop austère
- J’aurais bien voulu de la Belote ou du Tarot, moi
Ce jeu est fait pour vous si :
Vous aimez le jeu de société sous toutes ses formes et voulez réviser vos classiques.
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
La simple idée de faire une partie de cartes ou d’échecs vous donnent de l’urticaire.
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
51 Worldwide Games est disponible sur Nintendo Switch.