Le studio parisien Sloclap et l’éditeur Devolver Digital livrent l’énigmatique Absolver qui vous propose des affrontements d’arts martiaux PvE et PvP dans un seul mode de jeu. Malgré quelques manques pour convaincre pleinement, le jeu propose clairement de bonnes idées qui saura attirer son public.
C’est très nébuleux… trop nébuleux ?
Absolver vous plonge dans un monde dont on ne vous explique pour ainsi dire rien du tout ou presque. On nous montre des rangs d’Aspirants (dont nous faisons partie) et un péquenot vient nous taper sur l’épaule pour qu’on aille revêtir un masque nous transportant dans un monde où la castagne est reine. C’est à peu près tout. Au long de l’aventure, des PNJ vous donneront des indices supplémentaires concernant l’histoire de cet univers, mais rien de bien solide. Et puis il y a un problème majeur avec l’histoire d’Absolver : on s’en tape. Et c’est bien dommage, car on sent qu’il y a la un terreau de mystères à exploiter mais comme le lore est à ce point en retrait et qu’on ne dispose pas vraiment de point d’ancrage, on ne se rappelle plus des “révélations” d’un dialogue à l’autre. Dark Souls, qui utilise lui aussi un mode de narration très minimaliste, propose un remède à cela : une situation de départ, une intrigue avec un minimum de narration histoire de savoir quand même à peu près où on fout les pieds. Ici, nous comprenons vaguement qu’on doit affronter une série d’adversaires afin d’accéder au titre d’Absolver (de l’anglais “absolve” : absoudre). Vraiment dommage car l’originalité semble être de mise et aurait méritée d’être exploitée.
Il y a un problème majeur avec l’histoire d’Absolver : on s’en tape. Et c’est bien dommage.
Un autre point nébuleux : qu’est-ce qu’Absolver ? Avant d’avoir la version presse dans les mains, nous étions nombreux à nous demander ce qui se cachait derrière ce jeu : tantôt multijoueur, tantôt solo, exploration mais pas trop, RPG mais pas trop, etc. En réalité, Absolver vous propose une aventure solo teintée de multi jusqu’au boss final, puis une fois que ce dernier gît au sol, vous vous tournerez principalement vers le multijoueur. Les adversaires que vous rencontrerez seront pour une part des IA et pour l’autre des joueurs, auxquels vous pourrez confronter vos talents. Parlons-en justement de ces talents : le titre de Sloclap est centré sur les arts martiaux et vous pouvez débuter l’aventure avec trois styles distincts, lorsque vous bloquez les attaques adverses, vous les apprenez et enrichissez ainsi vos connaissances. Si vous parvenez à parer un assaut, votre apprentissage est bien plus rapide. Un très bon système de progression qui vous accompagne tout au long de l’aventure.
Minimaliste et complet à la fois
Graphiquement, les développeurs du jeu ont choisi d’adopter un style minimaliste plutôt bien maîtrisé. Les textures sont simples mais la globalité de l’environnement, des animations et des effets est cohérent pour un résultat très honnête. On sent bien que l’objectif n’était clairement pas de transcender l’art graphique et c’est une décision de développement qui se respecte. Le titre reste joli mais on regrette certaines textures qui paraissent “rêches” : le minimalisme n’est pas synonyme de médiocrité, aussi et même si, fort heureusement, cela n’est pas la généralité, on aurait apprécié que ces textures soient plus soignées. Encore une fois, l’ensemble est cohérent et remplit le contrat, même si les armures auraient gagné à aller faire un tour du côté d’une plus grande diversité dans le design.
L’ensemble est cohérent et remplit le contrat, même si les armures auraient gagné à aller faire un tour du côté d’une plus grande diversité dans le design.
Là où les développeurs ont blindé, c’est au niveau du combat, car c’est bien l’élément central du titre. Avec une grande quantité de mouvements à apprendre, différentes écoles de combats et une maîtrise indéniablement nécessaire de son personnage, Absolver constitue probablement l’un des jeux d’arts martiaux les plus aboutis. Votre personnage présente quatre orientations (la façon dont il est tourné par rapport à sa cible) et deux types principaux de coups (faible, fort, en gros), selon l’orientation du moment, vous déclencherez tel ou tel coup puis pourrez continuer sur des enchaînement, sachant que chaque attaque se termine par une orientation en particulier. Par exemple, je tourne mon dos à l’adversaire, plutôt vers la droite ; mon attaque puissante programmée pour cette posture est un coup de poing particulièrement lourd qui, à sa conclusion, m’amène face à mon adversaire, côté gauche. De là, le prochain coup à partir sera celui programmé pour l’orientation “face, gauche”, vous voyez le topo ? Le système est extrêmement complet et les attaques sont nombreuses, d’autant que vous pouvez toutes les apprendre, même si ce n’est pas votre style de prédilection. Chaque coup est influencé par vos caractéristiques et se spécialise sur certaines statistiques. Vous devrez, en progressant dans l’aventure, créez votre “deck de combat” qui vous permettra d’aligner les attaques que vous voulez et surtout de le faire en fonction des orientations d’origine et d’arrivée. C’est assez compliqué à expliquer par écrit, mais le jeu est assez intuitif de ce côté-là.
Le système est extrêmement complet et les attaques sont nombreuses
La personnalisation de votre personnage côté combat est donc gigantesque puisque les enchaînements seront largement diversifiés au sein de la communauté : vous n’allez pas nécessairement programmer la même série que votre adversaire et, surtout, vous avez quatre lignes d’enchaînements à votre disposition, chacune proposant quatre attaques faibles (les attaques puissantes sont à part et au nombre de quatre). En tout, ce sont donc vingt coups que vous pouvez programmer. Vous vous en doutez, le problème qui risque de se poser pour certains est une complexité tout de même sacrément prononcée – on aime ou on déteste : les affrontements reposent beaucoup sur le fait de parer les attaques et si un PNJ, même difficile, vous permettra d’apprendre son pattern, c’est une autre histoire pour les joueurs. Or, pour réussir une parade, il vous faut orienter celle-ci dans la direction de l’attaque ennemie : haut, bas, gauche ou droite… autant dire que les possibilités sont très nombreuses, votre mâchoire risque d’en voire des vertes et des pas mûres. Néanmoins, à haut niveau, cela promet des affrontements très intéressants.
Une complexité tout de même sacrément prononcée – on aime ou on déteste
Je rêve ou il y a des rouleaux de PQ dans l’ouverture de droite ?
Réservé à l’élite
Sur le principe, Absolver vous propose une aventure solo teintée de multi qui vous tiendra en haleine une dizaine d’heure si vous arrivez à vous débrouiller. Passée celle-ci, vous pourrez continuer de taper du mob mais le meilleur loot et la plus belle progression d’XP se trouvera du côté du PvP. Le jeu propose ainsi à ses autels situés un peu partout un mode “Épreuves” qui se concentre essentiellement sur le PvP et qui vous permettra à terme de réaffronter les boss de l’aventure solo – mais en plus puissant, bien sûr – et de créer votre propre école de combat : à la clé de nouvelles attaques spécifiques et la possibilité que des joueurs adhèrent à vos enseignements et deviennent vos élèves. Absolver se présente bien et offre un concept intéressant mais qui réclamera un gros investissement de temps de la part des joueurs. Très complet et même carrément complexe, il reste à déterminer si le PvP peut se révéler réellement intéressant autrement qu’à haut niveau. Malgré quelques faux pas graphiques, l’ensemble est cohérent en dépit de quelques soucis de performance amenant un ralentissement incontrôlable pendant quelques longues secondes. Nul doute que les développeurs y travaillent en ce moment-même.
► Points forts
- Système de combat poussé et très complet
- Complexe
- Design minimaliste sobre mais cohérent
- Bon rapport qualité/prix
► Points faibles
- Complexe
- Quelques soucis de performance
- Lore sous-traité
Distribution de grosses pêches
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse PC fournie par l’éditeur de ce jeu.
Absolver est sorti le 29 août sur PC, PS4 et XB1.
Achat GoCleCd (PC).